NOS MAINS
NOS MAINS
NOS MAINS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

NOS MAINS

Forum de discussion entre amis pour se donner du plaisir et se rencontrer peut-être un jour. BONNE SANTE ET BONHEUR A TOUS
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion

BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2022

NOUS SERONS TOUJOURS
PRESENTS EN AMITIES
GIBET

BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2022

NOUS SERONS TOUJOURS
PRESENTS EN AMITIES
GIBET

BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2022

NOUS SERONS TOUJOURS
PRESENTS EN AMITIES
GIBET

BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2022

NOUS SERONS TOUJOURS
PRESENTS EN AMITIES
GIBET
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

 

 Réaction sur le laïcité

Aller en bas 
AuteurMessage
GIBET
Admin
GIBET


Messages : 11790
Date d'inscription : 19/01/2010
Age : 76
Localisation : Finistère

Réaction sur le laïcité Empty
MessageSujet: Réaction sur le laïcité   Réaction sur le laïcité Icon_minitime2/2/2010, 14:20

Jean Baubérot, sociologue spécialiste de la laïcité, tient un blog dans lequel, il a écrit une lettre en réponse à la tribune de Sarkozy dans le Monde : La Lettre de Mouloud Baubérot à N. Sarkozy, 2ème édition. Un pur chef d’œuvre. Tout y est : l’histoire, la culture, la parfaite approche de la laïcité, la dénonciation de la bêtise et du nationalisme étroit, voire raciste, le tout avec générosité, humanisme, avec un humour fait de dérision et de fine intelligence qui retourne les arguments du pauvre et, à côté, si petit Nicolas.
Elle paraît longue, mais lorsque l’on est dedans c’est un bonheur et à la fin on se sent un peu plus intelligent. N’hésitez pas à y plonger.


Citation :
Cher Nicolas, Mon cher compatriote,

Tu as écrit une tribune dans Le Monde (9 décembre) qui a retenu toute mon attention. En effet, tu t’adresses à tes «
compatriotes musulmans », et c’est mon cas, moi Mouloud Baubérot, frère siamois de celui qui tient ce blog.
Comme une lettre ne doit pas rester sans réponse, alors j’ai décidé, à mon tour de t’écrire. Après tout, toi aussi tu es mon «
compatriote ». Et puis, comme je suis professeur d’histoire en terminale, j’ai l’habitude de corriger des copies.
Nous allons le voir, il y a plein de belles idées dans ta lettre, et je vais pouvoir te citer souvent.
Mais tu as commis
une légère erreur de perspective, qui gâche un peu ton propos. Et comme cela vous concerne en particulier ton frère siamois et toi, permets-moi de la rectifier.

Avant, par politesse, il faut que je me présente très brièvement. Ma famille provient de Constantine, ville française depuis 1837 et chef lieu d’un département français depuis 1848. Nous sommes donc d’anciens Français.

D’autres nous ont rejoint peu de temps après et sont devenus Français, en 1860, tel les Niçois et les Savoyards.[2] Nous avons intégré volontiers ces "nouveaux arrivants" et avons ajouté la pizza à nos coutumes alimentaires.
Et au siècle suivant, bien d’autres encore sont venus,
puisqu’il paraît qu’un quart des Français ont au moins un grand parent « étranger ».

Certains « arrivaient » de
l’Europe centrale, bien différente de notre civilisation méditerranéenne. Mais, comme tu l’écris très bien, nous sommes très « accueillants », nous autres.
Alors nous avons donc accueilli parmi eux, un certain
Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, qui fuyait l’avancée de l’Armée Rouge en 1944.
Nous sommes tellement « accueillants » que nous avons fait de son fils, ton frère siamois, immigré de la seconde génération, un Président de notre belle République.
Comment être plus accueillants ?

Mais faudrait quand même pas tout confondre :
entre lui et moi vois-tu, c’est moi qui accueille, et lui qui est accueilli. Ne l’oublie pas.

Ceci précisé, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu écris : Moi, Mouloud, l’accueillant, j’offre à ton frère siamois et à toi-même, « la reconnaissance de ce que l’autre peut lui apporter ». Mais je demande, à « celui qui arrive, le respect de ce qui était là avant vous »
Et, je vais y revenir, quand les Sarkozy sont devenus Français, le ciel de Paris s’ornait d’une Grande Mosquée, avec un beau minaret.

Je suis d’accord, moi Mouloud qui t’accueille, je dois te faire « l’offre de partager (mon) héritage, (mon) histoire [y compris en classe de terminale], (ma) civilisation), (mon) art de vivre. »
Tiens, je t’invite volontiers à venir manger un couscous avec moi.

Mais, naturellement, toi « qui arrives », ou toi dont c’est juste le père qui est arrivé, je te demande, comme tu l’écris toi-même, d’avoir « la volonté de (t)’inscrire
sans brutalité, comme naturellement, dans cette société que (tu vas) contribuer à transformer, dans cette histoire que (tu vas) désormais contribuer à écrire.
»

«
Sans brutalité » : tu as bien raison, c’est important ça.
Nous, anciens Français, nous ne jouons pas au matamore, aux « tu causes tu causes, c’est tout ce que tu sais faire » ; nous n’aimons pas trop tout ce qui est «
bling-bling .
Nous aimons, tu le soulignes, « l’humble discrétion » et nous comptons sur toi pour être exemplaire dans ce domaine.
Nous comptons sur toi, pour, comme tu affirmes que cela doit être le cas des « nouveaux arrivants », de te « garder de toute ostentation et de toute provocation ».
Car, toi dont le père a fui le totalitarisme, tu dois être bien « conscient de la chance que (tu as) de vivre sur une terre de liberté ».
Et cela te donne le devoir de n'en supprimer aucune. Or, quand j’apprends certaines de tes décisions, je suis inquiet à ce sujet.

Contrairement à moi, puisque tu n’es en France que depuis une seule génération, tu as encore
beaucoup de choses à apprendre quant aux « valeurs de la République (qui) sont partie intégrante de notre identité nationale ».
Vu ta fonction, il faut que tu l’apprennes vite car « tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec. »
Mais, je ne suis pas inquiet : tu es très doué Donc, il suffit que je te précise un peu les choses, notamment sur
la laïcité dont je parle souvent à mes élèves dans mes cours de terminale, et tu obtiendras une brillante note.

D’abord, la laïcité, ce n’est nullement « la séparation du temporel et du spirituel » comme tu l’écris. Cette expression, elle fleure le Moyen Age, la société de chrétienté, bref l’exact contraire de la société laïque.
Comme tu as publié ta tribune
le 9 décembre, jour anniversaire de la « séparation des Eglises et de l’Etat », ta formule est particulièrement malheureuse.
Le « spirituel » et le « temporel », ce sont des notions théologiques, et cela connotait des
pouvoirs.
La lutte de l’Empereur et du Pape, c’était la lutte du « pouvoir temporel » pour s’imposer face au « pouvoir spirituel ». Deux souverainetés.
En laïcité, seul « le peuple » est souverain et, en conséquence, le seul « pouvoir » est le pouvoir politique qui émane de lui. Le pouvoir, écrit Max Weber, a « le monopole de la violence légitime » : il peut réprimer par la loi.
La religion n’est pas sur le même plan. Et peut avoir, elle,
autorité, si l'on est convaincu de sa validité.
Mais elle ne doit pas disposer de pouvoir.

Bon, la première leçon étant apprise, passons à la seconde.
Elle concerne aussi la laïcité.
Tu fais preuve d'une curieuse obsession des minarets et tu sembles assez ignorant à ce sujet.
Pour être concret, je vais te raconter l’histoire de France en la reliant à ma propre histoire d’ancien Français, du temps où toi, tu ne l’étais pas encore.
Pendant
la guerre 1914-1918, mon arrière grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions : Algérie, Savoie, ou Limousin, « petite patrie » de mon frère siamois.
Mais si je te raconte cela, ce n’est pas pour me cantonner dans la petite histoire, celle de ma famille, c’est pour rappeler l’Histoire tout court.
Car nous avons été environ 100000, oui cent mille, musulmans a mourir ou a être blessés au combat pour la France.
Nous étions déjà tellement « arrivés » en France, que nous y sommes morts !
Et que les « tirailleurs maghrébins (…) se forgèrent lors de cette guerre la réputation de troupe d’assaut par excellence »[3] Ces combats avaient lieu dans cette
partie de la France appelée « métropole ». Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. A Paris, précisément.
Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays,
la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr.
Elle avait décidé, en 1905, de «
garantir le libre exercice duculte » (Article I de la loi de séparation).
«Garantir », c’est plus que respecter. C’est prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement.
Pourquoi passes-tu tant de temps, dans ton texte, à nous parler des minarets ?
Cela n’a vraiment pas été un problème. Bien au contraire.
Et pourtant, ils étaient
très laïques, tu sais, plus laïques que toi, mon cher chanoine, les rad’soc (radicaux-socialistes), les Edouard Herriot, ou Léon Bourgeois (un des « pères » de la morale laïque) qui ont pris la décision de consacrer des fonds publics à la construction de cette mosquée, de ce minaret.

Tu sais, j’aime bien fréquenter les bibliothèques. J’y ai trouvé un ouvrage d’un historien qui retrace l’histoire de cette construction. Et c’est fort intéressant.
« Il est a remarquer, écrit son auteur,
Alain Boyer, que personne n’a soulevé à l’époque le problème de la compatibilité de cette subvention avec l’article 2 de la loi de 1905, concernant la séparation des Eglises et de l’Etat qui dispose la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ; il aurait pu d’ailleurs être répondu que l’Etat ne finançait que la partie culturelle, l’institut, et non pas la mosquée proprement dite, c'est-à-dire le lieu de culte. »[4]
« Il aurait pu être répondu» : Donc c’est plus tard que l’on a justifié ainsi les subventions de l’Etat et de la ville de Paris. Sur le moment, on s’est contenté de trouver cette construction nullement incompatible avec la loi de séparation.
Tellement peu incompatible que non seulement elle n’a pas été évoquée, mais que le rapport de la Commission des finances présenté par Herriot (en 1920) évoque
explicitement la mosquée en même temps que la bibliothèque et la salle de conférences. « Le financement d’un lieu de culte par la République, précise l’historien M. Renard, fut donc voté en toute conscience, malgré la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. On parla surtout de la reconnaissance de la France pour l’indéfectible loyauté de ses fils musulmans. »[5]
Comment conciliait-on cela avec la loi de 1905 ? On en est réduit à des suppositions. Une me semble fort plausible, on a raisonné par analogie : en effet la conséquence de l’article 1 de la loi de 1905, de sa garantie du libre exercice des cultes avait été double :
-
d’une part la mise à disposition gracieuse (donc manque à gagner par absence de loyer!) des édifices du culte existants en 1905 et propriété publique (des milliers et des milliers !), mise à dispostion aux religions correspondantes à ces édifices (et on y a ajouté presque tout de suite le droit de faire des réparations sur fonds publics);
-
d’autre part, la possibilité (prévue dans l’article 2 lui-même) de payer des aumôniers pour garantir le libre exercice du culte dans les lieux clos : hôpitaux, prisons, armée, internats des lycées,…

On s’est dit : étant donné tout ce que l’on consent financièrement pour garantir l’exercice des cultes catholique, juif, protestant, c’est bien le moins de donner des subventions publiques pour une Grande mosquée et son minaret.
D’ailleurs le père de la loi de 1905
Aristide Briand avait dit à son propos : « En cas de silence des textes ou de doute sur leur portée, c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »
De plus, et je vais t’étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets.
Lors de la détermination de la qibla (direction de La Mecque), en mars 1922,
le représentant du gouvernement, Maurice Colrat, a prononcé un très beau discours. Il a déclaré notamment:
«
Quand s’érigera, au dessus des toits de la ville, le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l’Ile de France qu’une prière de plus, dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses. »
Et tous les dirigeants et militants laïques présents l’ont chaleureusement applaudi.

Ils étaient comme cela les laïques : ils assumaient, mais ne voulaient pas « valoriser » les « racines chrétiennes de la France ».
Ils estimaient, au contraire, que
le pluralisme religieux faisait partie de son histoire, de son identité nationale laïque. Et plus il y avait de prières différentes, plus ils étaient contents.

Le 15 juillet 1926, la grande mosquée a été inaugurée en présence de ton prédécesseur, Gaston Doumergue, le président de la République.

J’ai plein d’autres choses à t’écrire à propos de ton discours. Mais la bonne pédagogie veut que l’on ne cherche pas à en dire trop en une seule fois.
Pour le moment,
assimile bien ces deux premières leçons.
Ecris nous vite une seconde tribune qui rectifie le tir.
Et on reviendra ensuite sur le « communautarisme » notamment, car là (en un seul mot ?) il y a aussi quelques petites choses à reprendre.

Ton cher compatriote
Mouloud Baubérot

[1] N
otamment (mais pas seulement) le fait que "citoyens" pour quelques uns ou "sujets" pour la plupart, les habitants des colonies étaient de nationalité française, même s’il s’agissait d’une « nationalité dénaturée », selon l’expression de P. Weil. Et sur cette dualité sujet-citoyen, le Blog en a déjà parlé à plusieurs reprises, notamment dans les Notes consacrées au livre de T. Shepard sur l'Algérie.
C
ette Note ne pouvait pas reprendre tous les problèmes et ne prétendait nullement à une exemplarité de la conduite de la France. Au contraire, la position de Sarkozy prend place dans une longue histoire que la France n’a pas encore affrontée de face.

[
2] Un Savoyard m’a d’ailleurs écrit pour me dire qu’il ne manquait jamais de signaler qu’il était français depuis moins longtemps que les Algériens.

[
3] B. Recham, in Collectif, Histoire de l’Islam en France, Albin Michel, 2006, 743.

[
4] A. Boyer, L’Institut musulman de la Mosquée de Paris, Paris, CREAM, 1992, p. 26.

[
5] M. Renard, in Histoire de l’islam…, 722.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Réaction sur le laïcité Empty
MessageSujet: Re: Réaction sur le laïcité   Réaction sur le laïcité Icon_minitime2/2/2010, 16:46

Ahem Smile

Il y a beaucoup de générosité chez Jean-Mouloud (et puis il ecrit bien et sa missive est drôle) mais également une abstraction totale du contexte actuel.
Le pouvoir au peuple, moi je veux bien, mais je prends le pari que ce ne sont pas seulement les minarets et la burqa qui seront éjectés du paysage -ajoutez le simple gars un peu bronzé qui n'a rien demandé à personne...

Vraiment, vue l'ambiance et le rejet exaspéré de l'Islam scandaleusement initié par des elites à côté de leurs pompes, le peuple souverain ?... Ce n'est pas à Notre Dame qu'il va s'en prendre, le peuple souverain qui craint le chomage, constate la baisse de son pouvoir d'achat et regarde chaque mois la part de ce qui s'en va à l'Etat...


Mab -hooOOooo ça m'a pas l'air tres solide, ces tours la-

UMP : purée de sa mère, il invite meme Notre Sachem Resplendissant à manger, il est fou Jean Mouloud !
Revenir en haut Aller en bas
 
Réaction sur le laïcité
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Sarkozy et la laïcité diabolique
» Laïcité et contestation
» En réaction à l’attentat contre Charlie Hebdo : comprendre et lutter efficacement contre le terroris
» La vraie laïcité
» La laïcité face au choc des civilisations - Entretien avec Guy Prouin‏

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
NOS MAINS :: LAICITE et SPIRITUALITE :: MIEUX VAUT EN RIRE...OU EN PLEURER-
Sauter vers: