Je suis toujours stupéfait de la capacité de l'homme à énoncer des vérités.
La plupart de ces vérités émanent de notre vie quotidienne, combien de fois pas jour n'affirme-t-on pas de manière péremptoire "je suis que ..." (tu as dis çà, tu as fait cela, que je l'avais rangé mais.. etc...)
Il y a là une première approche de la vérité "éphémère" qui retire à ce mot son sens profond qui signifie "la conformité de la pensée avec son objet". Cela fait donc entrer la vérité dans le sens de "connaissance" et non de "certitude factuelle démontrée" La vérité avec une telle définition est donc une vérité subjective et celui qui détient la sienne exerce dans le cadre de la liberté de son expression et non dans un cadre de certitude. Je n'en dirai pas plus sur le sujet sinon vous renvoyer à Aristote, à l'école de Mégare, à Saint Thomas d'Aquin , Spinozza, Kant, Russel ou habermas...et bien d'autres qui ont étudié l'écart de l'idée ou du langage par rapport à la certitude qu'un vérité fut réellement vraie
Déclarer une guerre, même de mots, sur l'imperfection d'une vérité irréelle, c'est donc perdre son temps pour peu qu'on sache poser cette problématique avec humilité
Oui mais vous me direz la vérité est vraie en sciences quand le principe est démontré. Tout le monde sait que deux lignes qui coupent une perpendiculaire à angle droit sont parallèles et que deux lignes parallèles ne se rejoignent pas. Sauf dans notre globe où les parallèles terrestres coupent l'équateur à angle droit et pourtant ces parallèles se rejoignent aux deux pôles. Donc la vérité s'élaborent dans des hypothèses précises sans lesquelles la conclusion de l'idée n'est pas conforme à l'objet. Ainsi les paradigmes de Kuhn: Les paradigmes sont extrêmement résistants. On pourrait s'attendre à ce qu'il suffise d'une seule preuve pour rendre fausse une théorie ; pour Kuhn cependant, l'observation du comportement de la communauté scientifique montre que face à une anomalie les savants préféreront toujours élaborer de nouvelles versions et des remaniements ad hoc de leur théorie. On ne dit jamais qu'un paradigme est faux avant de l'avoir remplacé par un autre. Même en sciences la vérité est relative et le vérité de l'un ne mérite donc pas que l'on fasse la guerre contre le paradigme de l'autre.
Il y a bien sûr des vérités révélées et la plupart du temps elle le sont pas Dieu. Et sans se poser la question de savoir si Dieu existe, c'est le droit d'un agnostique, on peut se poser la question de savoir si ses enseignements sont à la dimension d'un personnage divin. N'a t-il pas dit comment se comporter d'un point de vue moral par rapport au vol, à la gourmandise, à la luxure, à la relation à son père et sa mère ou à la femme de son voisin? Que des enseignements dignes du créateur du Monde en 6 jours. N'a-t-il pas ajouté comment faire le pain , comment presser le vin, comment saigner les bêtes et consommer le lait et la viande...un diététicien de haute lignée. pour que des vérités existentielles dont le 21è siècle sourit et dont certaines, sur les relations entre les hommes de dieu et les femmes de la terre qu'ils ont trouvé si belles pour procréer qu'elles pose la question de la fidélité ...aux hommes de la terre (Genèse). On est en droit alors de se poser la question si la vérité que des hommes ont ramené de Dieu était bien ce qu'il fallait comprendre ou simplement leur compréhension humaine?...raisons de là a en faire de guerres de religion, ces recettes en valaient-elles l'enjeu?
Il reste bien sûr ceux qui cherchent dans l'absolu une vérité perdue et qui par le travail s'en approchent mais qui savent qu'elle est comme l'horizon plus on s'approche, plus elle recule. Recherche d'un mot perdue? d'une parole prononcée? recherche d'une vérité qui était et qui n'est peut-être plus.
La kabbale nous apprend que comme toute chose "la vérité est et n'est pas" En effet quand vous entrez dans la Loire pour vous baigner entre le moment où vous vous déshabillez et que vous entrez dans l'eau c'est toujours La Loire et pourtant à tout instant ce n'est plus la même Loire. Ce n'est plus la même eau que l'instant précédent, ce n'est plus le même fond , la faune et la flore ont bougé et même les rives se transforment en permanence. Ainsi la Loire "est ...et n'est plus"
Il en est de même de la vérité de l'histoire qui ne permet plus de revivre l'instant présent du fait évoqué. Avec l'Histoire on ne peut que tenter de reconstituer la vérité du moment qu'avec les éléments du présent ou tout est et tout n'est plus.
Détruire les conclusions du passé pour instaurer de nouvelles vérités ce n'est pas remonter le cours de l'histoire c'est lui substituer l'eau de la Loire du moment présent où en entre dedans en essayant d'expliquer comment elle était 10 ans plus tôt.
La recherche de la vérité est une attitude d'ouverture , l'affirmation de la vérité passée est de l'inconscience car l'acte dont il est fait la preuve qu'il est factuellement vrai à un instant donné aura perdu tout l'amont de sa justification, son contexte, l'esprit de sa culture. Il est donc un fait figé dans un moment qui passe et dont chaque instant exprime seulement l'instant qui le suit et qui disparait à son tour
Cherchons d'abord à identifier ce que nous cherchons pour chercher tous la même chose et soyons humbles dans toute conclusion car en toute circonstance, la chose le mot "sont et ne sont" plus comme ontologiquement l'Être est et n'est plus.
Mesdames et messieurs je continuerai à regarder vos controverses, démonstration de vos vérités, comme l'eau qui passe. Mais, pour ma part, je m'immergerai dans la vérité de l'instant qui ne me confinera pas dans le passé qui n'est plus.