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 "Science et vérité" Lacan

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MessageSujet: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 10:09

Part I

L’aversion pour la science
Il est sans doute assez paradoxal de constater parfois, dans le milieu psychanalytique, une certaine aversion pour la science ou pour ce qu’on appelle la techno science.

Pourtant, dans la conférence intitulée « la science et la vérité », Lacan insiste sur le fait que c’est bien au nom de ses idéaux scientistes que Freud va notamment rompre avec Jung - qu’il accuse de vouloir rétablir l’idée d’un « sujet doué de profondeur » (p. 858) – quand lui-même un peu plus loin souligne que sa propre position sur la magie « ne laisse pas de flou sur [son] obédience scientifique » (p.870).
On sait que l’hystérique se rebelle devant l’exclusion du désir que requiert le discours scientifique : est-ce cette même raison qui explique l’aversion évoquée ? Sans doute cette exclusion pose t’elle de véritables problèmes lorsque les techniques qui sont l’effet du discours scientifique sont appliquées aveuglément, lorsque l’agent ne cherche pas à compenser l’inhumanité ou la cécité de la technique. S’il est vrai qu’un médecin, par exemple, qui traiterait son patient comme le « tas de viande » auquel la physiologie le réduit d’une certaine façon, pour le constituer comme objet, comme objet de science, a quelque chose d’odieux, nous ne pouvons toutefois pas négliger que la science en général doit sa remarquable efficacité à cette même exclusion.

Que signifie exactement cette exclusion de la subjectivité qu’exigerait la science ?
Cela signifie simplement que le désir du scientifique n’a pas à motiver l’introduction dans la théorie d’une quelconque idée, d’un quelconque concept, qui répondrait à ce désir. Einstein nous fournit ici un bel exemple lorsqu’il déclare que l’introduction, dans la relativité générale, de la fameuse « constante cosmologique » fut la plus grande « bêtise » de sa vie. Il s’agissait pour Einstein d’accorder les formules de la relativité générale avec l’idée d’un univers statique et éternel, idée que la théorie n’impliquait pas. Il se soumettra finalement à l’épreuve des faits et se rangera à l’idée d’un univers en expansion que nécessitait l’interprétation des observations de Hubble (lequel constate un décalage vers le rouge du rayonnement électromagnétique des étoiles les plus lointaines et qui suppose que celles-ci s’éloignent de nous à une vitesse très élevée. Vitesse qui ne serait autorisée qu’à la condition que l’univers soit en expansion, et non en extension.)

Pourtant l’expression « exclusion de la subjectivité » prête à confusion : signifie-t-elle que la science se développe sans impliquer un « sujet » qui serait le support ou le corrélat de ce développement ?

Lacan, se référant explicitement à Koyré, nous dit que le sujet auquel la psychanalyse a affaire est précisément le « sujet de la science », dont il dit également qu’il est, ce sujet, celui du cogito de Descartes.

Tout cela ne va pas de soi.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 10:10

Part II

La révolution galiléenne
Revenons d’abord sur ce moment historique, cette révolution dont est sortie la science moderne, et qui doit être associée au nom de Galilée bien plus qu’à celui de Copernic.
La révolution copernicienne, c’est, dit-on, l’héliocentrisme. Or l’hypothèse héliocentrique avait déjà été proposée par Aristarque de Samos, au IIIème siècle avant Jésus Christ. Il y a toutefois un point à retenir dans l’aventure copernicienne : le pape Clément VII n’avait pas critiqué ces hypothèses et le clergé avait même encouragé la poursuite des travaux de recherche dans ce cadre héliocentrique.
La raison en était vraisemblablement d’une part la grande efficacité pratique de ce modèle (sur lequel l’Eglise s’appuiera pour l’élaboration du calendrier dit « grégorien ») mais surtout et d’autre part le fait que Copernic ne prétendait pas apporter ainsi la Vérité.
Le modèle copernicien se présente donc comme un simple moyen de rendre compte efficacement des phénomènes, sans prétention relative à cette Vérité dont l’Eglise avait le monopole. C'est-à-dire que le savoir scientifique de Copernic se présentait déjà comme disjoint de la Vérité.
C’est justement parce qu’il affirmait que l’héliocentrisme était la Vérité que Galilée a eu quelques ennuis avec l’Eglise. Rappelons que le cardinal Barberini, devenu le pape Urbain VIII, n’avait cessé de le protéger tout au long de sa carrière, lui demandant régulièrement et avec plus ou moins de force de renoncer, non pas à ses recherches dans le cadre héliocentrique, mais simplement à cette prétention à la Vérité. C’est le pape lui-même qui commuera sa peine d’emprisonnement à vie en simple assignation à résidence.

En quoi consiste alors le caractère révolutionnaire de la science galiléenne ?
Dans « Il Saggiatore », « L’Essayeur », il écrit :

« La philosophie est écrite dans cet immense livre qui se tient toujours ouvert devant nos yeux, je veux dire l'univers, mais on ne peut le comprendre si l'on ne s'applique d'abord à en comprendre la langue et à connaître les caractères avec lesquels il est écrit. Il est écrit dans la langue mathématique et ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques, sans le moyen desquels il est humainement impossible d'en comprendre un mot. Sans eux, c'est une errance dans un labyrinthe obscur. »

La science physique, si elle doit certes beaucoup à la méthode expérimentale, doit plus encore au langage dans lequel elle s’écrit, c'est-à-dire le langage mathématique. A vrai dire, il ne resterait quasiment rien de la physique si on en supprimait les mathématiques. Il suffit de considérer un concept très simple comme celui de « vitesse » pour s’en convaincre : V= D/T.

Il faut donc à cet égard se défaire de l’illusion selon laquelle la science se contenterait de généraliser, par induction, des observations pour ensuite n’en donner qu’une évaluation statistique.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 10:10

Part III

La supposition d’un réel en soi
La science aurait pour objet les lois que le « réaliste » [le « réalisme » en sciences désigne cette croyance philosophique selon laquelle c’est le réel en soi que la science prétend décrire] suppose être celles qui régissent les phénomènes, les lois de la nature, et non les phénomènes eux-mêmes : la grande idée de Newton n’est pas que toutes les pommes tombent ! Il reprend à Robert Hooke l’idée que les corps s’attirent en fonction de leur masse et de la distance qui les sépare et il en donne une formule mathématique.
Einstein, lui-même partisan d’un réalisme modéré, compare le travail du physicien à celui d’un homme qui chercherait à comprendre le fonctionnement d’une montre dont le cadran est scellé et dont on ne peut observer directement le mécanisme. Einstein suppose donc l’existence de lois du réel (le mécanisme de la montre), que la physique se donnerait pour tâche de représenter le plus fidèlement possible (cf. « l’évolution des idées en physique » coécrit avec Léopold Infeld). Mais s’il y a des lois du réel, c’est qu’il y a un réel, un réel en soi.
Toutefois, jamais le physicien ne sera en mesure de comparer directement son modèle aux lois qu’il représente. Cette comparaison est même impensable : comment comparer une formule physico-mathématique à une loi supposée de la nature et qui est pour nous invisible ?

Dès lors on peut se demander si la supposition de lois du réel, et plus encore ce réel en soi qu’elles gouverneraient, non pas les lois mathématiques de la physique, mais les lois que celles-ci représenteraient, est bien nécessaire.
La position des positivistes logiques est qu’il n’est absolument pas nécessaire de supposer une quelconque réalité en soi. La science en elle même n’a pas besoin de cette hypothèse encombrante.
Ceci implique que le réalisme de certains physiciens n’est finalement qu’une position philosophique, une croyance métaphysique, qui permet à l’individu – et pas au sujet de la science – de réconcilier tant bien que mal le savoir et la Vérité.

On peut en effet lire de la plume d’Einstein que le physicien « pourra » - « pourra » et pas « devra » -, qu’il pourra « croire » - j’insiste sur le verbe « croire » - à « l’existence d’une limite idéale que la connaissance humaine peut atteindre » et il ajoute « il pourra appeler cette limite idéale la vérité objective ».

On peut alors se demander quelle est la fonction de cette croyance puisqu’elle n’est pas nécessaire au développement de la science elle-même. C’est éventuellement au physicien, à son désir de Vérité, que cette croyance vient répondre.

C’est qu’ici la Vérité est cause de son désir.

Mais l’existence même du courant positiviste montre que cette croyance n’est pas nécessaire au sujet de la science lui-même : le savoir scientifique n’a pas à se soucier du réel en soi, ni de la Vérité comprise dans le sens de « vérité ultime » ou « vérité absolue ».
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 10:11

Part IV

Le savoir ptoléméen et la vérité
A l’inverse du savoir scientifique, le savoir ptoléméen, celui qui prolonge la cosmologie aristotélicienne et qui s’est trouvé intiment associé au discours religieux, prétend conjoindre le savoir et la Vérité, ce qui n’était pas sans effet sur l’individu.

Koyré, dans l’ouvrage intitulé « Du monde clos à l’univers infini », met en évidence ce que cet univers ptoléméen pouvait avoir de rassurant pour l’individu et de quelle façon cette représentation pouvait agir sur son désir : l’homme s’y trouve au centre d’un cosmos aux dimensions acceptables, l’œil de dieu braqué sur lui, le spectacle de l’harmonie céleste éternelle offerte à son regard. C’est relativement à ce cosmos qu’il se définissait, comme élément privilégié de ce Tout, motivé par la Beauté de la sphère des fixes à en rejoindre la perfection par sa conduite. Le désir de l’homme, pour peu qu’il se tienne à la hauteur de son statut, est donc de tendre vers cette perfection céleste.
Là encore, la Vérité est cause du désir.

Faut-il voir dans le réalisme d’Einstein une survivance de cette conjonction (entre le savoir et la Vérité) qui s’était imposée pendant des siècles ? J’y serai effectivement porté, soutenu dans cette hypothèse par ce que révèle cette formule :

"L'émotion la plus magnifique et la plus profonde que nous puissions éprouver est la sensation mystique. Là est le germe de toute science véritable. Celui à qui cette émotion est étrangère, qui ne sait plus être saisi d'admiration ni éperdu d'extase est un homme mort. Savoir que ce qui nous est impénétrable existe cependant, se manifestant comme la plus haute sagesse et la plus radieuse beauté que nos facultés obtuses n'appréhendent que sous une forme extrêmement primitive, cette certitude, ce sentiment est au cœur de tout sens religieux véritable" (Correspondances d'Einstein. Les Presses de la Connaissance 1975).

En résumé, l’homme de science qu’était Einstein avait besoin de croire qu’il approchait la Vérité et que la science allait arracher quelques secrets au réel en lui-même, mais la position requise par la science, celle du sujet de la science, exige au contraire que la question de la Vérité soit évacuée.

Koyré explique qu’à partir de la science galiléenne, l’homme ne peut plus se définir (c'est-à-dire définir le sens de son existence) par rapport à l’univers : il se retrouve perdu dans un univers infini. On se souvient à cet égard de la formule de Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » ; c'est-à-dire que l’univers ne parle plus. Le savoir cosmologique n’offre plus à l’homme de réponse : il ne lui dit plus rien de son désir, du sens de l’existence, de la Vérité.
Il faut toutefois souligner ici que, à l’époque de Galilée, l’idée d’espace infini ne s’est pas imposée dans la science de la même façon qu’elle a pu le faire chez Giordano Bruno au siècle précédent. Ce dernier fondait son affirmation sur l’impossibilité d’imposer une limite à la création divine, c'est-à-dire qu’il estimait que seul un univers infini était à la mesure de la puissance divine. Un univers dont l’absence de limite témoigne de la puissance du créateur peut aisément fournir un soutien au désir et au sens.

Si l’univers infini provoque l’effroi de Pascal, c’est avant tout parce qu’il est silencieux. Et si cet univers est supposé infini par la science galiléenne, c’est avant tout parce que l’espace interstellaire est conçu d’après le modèle de l’espace géométrique. Le concept d’espace en géométrie euclidienne suppose trois dimensions mais n’implique aucune limite à leur extension.

En bref, l’univers infini du mystique ou du croyant n’est pas l’univers infini du sujet de la science.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 10:12

Part V

Le sujet du cogito, sujet de la science
Essayons de préciser ce qu’il en est de ce sujet.

Ce sujet serait celui du cogito. Revenons sur ce moment historique.

Descartes en réalisant le doute hyperbolique, en doutant de tout (du savoir des anciens, de ses propres expériences et du monde qui l’entoure, de son propre corps et jusqu’à la vérité des énoncés mathématiques élémentaires comme « 2+2=4 »), exclut dans ce mouvement négatif toute une tradition dans laquelle la Vérité et le savoir étaient conçus comme inséparables.
Ne reste de cette exclusion que la certitude du doute – puisqu’on ne peut douter qu’on doute – qui est considéré comme un acte de pensée. De la certitude de penser, Descartes déduit celle de son existence.
C’est à partir de là que le travail de reconstruction rationnelle du monde peut commencer. Toutefois, Descartes ne peut s’assurer du pouvoir que possède la raison, libérée de toute « Révélation », de connaître par elle-même le monde qu’à la condition expresse que dieu existe et qu’il n’est pas trompeur, ce qu’il s’emploie à démontrer. Dieu est le garant de la Vérité parce qu’il en est le créateur : c’est lui qui a décidé que « 2+2=4 ».
A partir de là, l’homme a les mains libres : son savoir peut se développer sans qu’il ait à se soucier de la Vérité, c'est-à-dire de la signification du savoir qu’il élabore.
La science ne veut rien savoir de la Vérité, du Sens de l’existence ni du Désir. De cette science Lacan dit « que la vérité comme cause, elle n’en voudrait rien savoir » (P.874)
Son corrélat, le sujet de la science, n’a pas à se questionner sur la Vérité, le Sens ou le Désir ; mais cela n’empêche pas que l’homme de science puisse lui se poser quelques questions.

Tournons nous maintenant du côté du savoir scientifique et de sa structure pour essayer de cerner en quoi il est effectivement indépendant de la question de la Vérité et en quoi cela conditionne son « sujet ».
Une théorie physique est un système d’énoncés. Elle suppose des propositions premières, données ou posées, comme les principes, tels que le principe d’inertie, dont le statut est sans doute analogue à celui des axiomes en mathématiques.
Ces énoncés premiers permettent d’unifier les énoncés d’observation et les règles abduites à partir de la pratique expérimentale en en faisant des équivalents de théorèmes ; c'est-à-dire que les énoncés empiriques sont déductibles, en droit si ce n’est en fait, de ces propositions premières.
C’est la théorie elle-même qui définit, ou construit son objet en déterminant ce qui de la chose qui se présente, du phénomène, va pouvoir être pris en considération pour falsifier ou corroborer les conjectures déduites du noyau dur de la théorie.
Nous pouvons nous aider d’une analogie pour mieux saisir ce que signifie cette idée que l’objet est construit à partir du donné: Lacan nous dit qu’il n’y a pas de science de l’homme (P. 859), c'est-à-dire pas de science de l’homme dans toute sa richesse et sa complexité. Chaque science qui semble porter sur l’homme construit son propre objet à partir de ce donné qu’est l’être humain. Si Lacan évoque Lévy-Bruhl ou Piaget, nous pouvons tout aussi bien nous référer à la psychologie cognitive : son objet n’est pas l’homme, mais ce qui, en lui, concerne la cognition, et la cognition telle qu’elle-même la définit et la caractérise (1). Exactement de la même manière, ce que Piaget mesure dans l’enfant n’est rien d’autre que l’aptitude de l’enfant à répondre aux questions qu’il a lui-même choisi de lui poser.

Notons que la particularité de ces sciences, dites « humaines », tient à ce que le sujet de chaque science s’y trouve, dit Lacan « en exclusion interne à son objet » (P. 861) ; ce que je comprends ainsi : le sujet d’une de ces sciences y est aussi son objet (le sujet est à la fois agent et objet). Ce que Levy Strauss découvre, comme sujet de la science « anthropologique », sur les règles de structure qui ordonnent la vie d’une société primitive, n’est pas fondamentalement différent de ce qu’est capable d’en dire un « informateur » appartenant à cette même société ; et cet informateur se montrera parfaitement capable de retracer les liens structuraux que Levy-Strauss découvre, pour peu qu’il s’en tienne à ce qui est requis par l’anthropologie structurale de son sujet. Une partie du contenu de cette science est donc constituée de ce sujet qu’elle requiert, qu’elle requiert parce qu’une science ne peut pas se développer toute seule, et qu’elle détermine, en lui imposant ce qu’elle en exige.

Le sujet de la science physique n’est pas dans cette position d’ « exclusion interne » à son objet.

Je récapitule : une théorie physique est un système d’énoncés qui repose sur une axiomatique, justifiée et contrôlée par l’expérimentation.

Ces axiomes déterminent la limite interne de ce système, c'est-à-dire qu’ils définissent les conditions qui feront que tel ou tel énoncé sera ou non compatible avec la théorie. Par exemple, l’énoncé qui définirait un triangle dont la somme des angles est supérieure à 180° est incompatible avec les axiomes de la géométrie d’Euclide.

C’est ainsi que nous pouvons aussi illustrer l’idée de façon non « mécaniste », non « mythique », que toute symbolisation implique un refoulement originaire : le triangle dont la somme des angles est supérieure à 180° est a priori « refoulé » de la géométrie euclidienne.

C’est en raison de ce type de limite interne, que l’on suppose pour tout discours, qu’aucune science ni aucun savoir ne peut prétendre atteindre un réel en soi.

On pourra alors distinguer la réalité qui résulte d’une symbolisation – dire que la science construit son objet est donc identique à dire qu’elle constitue sa propre réalité- et le réel, qui n’est pas le noumène kantien, qui n’est pas le réel en soi, lequel reste une supposition métaphysique, mais qui est ce qui marque la limite d’un système symbolique. Le réel se définit alors négativement comme ce qui ne se laisse pas symboliser dans un système donné. C’est à l’occasion de l’échec de ce système que se révèle ce qui est son réel.

Le sujet de la science c’est le sujet qui est requis pour l’exercice et le développement de cette science, celui qui est conditionné par la stricte observation des exigences qui la caractérisent.
Ce sujet est notamment nécessaire pour garantir l’adéquation du discours scientifique à son objet, celui là même que ce discours construit à partir du monde qui l’entoure. Le fait scientifique n’est pas un fait brut, c’est un fait symbolisé par le discours scientifique.
Ce qui n’est pas symbolisé par un discours peut être de deux types :
-Soit il s’agit d’un non symbolisé mais qui est symbolisable ; et c’est là que le sujet de la science est attendu pour en prolonger l’empire.
-Soit le non symbolisé n’est pas symbolisable en raison des limites internes à toute théorie.

C’est donc le système symbolique qui définit sa réalité et, de façon négative, son réel.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 10:13

Part VI

La suture du sujet
Le sujet qui est le corrélat de la science, nous dit Lacan, est un sujet que la science a tenté, au travers de la logique moderne, de « suturer », mais sans y parvenir.
Que signifie cette « suture » du sujet ?

Médicalement, une suture est une opération qui consiste à rapprocher les lèvres d’une plaie pour en rapprocher les tissus en vue de sa cicatrisation. Si on entend métaphoriquement cette définition, il s’agirait de rapprocher les lèvres du sujet pour le faire taire. Cela reste encore trop vague.
Je crois que c’est dans le projet formaliste de Hilbert que se manifeste le plus clairement ce qu’il en est de cette tentative de « suture ».

La solution donnée aux paradoxes logiques rencontrés en théorie des ensembles, solution qui consiste à définir axiomatiquement le concept mathématique d’ensemble de façon à ce que les paradoxes ne soient pas possibles – qu’ils soient en quelque sorte « prévenus » dès la racine, avait fait naître l’idée que les défauts rencontrés en logique et en mathématiques venaient d’une ambiguïté de certains concepts, ambiguïté elle-même due à la trop grande part laissée à l’intuition du mathématicien dans son travail.

Le programme de Hilbert prévoyait donc l’élimination de toute intuition par la définition précise et rigoureuse des objets logico mathématiques (2), des règles déductives ainsi que des algorithmes nécessaires à la résolution des problèmes posés. Une fois tout cela défini, la déduction des théorèmes doit se faire de façon purement « mécanique », c'est-à-dire que le sujet n’a plus besoin de se questionner sur le sens qu’il peut donner aux formules pour réaliser ces déductions : ce sujet serait « sourd, aveugle et muet » et pourrait théoriquement être remplacé par une machine.

Lacan nous dit que ce sont les théorèmes d’incomplétude de Gödel qui ont signé l’échec de cette tentative (P.861).

Je vais essayer de comprendre cela.

Le premier théorème d’incomplétude de Gödel établit que pour tout système formel du premier ordre, récursivement axiomatisable et contenant l’arithmétique de Peano, il existe au moins une formule indécidable à l’intérieur du système. On dit d’une proposition P qu’elle est indécidable si ni P ni (non P) ne sont démontrables dans le système considéré. Tout système contenant une proposition indécidable est dit alors « incomplet ».
Le physicien Stephen Hawking propose dans une conférence intitulée « Gödel and the end of physics » une vulgarisation de ce théorème.
Soit G une formule qui peut s’interpréter comme exprimant le fait que la formule G n’est pas démontrable, ce qui est possible avec une théorie suffisamment complexe pour contenir l’arithmétique de Peano.
Si G est démontrable, alors G n’est pas démontrable: nous débouchons sur une contradiction.
Mais si G n’est pas démontrable ? Dans la mesure où justement cette formule exprime l’idée que G n’est pas démontrable, peut-on dire qu’elle est vraie ? (Hawking le prétend)
D’un point de vue formaliste, il est incorrect d’inférer que G est vraie : la notion de vérité en logique possède une signification précise. Elle fait intervenir les concepts rigoureusement définis de théorie et de modèles d’une théorie : l’intuition de l’individu (relativement à la valeur de vérité d’une théorie ou d’un énoncé) ne saurait constituer un critère logiquement recevable.
En revanche, les platoniciens hésiteront peut-être moins à interpréter ainsi ce théorème. On peut lire dans de nombreux ouvrages que ce théorème montre qu’il existe, en mathématiques, des formules vraies mais indémontrables, ce qui n’est pas sans provoquer l’indignation –qui me paraît légitime- des formalistes : en effet, si une formule telle que G peut être dite « vraie », ce n’est pas au sens mathématique du terme. Je dirai que c’est seulement pour celui qui quitte la position de sujet de la science que ce mot « vrai » peut être employé alors. L’affirmation que G est vraie supposerait d’une part la capacité de l’individu à identifier la vérité au-delà de tout critère formel et, d’autre part, l’existence d’une vérité indépendante de ces critères : ce sont là des croyances extra scientifiques.

C’est là que nous pouvons observer le retour de ce qu’exclut la position de sujet de la science, le retour d’un sujet doué d’intuition, prétendument capable de reconnaître de lui-même une certaine forme de vérité, une vérité intuitive, au-delà de ce que la science définit comme étant la vérité logique. Ce sujet soi disant doué d’intuition est un sujet désirant, ce n’est pas le sujet de la science.

Comment faut-il alors comprendre la tentative de suture du sujet de la science et l’échec de celle-ci ?

J’ai sur ce point plus de questions que de certitudes.

La suture réussie serait elle l’exclusion définitive et radicale de ce que le discours scientifique requiert d’ « autre » que lui comme support ou centre de l’énonciation qui le constitue ?
L’échec de la tentative de suture se manifeste t’il dans la rencontre des impossibilités logiques ?
L’affirmation platonicienne d’une possibilité d’affirmer la vérité là où le discours formel rencontre cette impossibilité est il le symptôme de cet échec ?
Si le « platonicien » est un sujet désirant et s’il ne doit donc pas être confondu avec le sujet de la science, celui qu’elle a échoué à suturer, il n’est donc que le symptôme de l’échec de la suture.
Où s’observerait alors l’échec de cette suture, c'est-à-dire cette persistance du sujet de la science ?

Les théorèmes d’incomplétudes de Gödel impliquent que l’on pourra toujours inventer et ajouter de nouveaux axiomes et créer de nouveaux systèmes formels (si un énoncé est indécidable dans un système, on peut toujours créer un nouveau système à l’aide du précédent – ou de sa négation- auquel on adjoindra l’axiome correspondant à cet énoncé indécidable).
Auquel cas, il faudra toujours un sujet, réduit sans doute à sa plus stricte expression, pour poser ces axiomes nouveaux.

Einstein disait : "Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un! "

Je ne suis pas convaincu que les machines puissent un jour résoudre tous les problèmes, mais il est certain que c’est toujours un sujet désirant qui les posera, et c’est le sujet de la science qui devra décider des axiomes requis pour qu’une solution à un problème donné soit possible.

Toutefois, je dois insister sur l’incertitude qui reste attachée à la lecture que je fais de cette conférence : j’ai, en gros, opposé le sujet de la science – celui qui n’aurait pas à s’interroger sur la vérité- au sujet désirant qui serait, lui, éventuellement concerné par la question de la vérité. Mais un petit paragraphe suggère que j’ai peut-être fait fausse route : « Et revenir encore sur ce dont il s’agit : c’est d’admettre qu’il nous faille renoncer dans la psychanalyse à ce qu’à chaque vérité réponde son savoir ? Cela est le point de rupture par où nous dépendons de l’avènement de la science. Nous n’avons plus pour les conjoindre que ce sujet de la science. » (P. 868)
Si ce sujet de la science se trouve être le dernier point de conjonction entre le savoir et la vérité, c’est qu’il est manifestement incorrect de dire qu’il n’est pas concerné par cette dernière. J’avoue ne pas être capable de surmonter cette difficulté.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 10:14

Part VII

Pourquoi la psychanalyse réclame-t-elle le sujet de la science ?

On dit parfois qu’une psychanalyse a pour fin la désupposition du savoir de l’analyste. C'est-à-dire qu’il y a à reconnaitre qu’il n’y a pas de savoir ultime ou absolu, un savoir qui justement incarnerait, comme le voulait Hegel, LA Vérité. Le savoir n’est pas garanti par un dieu souverainement bon : il n’est pas possible de dire « le vrai sur le vrai ». Et cela est impossible parce qu’il n’y a pas de métalangage ; ce qu’on peut comprendre de ces deux façons (que je crois équivalentes) :
1) Si la vérité se reconnait à l’adéquation d’un discours à son objet, tout ce qui pourra être dit de cette adéquation ne pourra s’énoncer que du lieu du langage. Comment le langage pourrait il dire quoi que ce soit de lui-même (et d’un objet que le langage constitue) sans éviter l’auto référence ?
2) Aucun discours ne saurait se constituer sans impliquer de limites internes.


Il n’y a que le sujet de la science qui puisse reconnaître cette impossibilité, ce « réel ».
Pour le sujet du mythe ou de la religion, il y a une vérité ultime ; mais comment un tel sujet, s’il est « certain » de l’existence de cette vérité, pourrait-il entendre une interprétation en analyse autrement qu’à la lumière de ses croyances ?

On répondra qu’il y a des croyants qui font une analyse ; mais ces croyants sont nécessairement « divisés » à l’endroit de leur croyance (faute de quoi ils ne commenceraient pas l’analyse) et si l’analyse peut progresser, n’est-ce pas au sujet de la science qu’ils abritent que nous le devons ?
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 12:51

Merci pour ce merveilleux partage de savoir qui est si rare de nos jours..même parfois avec les amis.
Je vais lire cela un crayon à la main et revenir vers toi pour les questions.
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amitiés
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 13:07

Si vraiment tu as le courage de te coltiner ça... alors bravo et merci cher Gibet(j'ai beaucoup de mal à trouver des lecteurs pour mes textes Laughing ).

Maintenant je ne serai pas contrit que d'aucuns se permettent des commentaires sans avoir lu (Je sais que Mab a déjà tout lu et déjà préparé une critique acerbe mais fondée et justifiée )... du moment que c'est humoristique...

Je sais aussi que Tiresias va déjà me reprocher une conception non iductiviste de la science Wink

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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 14:35

Pour les copain(e)s :

Inductivisme = manière empiriste de rendre compte de l’élaboration/origine des théories scientifiques. Le premier à l’avoir soutenue : F.Bacon. Les énoncés universels sont issus de l’observation d’une multitude de cas particuliers. C’est donc l’expérience qui précède la théorie, et en est l’origine et la base.

Induction
=
Raisonnement qui consiste à partir des cas particuliers et à généraliser à partir d’eux.

Vous avez tout compris ...donc vous pouvez comprendre le reste . Je m'y plonge cette nuit ...car la nuit porte conseil!!!
GIBET
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 15:54

Remarque : depuis Pierce nous avons appris à distinguer rigoureusement "induction" et "abduction".
Une partie des conflits épistémologiques du XXème siècle se résolvent par cette précision terminologique.

L'induction au sens premier n'apporte que des constats de faits généralisés.
L'essentiel du travail d'abduction consiste à formaliser les relations entre les faits. C'est une démarche qui requiert autre chose que l'observation et qui en passe, en physique, par un travail de recherche mathématique


(il n'est pas possible d'induire, au premier sens du terme, l'idée d'une courbure de l'espace temps: cette idée résulte d'une interprétation du formalisme mathématique employé en physique)

Les conflits persistent sur l'interprétation du statut des théorisations abduites (réalisme faible ou fort contre positivisme).
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 16:48

Putain, je comprends que les mecs rechignent à te lire, j'ai le cerveau en ébulition là !! zwq:
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 18:52

Laughing moi aussi je les comprends (c'est beaucoup plus drôle* à écrire qu'à lire)


* faut pas oublier que j'ai des ancêtres fflamands... et le sens de l'humour qui va avec drunken
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime1/12/2011, 18:59

C'est ainsi que le travers du raisonnement inductif, au même titre que la généralisation, produit de grotesques syllogismes.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 08:55

Garance a écrit:
C'est ainsi que le travers du raisonnement inductif, au même titre que la généralisation, produit de grotesques syllogismes.

Tu as raison: c'est tout simplement la même chose: induire = généraliser.. encore qu'il faille préciser...

Les équations de Maxwell constituent une généralisation, dans la mesure où elles subsument et unissent les équations relatives à l'électricité et au magnétisme.

Ce n'est pas cette généralisation là qui constitue l'induction.

Induire = universaliser une affirmation sur la base d'énoncés existentiels.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 09:24

Je me plaçais sur le plan du langage, donc extra-scientifique, Quantat.
Du raisonnement inductif découle la syllogistique, d'où découle la sophistique.


Extrait de ton exposé :

Citation :
1) Si la vérité se reconnait à l’adéquation d’un discours à son objet, tout ce qui pourra être dit de cette adéquation ne pourra s’énoncer que du lieu du langage. Comment le langage pourrait il dire quoi que ce soit de lui-même (et d’un objet que le langage constitue) sans éviter l’auto référence ?
2) Aucun discours ne saurait se constituer sans impliquer de limites internes.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 09:31

Citation :
Du raisonnement inductif découle la syllogistique, d'où découle la sophistique.

La syllogistique ne repose pas du tout sur l'induction... tu ferais hurler les logiciens avec une telle affirmation (ou alors je comprends pas ce que tu veux dire)
Et la sophistique repose sur la transgresson des lois syllogistiques (entre autres)...

Donc j'ai un petit problème avec ces deux affirmations... (je ne dis pas qu'elles ne sont pas cohérentes: mais pour l'instant je ne saisi pas l'intention qui garanti cette cohérence)


Les extraits cités signifient simplement que la question de la vérité s'incrit définitivement dans le langage... et qu'il n'existe pas de métalangage
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 09:42

Le raisonnement logique d'Aristote induit le syllogisme, et la sophistique n'est que l'avatar du syllogisme. Nous sommes donc dans le domaine de l’épistémè.
Merci de ne pas me prendre pour une imbécile. Wink
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 09:46

Tiens j'ai fait un magnifique lapsus calami...

j'ai écrit "je ne saisi pas l'intention qui garanti cette cohérence"

Saussure a repéré le même phénomène sur des milliers et des milliers de poèmes antiques et plus récents... il a rédigé des dizaines de cahiers contenant ces études: il n'a jamais voulu les publier (cf. Jean Starobinski "les mots ous les mots")
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 09:48

Garance a écrit:
Le raisonnement logique d'Aristote induit le syllogisme, et la sophistique n'est que l'avatar du syllogisme. Nous sommes donc dans le domaine de l’épistémè.
Merci de ne pas me prendre pour une imbécile. Wink

Je te promets que je ne te prends pas pour une imbécile...

Le raisonnement logique codifié par Aristote prend la forme du syllogisme... je suis d'accord... mais je ne comprends pas pourquoi tu dis que la sophistique est l'avatar du syllogisme...
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 09:57

Entre autres, si les prémisses du syllogisme ne sont pas vérifiables, ou non valides, on aboutit à une conclusion absurde, donc à un sophisme.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:04

Non: tu confonds la vérité formelle et la vérité matérielle.
Des premisses matériellement fausses n'excluent pas un raisonnement formellement valide.

Rigoureusement parlant, il y a sophisme lorsqu'une règle logique a été transgressée, indépendamment de la vérité matérielle des premisses ou de la conclusion.

Par exemple

"Tout les triangles sont des quadrilatères, donc quelques quadrilatères sont des triangles" n'est pas un sophisme, même si les deux propositions sont matériellement fausses: le raisonnement est valide (Si tout x est élément de E, alors quelques éléments de E sont des x)

En revanche
"tous les triangles sont des trilatères donc tous les trilatères sont des triangles" est un sophisme, bien que les deux propositions soient matériellement vraies

source: "introduction à la logique contemporaine" de Robert Blanché

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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:07

Les principes logiques dont la transgression produit un sophisme sont d'abord les principes fondamentaux de la logique propositionnelle (prindcipe d'identité, de non contradiction, modus ponens et modus tollens).
A l'étage du dessus (logique du premier ordre) il y a la transgression des règles ensemblistes.

Le principe du tiers exclu peut être ou non posé comme axiome
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:10

J'ai tenté d'être lapidaire, en ne prenant qu'un exemple simple, afin que mon propos soit accessible à tous, tant pis pour moi !
J'abandonne. Wink
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:21

Je voulais pas te faire fuir Garance... Sad

Bon, en tous cas je veux que tu sois bien convaincue que je te prends pas du tout pour une conne...
j'ai sans aucun doute le gros défaut, lorsqu'on parle de certains sujets, de vouloir être peut-être trop précis et de ne pas laisser de place à la "poésie"...

Faut que tu me pardonnes... et puis j'ai plein d'autres défauts en plus...

eyk:

Je trouve pas de fleurs dans les smileys, alors je t'envoie celle là flower
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:25

Garance a écrit:
J'ai tenté d'être lapidaire, en ne prenant qu'un exemple simple, afin que mon propos soit accessible à tous, tant pis pour moi !
J'abandonne. Wink
Rôô,que tu es suceptible^^

Après tout ça vous pouvez me donner un cachet d'aspirine lol!
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:32

Coco;) bel oeil a écrit:
Garance a écrit:
J'ai tenté d'être lapidaire, en ne prenant qu'un exemple simple, afin que mon propos soit accessible à tous, tant pis pour moi !
J'abandonne. Wink
Rôô,que tu es suceptible^^


Non c'est moi qui ait été un peu trop con sur ce coup là...
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:42

Oui,mais tout le monde fait des erreurs,donc voilà ,reprenez que je lise quand même^^
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 10:53

Nannan, je ne suis nullement susceptible "Science et vérité" Lacan 77429814, mais une fervente adepte de l'aquoibonisme, voire souffrant parfois d'un fâcheux penchant pour l'oblomovisme. "Science et vérité" Lacan Dodoo10

Alors, après cet aveu, ne te fais pas de souci, Quantat. nvx:
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 16:40

Comment comment ..de la procrastination?
Et les spectateurs alors? Il faut les rembourser? Ils recevaient leur salaire de la journée par la qualité d'un échange qui obligeait à réfléchir avant de parler. Nous étions muets ...mais là!!!
Dieu sait qu'il y a des conneries dites sur les forums , à quoi l'on peut même penser qu'ils seraient fait pour cela Wink
Mais il n'y en avait pas dans ces deux lames qui fouraillaient non pour pénétrer les corps mais pour exercer l'esprit.
Quand deux lames se frôlent leur énergie s'annulent, c'est pourquoi de temps en temps il faut les reprendre en main les caresser et les détordre, puis revenir pour que les spectateurs n'y voit, à nouveau, que leur éclat.
Bravo à tous les deux...à demain donc, faux "oblomovastes"
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 17:20

Bon ben tout ça ça reste quand même de la branlette intellectuelle !! "Science et vérité" Lacan 170160427
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 18:38

@ Gibet :


Considérant mon niveau de connaissances, celui de Quantat vole trop haut pour moi. Wink
Je pourrais faire l'effort de le suivre, mais cela me contraindrait à faire l'impasse sur mes centres d'intérêts, de plus je ne suis pas certaine d'en être intellectuellement capable.

D'où mon aquoibonisme. Very Happy

C'est pourquoi, Quantat n'étant nullement mis en cause dans ma décision, je préfère lâchement abandonner la discussion, afin de retrouver la bohème de mon univers, fait de bric et de broc. jocolor study

Ceci dit, attention Quantat ! Car, entre deux rêves éveillés, je pourrais avoir un sursaut d'inconscience, et revenir me confronter à ton savoir d'expert. Wink Very Happy
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime2/12/2011, 20:35

Briard a écrit:
Bon ben tout ça ça reste quand même de la branlette intellectuelle !! "Science et vérité" Lacan 170160427


Tu n'as pas tout à fait tort, mais il faut huiler les neurones, afin qu'ils ne se rouillent pas. "Science et vérité" Lacan Saoul10
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime3/12/2011, 02:18

Ça y est ils vont nous faire "la Hurlette " et "Jeanne Sourza" dans l'émission de radio "sur le banc"
Ah l'époque? ...1956/1959 Very Happy Very Happy Very Happy




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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime3/12/2011, 09:38

Wouhaaa !! super Gibet que de souvenirs remontent d'un coup là !! Merci Ami.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime3/12/2011, 11:02

Je ne connaissais pas l'existence de ce duo jouant le rôle de clochards, mais je le trouve attendrissant, voire pathétique d'innocence enfantine. Je ne sais si ce sketch se voulait humoristique, mais il me mettrait plutôt mal à l'aise. No
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime3/12/2011, 14:17

Briard a écrit:
Bon ben tout ça ça reste quand même de la branlette intellectuelle !! "Science et vérité" Lacan 170160427

Pas d'accord Briard

Tout ce que j'ai évoqué ci avant sont des sujets qui me tiennent réellement à coeur et qui ont des incidences très concrètes dans ma vie... même si je comprends que ça puisse paraître bizarre...

Je deteste la branlette intellectuelle... (c'et d'ailleurs pour ça que j'aurai jamais l'agégation et que je ne peux pas lire les bouquins de mon beauf)

Je comprends très bien et respecte parfaitement qu'on ne s'interesse pas aux même sujets... c'est pourquoi je comprends que pour quelqu'un qui ne s'y interesse pas, il n'y ait pas moyen de distibguer la branlette intellectuelle d'un véritable questionnement...

Pour te donner une analogie: imagine un peu l'impression que ça peut faire pour quelqu'un qui ne s'interesse pas aux bécanes une discussion sur les détails mécaniques... ils aurait la même impression que toi en me lisant...



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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime3/12/2011, 14:44

Ami Quantat j'ai mis des phrases en vert sur ton travail...c'était ma façon de travailler au crayon sur écran. maintenant je vais travailler mes réflexions personnelles et mes questions puis je remettrai ton texte dans sa couleur original. Je travaille de plus en plus directement sur écran et j'aurai dû faire un copier/coller Mais là je suis directement parti sur ton texte.
Quand on le lit tranquillement il n'est pas si compliqué que cela à lire et à comprendre
J'invite ceux qui ont du mal à lire ce que j'ai surligné en vert ..je crois qu'il auront une simplification et un fil rouge pour te suivre
Amicalement et merci d'avoir eu la gentillesse de nous mettre ton travail dansn cette énorme somme de travail sur les philosophes
J'attends Tirésias
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime3/12/2011, 14:51

Citation :
Quand on le lit tranquillement il n'est pas si compliqué que cela à lire et à comprendre

Merci Gibet: je fais vraiment tout mon possible pour simplifier à l'extrême mes pensées...et je suis content quand j'y parviens...
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime3/12/2011, 16:24

Quantat, ce n'est pas ton travail que je qualifie de "branlette intellectuelle", mais la discussion qui s'en est suivie !!

Désolé si je t'ai froissé de quelque manière que ça puisse être.
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MessageSujet: Re: "Science et vérité" Lacan   "Science et vérité" Lacan Icon_minitime

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