Bibliographie de la Guerre d’Algérie (1954-1962), entretien avec Maurice Sarazin‏

Entretien avec Maurice Sarazin, auteur de Bibliographie de la Guerre d’Algérie (1954-1962) : ouvrages en langue française parus de 1954 à 2009

(propos recueillis par Fabrice Dutilleul).



Comment avez-vous eu l’idée de cette Bibliographie de la guerre d’Algérie ?

D’une façon très simple et par un enchainement logique des faits.

D’une part, dès mon entrée comme fonctionnaire dans le service des Bibliothèques, j’ai été attiré par la bibliographie. C’est ainsi que je parcouru avec le plus grand intérêt les publications de la spécialiste de la bibliographie en France, Louise-Noëlle Malclès (1899-1977) qui fut en dernier lieu professeur de bibliographie à École nationale supérieure des bibliothèques, et auteure de plusieurs ouvrages de différent niveaux, depuis le cours multigraphié et le manuel pour étudiant jusqu’au traité en trois volumes, en passant par un « Que sais-je » sur la théorie bibliographique et les ouvrages qui en ressortissent.

Et je suis devenu moi-même l’auteur de plusieurs bibliographies sur divers sujets.

D’autre part, en poste à la Bibliothèque nationale d’Alger – qui deviendra après l’indépendance la Bibliothèque nationale d’Algérie – j’ai pu assister aux dernières années de l’Algérie française. Comme beaucoup de ceux qui ont vécu ces évènements, il m’a été difficile de m’en détacher et la pensée de l’Algérie est restée très présente en moi.

De ce double intérêt : la bibliographie et l’Algérie des années de guerre devait inévitablement sortir l’ouvrage en question.



Mais n’existait-il pas déjà un ouvrage du même genre ?

C’est exact. Le professeur Benjamin Stora, né en Algérie, est devenu un spécialiste attitré de la guerre d’Algérie ; on devait même dire LE spécialiste, car toute son œuvre écrite, importante, est entièrement et uniquement consacrée à l’Algérie et à la guerre d’Algérie. Il a réalisé un ouvrage intitulé : Le dictionnaire des livres de la guerre d’Algérie... 1955-1995 (L’Harmattan, 1996, 347 p.) qui comprend quelque 2 200 titres dont une bonne moitié accompagnée d un résumé, mais cet ouvrage de valeur a cependant, à mon avis, deux défauts : 1) il « ratisse trop large » en citant des ouvrages qui s’écartent beaucoup du sujet ou même ne le concernent pas ; 2) il ne comporte pas d’index des sujets, de sorte que, par exemple, pour trouver les livres qui traitent de l’OAS, on devrait parcourir le livre de A à Z.

Alors que dans la bibliographe que j’ai réalisée, il suffit de se reporter à la page 601 où l’on trouve le n° des références qui concernent l’OAS : il y en a 90.

De même pour tout autre sujet, ainsi, au hasard : ceux qui concernent Ferhat Abbas, le voyage de François Mitterrand en Algérie, le nationalisme algérien, les femmes algérienne en France, l’affaire Maurice Audin, le FLN, la « bataille d’Alger », l’insoumission, les opérations aériennes, les parachutistes, la manifestation des Algériens le 17 octobre, le Parti communiste algérien, les Pieds-noirs, les Sections administratives spécialisées, etc.

Une rubrique très fournie est celle qui signale les récits personnels ou témoignages d’Algériens ou de Français (pour la plupart soldats du contingent).

Il existe aussi un Index chronologique, avec l’indication du nombre de publications par année, de 1954 (26 titres) à 2009 (80).

Par ailleurs, les notices présentées dans le corps de l’ouvrage peuvent se recommander par leur grande précision ; elle trouvent leur source dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France.



Votre recensement est-il bien complet ?

Probablement pas ; toutes les bibliographies comportent des lacunes ; mais un Supplément peut toujours venir le compléter avec les nouvelles parutions à partir de 2010.

Il semblerait que la recherche historique se soit quelque peu assoupie en ce moment ; pourtant, bien des aspects du conflit algérien mériteraient de faire encore l’objet d’études. Ceux qui les entreprendront ne pourront pas se passer du bilan établi dans ce volume publié par les éditions Dualpha.


Bibliographie de la Guerre d’Algérie (1954-1962) : ouvrages en langue française parus de 1954 à 2009, de Maurice Sarazin, 628 pages, 41 euros, éditions Dualpha, collection « xxxx », dirigée par Philippe Randa.