« J’en ai assez de la télévision et des médias
qui déforment systématiquement
les cent trente années de présence français
en Algérie »
Entretien avec Roger Soncarrieu, auteur de « Vérités oubliées de la Guerre d’Algérie » (éditions Dualpha)
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Pourquoi écrire autant sur la guerre d’Algérie ?Cette période de ma vie, incontestablement, m’a marqué. À force de lire et d’entendre nombre de contre-vérités, je me suis finalement décidé à apporter mon témoignage.
Ma vérité sur la guerre d’Algérie retrace mes engagements pour une Algérie que je pensais à jamais française : en Algérie d’abord où, militaire, je suis resté environ quatre années, puis après 1962 lors de mon retour en Métropole.
J’ai ainsi eu l’occasion de rencontrer nombre de personnes engagées pour l’Algérie française qui, en définitive, n’ont fait que me conforter dans le combat pour la vérité que je mène depuis toutes ces années.
Un combat de plus d’un demi-siècle…Oui, au début cela a été à la fois un engagement politique, sur le terrain, puis au sein d’associations de combattants d’AFN, enfin sur le plan social, en direction des Harkis et enfants de harkis, en direction des Pieds-noirs repliés malgré eux en Métropole. Aujourd’hui, avec l’âge, c’est un combat que je mène avec l’écriture, ouvrages d’une part, courriers et articles d’autre part. Chaque fois que je regarde une émission sur l’Algérie à la télévision, chaque fois que j’entends quelque déclaration avec laquelle je ne suis pas d’accord, je réagis. Et en cette année 2012, nous sommes particulièrement « gâtés » !
Votre dernier ouvrage d’ailleurs, Vérités oubliées de la Guerre d’Algérie, est composé de lettres ouvertes adressées aux responsables des chaînes de télévision ou aux hommes politiques ?Oui et comme je le dis en préambule, ces lettres ont toutes été a dressées à leurs destinataires… et j’ai rarement reçu des réponse, mais l’absence de réponse est déjà une réponse en soi : cela montre que ce sont des courriers qui dérangent !
Qu’apportez-vous de plus que dans votre précédent livre Guerre d’Algérie : j’en ai assez ?Là, j’exprimais véritablement mon « ras-le-bol » à propos d’un certain nombre de points concernant la guerre d’Algérie. J’explique ainsi que j’en ai assez d’entendre des contre-vérités à propos d’un De Gaulle qui a renié ses engagements et a trahi la France et les Français. J’en ai assez d’entendre parler des tortures de l’armée française alors que l’on passe gentiment sous silence les exactions du FLN, les attentats, les tortures ou encore les enlèvements. J’en ai assez d’entendre encenser les porteurs de valises ou les poseuses de bombes. J’en ai assez de ce qui se dit à propos des Pieds-noirs présentés toujours comme des exploiteurs de pauvres paysans algériens, alors que l’on ne parle jamais de la mise en valeur d’un pays qui, en 1830, n’était que marécages. J’en ai assez de la télévision et des médias qui déforment systématiquement les cent trente années de présence française en Algérie. J’en ai assez d’accords d’Évian non respectés par l’Algérie et d’un cessez-le-feu qui n’en a pas été un. J’en ai assez des tentatives faites pour que le 19 mars 1962 (célébré comme fête de la victoire en Algérie) devienne la journée nationale des anciens d’Algérie. J’en ai assez d’entendre prôner une repentance française. J’en ai assez aussi que l’on dénigre nos valeurs, que l’on brûle le drapeau français, que l’on siffle La Marseillaise et que dans le même temps, on tolère des chansons ou des écrits anti-français.
Vérités oubliées de la Guerre d’Algérie de Roger Soncarrieu, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 178 pages, 25 euros.