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 Belle leçon anti-nostalgique

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GIBET
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GIBET


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MessageSujet: Belle leçon anti-nostalgique   Belle leçon anti-nostalgique Icon_minitime8/3/2015, 12:47

Le professeur Jean-Jacques Roche, directeur de la formation, des études et de la recherche à l’IHEDN, s’exprime sur le grand rassemblement du 11 janvier dernier dans notre Focus : "Les leçons d’une mobilisation spontanée":

Citation :

Dimanche 11 janvier 2015
Les leçons d'une mobilisation spontanée
 
Pour une fois, il n’y a pas de querelles de chiffres entre la préfecture de police et les organisateurs. D’ailleurs, il n’y avait pas d’organisateurs. Mais une foule immense s’est levée. Sans autre mot d’ordre que la volonté de partager la même émotion. Les raisons de cette mobilisation spontanée étaient diverses. Certains sont venus pour protester contre l’intolérable. D’autres pour défendre la liberté d’expression. D’autres encore pour se rassurer et mesurer l’attachement de leurs concitoyens au même socle de valeurs. Certains étaient Charlie, d’autres pas. Mais nous retiendrons que plusieurs millions de Français de toute origine ont éprouvé le besoin de se rassembler pour proclamer leur volonté de vivre ensemble. Dans ces conditions quel peut être le rôle de l’IHEDN qui est chargé de "développer l’esprit de défense" et qui doit œuvrer au renforcement de la cohésion nationale ? Il est clair que les foules qui se sont rassemblées dans toute la France nous imposent de nous interroger sur le sens à donner à notre mission.

Une nostalgie pernicieuse
Il est d’usage d’affirmer que le lien armée-Nation se serait distendu à la suite de la suspension du service national en 1997. Que l’individualisme exacerbé d’une société de consommation effrénée a détruit le sens commun. Que la crise économique sans précédent depuis 1929 a amplifié le repli sur soi. Que le communautarisme gangrène la république unitaire. Que l’idée de sacrifice est désormais dépassée. Que la France de Trenet et de Jean Ferrat, de Clochemerle et du petit Nicolas, du général De Gaulle et de l’ORTF appartient à un passé révolu. C’est une évidence, mais prenons garde à ne pas idéaliser le passé pour déplorer un présent non conforme à nos aspirations.
La France laborieuse de Zola ne semblait pas profiter des déjeuners sur l’herbe du dimanche comme les dandys phallocrates de Monet ou les participants aux régates de Caillebotte. La France de Pagnol disparut dans le tonnerre de la Grande Guerre et la Belle Époque du XIXe siècle fut idéalisée par une Nation meurtrie qui tenta de s’étourdir dans les Années folles pour oublier les orages qui grondaient. L’espérance de vie des jeunes garçons nés en 1920 ne dépassait pas 56 ans et la cuisine des années 1920 accommodait davantage les pommes de terre (178 kilos par an et par habitant en 1925) que la viande et les légumes. En 1930, Léon Duguit, célèbre universitaire bordelais, gagnait 44.000 francs par an quand un instituteur devait se contenter de 1300 francs. Un minimum de curiosité et une connexion Internet permettent sans difficulté de comparer les disparités entre la France d’hier et celle d’aujourd’hui ; il n’est pas certain que cette comparaison nous donne envie de partager la vie de nos grands-parents.
Bien sûr, les nostalgiques rappelleront les solidarités disparues d’une société rurale qui aurait perdu son âme en s’urbanisant. Mais il est tout aussi facile d’observer que ce débat n’a rien de neuf et que le terme d’insolidarité – d’usage courant au XIXe siècle notamment chez Proudhon et chez les fouriéristes – a aujourd’hui disparu. Tocqueville regrettait bien sûr que « la démocratie brise la chaîne et met chaque anneau à part », mais préférait encore cette évolution à l’Ancien Régime quand les hommes considéraient que « tout (était) à sa place » puisque « rien ne (remuait) autour d’eux ». À l’origine du terme "anomie", Émile Durkheim observait la perte des valeurs (morales, religieuses, civiques) de la société de son temps où il opposait les anciennes solidarités mécaniques à la « solidarité organique » des sociétés industrielles fondées sur la différentiation des individus.
Quant au rapport à l’armée, celui-ci n’a jamais été apaisé. Nul besoin d’avoir été anarchiste pour adhérer à la formule célèbre d’Anatole France pour qui « l’armée (était) l’école du crime ». Considérant que « le capitalisme, c’est la guerre », la gauche révolutionnaire de la IIIe République assimile d’autant plus facilement le militarisme au capitalisme que l’armée réprime durement le mouvement ouvrier à Fourmies (1891), Carmaux (1892) ou encore Narbonne (1907). L’antimilitarisme va de pair avec l’antipatriotisme qui n’a pas sa place parmi les adhérents de la IIe internationale. Pacifiste, mais pas antimilitariste, Jaurès en passionné des questions de défense imagine l’armée nouvelle, mais s’oppose radicalement à la loi de trois ans relative au service militaire. Durant l’entre-deux-guerres, le pacifisme s’est répandu dans toute la société française (les anciens combattants, les intellectuels) et gagne les plus hautes sphères de l’État qui pense pouvoir placer la guerre hors-la-loi (Pacte Briand-Kellog de 1928). Après la Seconde Guerre mondiale, la France sera largement indifférente à la guerre d’Indochine à laquelle ne participa pas le contingent, mais la guerre d’Algérie marqua durablement l’opinion publique à la fois parce qu’elle était beaucoup plus proche, mais aussi du fait de l’engagement des appelés (Avoir vingt ans dans les Aurès). L’antimilitarisme est alors mis en chanson par Boris Vian dont Le déserteur fut immédiatement interdit, mais qui devint la chanson de ralliement de tous les pacifistes des années 1960 opposés à la guerre du Vietnam. À l’époque, Cabu et son adjudant Kronenbourg, qui « sentail l’ail et le mauvais alcool » (J. Brel), incarnent cet antimilitarisme qui prit ensuite la forme de "Comités de soldats" dans les années 1970 quand Charlie Hebdo était encore interdit dans les casernes (jusqu’en 1976). Il faudra attendre la fin du service national pour que cet antimilitarisme se tarisse et, à ce titre, l’idéalisation de la conscription participe plus à une reconstruction de nos souvenirs qu’à une lecture objective de l’histoire récente de notre pays.

Quelles leçons pour l’IHEDN ?
Que faut-il donc retenir de ce dimanche mémorable pour adapter la mission de l’IHEDN à cet état d’esprit que beaucoup jugeait disparu à jamais chez un peuple démobilisé, plus soucieux des dividendes de la paix que de sa défense ?
Cinq enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés, même s’il faudra du temps et plus de recul pour mieux comprendre les ressorts de cette mobilisation exceptionnelle.

  • Tout d’abord, il est clair que "l’esprit de défense" n’est guère sollicité dans une période pacifiée. La convergence de risques diffus n’a en effet pas remplacé la perception d’une menace majeure, surtout quand celle-ci pouvait se traduire par un holocauste nucléaire. En ce sens, la disparition de la menace aux frontières a eu pour conséquence de lever dans le même temps toutes les barrières aux menaces extérieures et il est évident qu’une « longue paix » (la formule est de John Lewis Gaddis qui la fait remonter en Europe à 1945) privilégiera toujours le cosmopolitisme au patriotisme et le libre-échange au nationalisme. Cependant, les marches organisées dans toute la France durant le week-end du 10 et du 11 janvier montrent – contre toute attente pour certains – que la cohésion nationale ne s’est pas totalement dissoute dans la consommation et dans la crise et que l’école – en dépit de ses imperfections – ne forme pas que des sauvageons ;
  • Sans tomber dans le débat métathéorique sur l’inné et l’acquis, l’esprit de défense est intimement apparenté à un réflexe élémentaire de survie. La menace ne suffit pas pour solliciter les récepteurs qui provoqueront le réflexe lequel a besoin pour se déclencher d’un passage à l’acte et d’une atteinte directe à l’intégrité physique. Le meurtre de dix-sept personnes a été considéré comme une agression dirigée contre l’ensemble du corps social qui, à la manière d’un ensemble vivant, n’a eu nul besoin de directives extérieures pour mettre en œuvre ses mécanismes de défense. Cette observation doit donc nous conduire à considérer que la promotion de la culture de défense rentre très certainement davantage dans les missions de l’IHEDN que la promotion de "l’esprit de défense", lequel relève davantage du cerveau reptilien et de l’instinct de survie ;
  • Le refus de l’amalgame dont ont témoigné les manifestants montre en outre que l’école, la presse et les nouveauxréseaux d’information remplissent plutôt bien leur rôle d’ouverture sur le monde et d’éveil du sens critique. Dès lors, la culture de défense dispensée à l’Institut doit davantage se centrer sur le "comment" que sur le "pourquoi" des choses. Le sens de la mesure de nos concitoyens dans l’analyse des menaces doit en ce sens nous orienter non pas vers une répétition des mêmes analyses géopolitiques finalement bien assimilées, que vers une description des moyens mis en œuvre par la France pour faire face à ces menaces ;
  • Enfin, il est possible de s’interroger sur la pertinence du concept de "résilience", surtout quand celui-ci est associé à une politique volontariste. Le caractère spontané des mouvements populaires des 10 et 11 janvier montre en effet qu’il n’y a eu nul besoin de mot d’ordre et d’aucune organisation particulière pour organiser ce qui passe d’ores et déjà pour la plus grande manifestation depuis la Libération. En d’autres termes, la résilience semble inscrite dans les gènes d’un corps social comme elle est inscrite dans la structure atomique de certains métaux. Si l’on prend en compte les avancées de l’épigénétique – qui intègre les enseignements de Lamarck à la théorie de l’évolution de Darwin –, l’histoire de notre pays a certainement exercé une influence sur l’expression des gènes, mais il est clair que cette histoire a forgé spontanément la Résistance bien avant que la résilience ne soit à l’œuvre. En d’autres termes, l’Institut dans le cadre de ses formations ne doit pas craindre d’être ambitieux en privilégiant l’esprit de résistance – qui suppose la capacité de dire non – aux mécanismes de la résilience qui sont à la fois innés, mais beaucoup plus passifs face à l’adversité.

L’élan du dimanche 11 janvier ne s’arrêta pas aux frontières de la France. Non seulement les dirigeants de nos principaux alliés défilèrent aux premiers rangs des manifestations parisiennes, mais des foules nombreuses se rassemblèrent à Berlin, Londres, Madrid, comme dans la plupart des capitales européennes. Cette solidarité nous a émus, mais elle doit également nous rappeler que nous nous contentâmes de mettre nos drapeaux en berne lors des attentats de Madrid en 2004 et de Londres en 2005. Le dernier enseignement que l’on peut sans doute tirer de ces soutiens internationaux qui ne se sont pas manifestés en France face à des événements beaucoup plus dramatiques est donc qu’il incombe aussi à l’IHEDN de faire prendre conscience à nos concitoyens que la sécurité est désormais un bien commun et que la défense de nos partenaires participe aussi à notre sécurité.
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MessageSujet: Re: Belle leçon anti-nostalgique   Belle leçon anti-nostalgique Icon_minitime8/3/2015, 12:55

Je partage assez largement le propos qui précède ...même si je reste très critique de la manière dont Chirac s'est "débarrassé " du service militaire coupant l'armée de la nation.
Certes les antimilitaristes ont toujours existé ...et le peuple de gaulois que nous sommes critiquait
Certes l'armée fut souvent lancé avec violence contre les manifestations ouvrières
Mais en 1968 si l'armée n'a pas été envoyé contre les étudiants du quartier latin c'est parce que les appelés n'étaient pas insensible au mouvement populaire.
En tout cas le débat armée /Nation était permanent et tout débat fait vivre la vie démocratique
Aujourd'hui il a fallu les évènements du 11 janvier pour constater que la France peut se mobiliser contre l'agression extérieure.
C'est bien! Mais un mouvement spontané remplacera-t-il toujours un mouvement de défense organisé.
J'ai des doutes.
Dans le cadre de l'IHEDN dont je suis un ancien auditeur on peut effectivement travailler à l'esprit de défense. Dans la réalité de la violence l'esprit peut parfois s'avérer insuffisamment et pour ma part j'aimerai que l'on marrie à nouveau La Nation et son armée
GFIBET
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MessageSujet: Re: Belle leçon anti-nostalgique   Belle leçon anti-nostalgique Icon_minitime8/3/2015, 17:02

moi c'est cela qui retient mon attention :

<<  L’élan du dimanche 11 janvier ne s’arrêta pas aux frontières de la France. Non seulement les dirigeants de nos principaux alliés défilèrent aux premiers rangs des manifestations parisiennes  >>

Alors qu'il est de notoriété publique, et cela le jour même du "défilé des dirigeants", qu'ils ne se trouvaient pas à "la tête des manifestants" mais dans un "cortège" restreint dans une rue parallèle !!


L'IHEDN devrait peut être se tenir au courant, ou alors ils le savent pertinemment et entretiennent le "mythe" !!
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MessageSujet: Re: Belle leçon anti-nostalgique   Belle leçon anti-nostalgique Icon_minitime9/3/2015, 02:05

Vous croyez tout ce qu'on vous présente vous...
On voit que vous y étiez rir2: 

Il ne vous est pas venu à l'idée de que le cortège des officiels n'a pas commencé au début, mais à démarré a peu près vers la moitié

Vraiment si vous voulez parler de grotesque c'est vous! Ceux qui étaient à Paris ont défilé à proximité d'eux . Vous êtes vraiment prêts à gober n'importe quoi!!

J'étais à Pâris et au quartier latin. Ensuite des copains alors à l'armée , et notamment à Villacoublay Moulineaux , nous ont dit comment ils ont été cantonné dans leurs quartiers. certains régiments ont même été déplacés.

Je vous laisse vous exprimer sur l'Algérie parce que vous connaissez mieux que moi. Pour mai 68 c'est l'inverse!
GIBET

Citation :

Le mercredi 8 mai 1968, on s’est levé tôt à la CC2 (Compagnie Commando N° 2). A six heures du matin, le café est expédié. On s’habille vite: tenue de sortie et rangers. Rassemblement à 7 heures, puis embarquement dans les camions Simca. Direction: l’Arc de Triomphe de l’Etoile pour une cérémonie à 10 heures avec les trois Armes, en commémoration de l’anniversaire du 8 mai 1945. Le général de Gaulle, chef de l’Etat,
ranime la flamme en présence des Autorités, puis passe les troupes en revue à bord d’un command car. Retour au camp de Frileuse et surprise: au lieu d’enlever les rangers et de les remplacer par les chaussures de sortie pour partir en permission comme prévu, nous recevons l’ordre de nous mettre en treillis. “Vous êtes en alerte à 4 heures”. C’est
l’alerte “Armada”.


“Toutes les permissions sont supprimées jusqu’à nouvel ordre”, nous informe notre chef de peloton, l’adjudant-chef Candidda. Je faisais alors le P2, ou peloton de sous-officier au sein de la CC2 qui était d’ailleurs ma compagnie d’affectation après mon incorporation en septembre 1967, les classes à l’UI 1 puis mon passage au P1 (peloton de caporal). Le P2 était à 90% composé de sursitaires, donc d’anciens étudiants dont on pouvait penser “a priori” qu’ils étaient plutôt bien disposés à l’égard des étudiants qui manifestaient à la Sorbonne et dans
Paris et commençaient à dresser des barricades. Mais l’esprit civique et celui du brave “Navarre Sans Peur” avait soufflé et pris le dessus. Nous étions prêts à obéir aux ordres quels qu’ils fussent. Quant aux autres appelés du contingent, la réaction était quasi unanime: “ces c... d’étudiants nous emm......, les perms sont sucrées; y en a marre” pouvait-t-on entendre dans les chambrées.


L’alerte Armada dont on sut qu’elle était nationale et concernait toutes les unités opérationnelles du territoire, se concrétisa dès le 9 mai, par une distribution générale de pelles-bêches avec une consigne simple, mais psychologiquement efficace: “si on vous tape dessus vous répliquez avec la pelle US”. A vrai dire, les nouvelles venant de Paris ne sont
pas réjouissantes. Les incidents se multiplient au Quartier latin et un peu partout dans Paris puis en province. Les blessés se comptent par centaines parmi les manifestants et les forces de l’ordre, gendarmes mobiles et CRS. Le 13 mai, les politiques et les syndicats prennent le
mouvement en marche et décident une grève générale qui fait peu à peu tache d’huile. Le 24 mai, alors que le général de Gaulle s’adresse au pays en demandant aux Français “de donner à l’Etat et d’abord à son chef, un mandat pour la rénovation avec un oui massif”, les manifestations et incidents redoublent d’intensité. L’opposition commence à évoquer l’organisation d’un “contre-pouvoir”. Au 5ième, le régiment est passé en alerte à deux heures avec la perspective de plus en plus certaine d’interventions destinées, pour le moins, à ramasser les poubelles, mais plus probablement, à protéger des points sensibles
dans la capitale et sa périphérie. L’appréhension est sensible dans les rangs. Au P2, le moral est gonflé à bloc. Tout le monde est d’accord pour condamner l’anarchie et le blocage des activités un peu partout en France.


La sensation de vivre des moments historiques est d’autant plus forte que depuis la mi-mai, des troupes d’élite ont débarqué au camp et planté leurs tentes sur les nombreux espaces disponibles : le 3ième RPIMA et une compagnie de commandos marine avec béret vert. Cette dernière arrivait directement du Tchad où elle venait de passer un mois d’opérations contre les rebelles d’Hissène Habré et des éléments de l’armée libyenne. Des durs, prêts à entrer en action sans états d’âme. Pour couronner le tout, des hélicoptères lourds Sikorsky ont débarqué des caisses de munitions à la soute à munitions du camp. Le poste de garde est renforcé. Paras et commandos marine verrouillent tous les accès du camp.

La tension atteint son comble le mercredi 29 mai lorsque le général de Gaulle quitte soudain l’Elysée sans explications pour se rendre à Colombey les deux Eglises. Parti à 11h30 il n’arrive à Colombey en hélicoptère qu’à 18h15. Où est-il allé entre-temps ? Le 30 mai à 18H00, place de la Concorde, une grande manifestation silencieuse regroupant environ un million de personnes, clame son soutien aux institutions et au Président de la République. Ce dernier, après avoir convoqué à 15 heures un Conseil des Ministres, avait dénoncé “ la subversion, couverte par des politiciens au rancart”. Il avait appelé à organiser “l’action civique, partout et tout de suite”, pour aider le gouvernement et les préfets. De son côté, le secrétaire général du Parti Socialiste, François Mitterrand, avait affirmé qu’il s’agissait là “d’un appel à la guerre civile”.

Le ton était donné. Au 5ième, la nuit du 29 au 30 mai fut courte. Les pelles-bêches furent remplacées par l’armement spécifique des équipes choc et équipes feu. Des caisses de rations furent entreposées dans les couloirs. Le régiment passa en alerte à un quart d’heure et des
faisceaux d’armes avec sentinelles furent mis en place à l’extérieur. Paras et commandos marine étaient pour leur part en alerte immédiate, prêts à monter dans les camions. De fait, le général de Gaulle s’était rendu d’urgence à Baden-Baden au quartier général des Forces Françaises en Allemagne pour y rencontrer le général Massu. Au P2, nous passâmes le
restant de la nuit en tenue de combat, sur la couverture, avec casque lourd et MAS 49-56 suspendus au pied du lit.


Le lendemain, la détente fut perceptible. La grande manifestation du 30 mai avait porté ses fruits et la rencontre historique de Baden-Baden s’était traduite par la sage décision de reprendre le pays en mains sans faire intervenir l’armée. Les accords de Grenelle menés tambour battant par le premier ministre Georges Pompidou avaient par ailleurs désarmé et
démobilisé les syndicats. Au 5ième, nous repassâmes en alerte à 4 heures, puis à 8 heures. La fin du mois de juin fut en grande partie consacrée à consommer, aux stands de tir fusil et PM, les munitions qui avaient été débloquées pendant l’alerte Armada. Heureux furent les tireurs.


Pierre Suchet
http://navarre5eri.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=43

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