Un grand bonhomme par la hauteur de son esprit qui devrait prouver à un autre que l'on peut être petit par la taille et s'élever sans avoir besoin de talonnettes. Pour cela il faut avoir la classe.
GIBET
- Citation :
- La légende Mimoun parle d'"une autre France"
| 14.01.11 |LeMonde
Alain Mimoun, le 30 décembre à Champigny-sur-Marne.AFP/BERTRAND LANGLOIS[/center]
[justify]Il
s'avance paisiblement vers le pupitre quand, tout à coup, Alain Mimoun
se fige en lisant la date inscrite dessus : "Jeudi 13 janvier". Long
silence. "Ah ! c'est formidable le destin, lance l'ancien coureur, j'ai
été champion olympique avec le dossard 13." C'était en 1956, aux Jeux de
Melbourne. Le Français, mouchoir blanc noué sur la tête, avait vaincu
le marathon sous un soleil cuisant. D'ailleurs, son exploit - comme ses
trois autres médailles olympiques - est gravé sur une petite plaque
apposée près de la salle de réunion no 739 du ministère des sports qui
vient d'être baptisée... "Alain-Mimoun".
Ce jeudi-là, "la légende
" est venue "bénir" cette pièce, en famille. En voyant cette plaque, il
applaudit. "C'est la salle où se tiennent les réunions du cabinet, lui
explique Chantal Jouanno, ministre des sports, c'est la salle où se
prennent les bonnes décisions." Devant les caméras, Mimoun préfère
rigoler : "Je suis content que le ministre des sports soit une femme."
Et puis il se redresse et commence à imiter le général de Gaulle :
"Je vous remercie, monsieur Mimoun, j'ai suivi toute votre carrière, je suis fier de vous.
- J'ai fait mon devoir car j'estime que je suis un véritable fils de la France.
- Je le saiiiiiiiiis !"
"Quelque chose de sacré"
Alain
Mimoun est "un jeune garçon" de 90 ans (depuis le 1er janvier), qui
court une heure par jour et qui a le même âge que... la Fédération
française d'athlétisme (FFA). C'est surtout un homme amoureux de l'autre
femme de sa vie : la France, lui qui, blessé lors de la bataille de
Monte Cassino, le 28 janvier 1944, a évité de justesse l'amputation de
sa jambe. Il y a gagné la croix de guerre - quatre citations - et a été
fait grand officier de la Légion d'honneur en 2008.
Alors,
lorsque le natif d'El-Telagh, en Algérie, sort délicatement de sa poche
un papier blanc, son discours se métamorphose en lettre d'amour d'une
grande beauté destinée à sa "mère patrie", la France. Extrait : "J'ai
donné mon sang pour la France et j'ai arraché quatre médailles pour
elle. Honnêtement, ce qui me peine un peu, c'est le sentiment que,
parfois, le peuple français ne mérite pas son pays. J'ai fait dix fois
le tour du monde, pour moi rien ne vaut la France. Quand le drapeau
tricolore a été hissé à Melbourne, j'ai pleuré sans larmes tellement
j'étais déshydraté, ça m'a fait mal. Pour moi, la France, c'est la plus
belle fille du monde avec, en plus, quelque chose de sacré, comme une
atmosphère de sainteté."
Silence. Dans la salle, parmi la
trentaine d'invités, certains chuchotent. "Il a raison, la France s'est
perdue", peut-on entendre. Mimoun ne veut pas parler politique, "je
parle d'une autre France", dit-il nostalgique, d'une France éloignée du
climat actuel de peur des étrangers ou de ceux qui y ressemblent. "Ça le
désespère, assure Bernard Amsalem, le président de la FFA. Il peut se
permettre de lancer des piques. C'est bien qu'il rappelle ces valeurs
fondamentales."
Mustapha Kessous