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 Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ?

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MessageSujet: Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ?   Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ? Icon_minitime15/6/2011, 10:50

Séminaire - Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ? from Fondation Copernic on Vimeo.



Citation :
Dans cette vidéo, très intéressante aussi pour qui voudrait découvrir la critique de la valeur, Jappe montre en quoi il faut rompre une bonne fois pour toute avec l'ensemble de la vision tronquée de la société capitaliste-marchande qu'a pu véhiculé le marxisme traditionnel et son cadavre contemporain. Celui-ci depuis le XIXe siècle a unilatéralement dénoncé la seule exploitation de la survaleur sans dénoncer la valeur en elle-même et le reste des formes sociales catégorielles de la vie sous le capitalisme. Cette vision très répandue a toujours compris le travail comme un principe ontologique ayant existé dans toutes les sociétés humaines (ce qu'a contesté l'anthropologie contemporaine en dénaturalisant l'économie), qui serait capté extérieurement par le capital. Le capitalisme est réduit à un simple mode de distribution de catégories supposées être éternelles (travail, argent, valeur...). Il fallait donc dans cette vision « libérer le travail du capital ». La critique de la valeur reformulée ici rapidement par Jappe, démontre au contraire que le travail est un principe social récent au fondement même de la société capitaliste qui émerge à partir du XVIe siècle (l'étude de l'historien Geoffrey Parker sur la « Révolution militaire » permet de comprendre la première diffusion sociale du travail abstrait dans la modernité), mais qui vient corseter véritablement des pans entiers de la vie depuis seulement la fin de la Seconde guerre mondiale. Il faut donc se libérer du travail qui apparaît dans l'histoire quand il devient une activité qui va médiatiser l'ensemble des rapports sociaux modernes et s'auto-médiatiser lui-même dans sa forme suprasensible et invisible, la valeur. Celle-ci, en tant que médiation sociale des sociétés modernes, va se constituer au travers des pratiques des individus inscrites dans certaines formes sociales, en un « sujet automate » (Marx) qui met en mouvement une société construite autour de cette fin en soi irrationnelle pour la croissance de la valeur. Le travail, dans sa double nature (concrète et abstraite) est devenu véritablement le principe d'une nouvelle « synthèse sociale », donc d'une société moderne inédite et complément fétichiste. Dans cette critique, le prolétariat n'a donc jamais été le sujet de l'histoire et la lutte des classes, qui existe bien en tant que conflit d'intérêts immanent à la société capitaliste (entre le travail - abstrait - qui est du capital fluidifié et le capital qui est du travail abstrait fossilisé, deux co-principes d'une même boucle autoréflexive de la valorisation, qui se métamorphosent l'un dans l'autre dans un mouvement auto-expansif qui est le fétichisme réel de la croissance pour elle-même) sans lui être en aucune manière hétérogène, n'est en rien porteuse de son dépassement pouvant nous amener vers les terres d'une nouvelle médiation sociale qui ne serait plus celle du travail et de la valeur.

Comme le remarque la théoricienne allemande Roswitha Scholz (que bien de féministes bourgeoises devraient s'empresser de lire, notamment son livre « Le Sexe du capitalisme » qui développe le concept de dissociation-valeur ou de scission sexuelle), « la vision tronquée que le marxisme traditionnel du mouvement ouvrier avait de ce contexte systémique [de la société capitaliste] consistait en ce qu’il critiquait la « survaleur » dans un sens purement superficiel et sociologique, à savoir au sens de son « appropriation » par la « classe capitaliste ». Ce n’était pas la forme de la valeur fonctionnant en boucle et de façon fétichiste qui était dénoncée comme scandaleuse, mais uniquement sa « distribution inégale ». C’est précisément pour cela qu’aux yeux des représentants de la « critique fondamentale de la valeur » [wertkritik], ce « marxisme du travail » est resté prisonnier de l’idéologie d’une simple « justice distributive ». C’est dans le caractère absurde de fin en soi de la forme marchandise et de la forme-argent totalitaires que réside le problème, tandis que la « distribution équitable » à l’intérieur de cette forme reste assujettie aux lois du système et par là aux restrictions imposées par le système, constituant ainsi une simple illusion. Une simple redistribution à l’intérieur de la forme-marchandise, de la forme-valeur et de la forme-argent, quelle qu’en soit le mode d’application, ne peut éviter ni les crises ni en finir avec la misère globale engendrée par le capitalisme ; le problème central n’est pas l’appropriation de la richesse abstraite sous la forme inabolie de l’argent, mais cette forme même. Ainsi, le vieux mouvement ouvrier avec sa « critique » tronquée du capitalisme formulée dans les catégories inabolies du capitalisme pouvait seulement obtenir – et encore de façon passagère – des améliorations et des allègements immanents au système. Aujourd’hui, dans la crise que vit le système marchand, ceux-ci sont mis en pièces les uns après les autres. Au cours de ce processus, le marxisme traditionnel, et plus généralement, la gauche politique ont repris à leur compte toutes les catégories fondamentales de la socialisation capitaliste, notamment le « travail abstrait », la valeur en tant que principe général prétendument transhistorique et, en conséquence, également la forme-marchandise et la forme-argent en tant que formes générales de rapport social, tout comme le marché universel anonyme en tant que sphère de la médiation sociale fétichiste, etc. Quant à la misère et l’aliénation qui vont de pair avec ce contexte systémique catégoriel, elles devaient être corrigées au moyen d’interventions politiques externes. Cette illusion ne cesse d’être réchauffée encore aujourd’hui et toujours d’une façon délayée à la sauce keynésienne (de gauche) » ( R. Scholz in revue Illusio, 2007).

Ainsi rompre avec une vieille vision du capitalisme devient aujourd'hui plus qu'avant, une nécessité. Ce n'est pas plus le gauchisme subjectiviste opéraïste d'Antonio Negri, le recyclage du marxisme traditionnel avec Slavoj Zizek ou Alain Badiou ou encore la droitisation de l'Ecole de Francfort avec Jurgen Habermas et le plénipotentiaire Axel Honneth (avec sa doucereuse « reconnaissance »), qui permettront de radicalement dénaturaliser l'économie, c'est-à-dire la forme de vie collective inédite dans laquelle vit une large part de l'humanité depuis trois siècles.

Pour ce qui est de « l'Ecole de la régulation » (avec Boyer, Michel Aglietta, André Orléan et cie), on ne le sait que trop, elle n'a fait que réaffirmer l'économie politique bourgeoise d'une nouvelle mouture du keynésianisme qui soit acceptable par un PS en dessous de toute critique. Dans la droite filiation du mythe du New Deal et d'une nostalgie pour le capitalisme de l'Etat-providence des Trente Glorieuses, cette école de sages gestionnaires-apôtres du capitalisme à visage humain, est toujours à la recherche du Graal de la convergence régulatrice entre les divergences capitalistes, le Saint-équilibre permis par des institutions régulatrices relançant l'impériale croissance de la valorisation.

Pour ce qui est enfin de quelques nouveaux observateurs inquiets et très réformistes comme Frédéric Lordon, Paul Jorion, ou Stéphane Hessel, ils se contentent aussi de vouloir une société marchande-capitaliste plus juste et équitable, en renouant trop souvent avec un populisme de gauche qui ne dénonce le vilain et destructif capital financier qu'au nom du bon et sain capital productif, bref qui ne dénonce le « capitalisme de casino » qu'au nom de ce que l'on nomme par un doux euphémisme, l'« économie réelle » (afin de parler du bagne de la société de la valeur). Ce type de dénonciation qui oppose le concret à l'abstrait personnifié, était auparavant le fond de commerce de l'antisémitisme économique « à gauche » (selon la formule de Michel Dreyfus). On voyait aussi les nazis dès années 1920 qui opposaient le capital « créateur » au capital « rapace ». Même généralement dégagé de l'antisémitisme, ce genre de dénonciation est aujourd'hui le type de discours dominant que l'on entend à gauche. Ce discours opère toujours la distinction entre le « nous » (les bons : le principe naturel et concret) et « les autres » (les méchants : le principe artificiel et abstrait). Dans ce discours, il y a donc toujours quelque part un dysfonctionnement (des parasites !) qu'il suffit d'extirper pour que ce monde redevenu sain mais resté intact, aille enfin mieux !

Celui qui se voit déjà en conseiller des Princes et en technicien de la régulation constitutionnelle (!) de la vie capitaliste-marchande (l'économie), l'inénarrable Paul Jorion, reprenait ainsi comme tant d'autres, le sage discours populiste de Nicolas Sarkozy sur le nécessaire partage des richesses (1/3 pour le capital, 1/3 pour les salariés, 1/3 pour l'investissement) pour sortir de la crise. Ah ! Si le pouvoir d'achat avait été respecté nous serions enfin dans le meilleur des mondes ! Tandis que sa théorie des prix incapable de saisir le contexte muet des formes sociales sensibles-suprasensibles historiquement spécifiques à la seule société moderne et qui resteront donc naturalisées, devait nécessairement développer des explications transhistoriques sur les classiques « rapports de force », reprenant la thèse de la philosophie politique bourgeoise depuis le XVIIIe siècle sur l'existence d'un ordre politique au fondement de la société moderne (cf. le livre de Franck Fischbach, « Manifeste pour une philosophie sociale » qui déconstruit bien l'ensemble de ces théories modernes qui partent de l'ordre politique). Il en va toujours avec ces types d'explication qui renouent avec la dénonciation populiste anti-oligarchique au nom du bon et sage peuple (d'internautes ?), d'une volonté de simplement réagencer autrement ces mêmes « rapports de force » au sein de toujours la même ontologie muette des formes sociales suprasensibles entièrement naturalisées. La répartition autre, de toujours les mêmes catégories et principes sociaux (marchandise, travail, argent, valeur, etc.) reste toujours pour ces observateurs comme pour la pensée de gauche traditionnelle, leur seul horizon émancipateur qui n'ouvre pourtant que sur la découverte de nouveaux barreaux dans notre propre cage de fer capitaliste.

Dans la conscience réifiée qui s'engendre et se constitue mutuellement avec les formes de la vie sociale capitaliste (et non au travers du vieux schéma base-superstructure), il y a ainsi toujours personnification de l'origine abstraite de la reproduction de la société constituée par le mouvement autoréflexif de la valeur : c'est donc toujours la faute des spéculateurs, des traders, des mégabanques, des trois cents familles (comme dans les années 30), de l'oligarchie capitaliste, de la Société du Mont-Pélerin, des américains, de la classe politique corrompue, des étrangers, du cartel de Phoebus, de Bilberger, des zélus et des parasites, sans oublier la faute des « maîtres du monde » qui tirent les ficelles ! Incapable de repenser entièrement la forme de domination historiquement spécifique à la seule société moderne (cf. Moishe Postone dans son travail sur la théorie critique de Marx), ces auteurs sont obligés, pour saisir le fonctionnement de la société capitalisée, de revenir au vieux schéma de la domination directe c'est-à-dire de la dialectique du maître et de l'esclave du vieux Hegel. La structure de domination du fétichisme de la marchandise pourtant constituée dans notre propre dos par nous tous qui vivons aux travers des formes sociales capitalistes dans lesquelles nos vies sont emmurées (l'argent, le travail, la valeur, le capital), est toujours projetée et personnifiée en des entités qui relèvent d'un vaste complot contre les travailleurs honnêtes et les innoncents épargnants. Le scénario est digne d'un film d'Hollywood : Le bon travailleur, la brute manageur et le truand spéculateur ! Bref, la faute est toujours celle d'individus particulièrement avides, cupides, très méchants, et vecteurs d'autres innombrables travers immoraux. Parce que l'économie comme forme de vie collective historiquement spécifique à l'âge capitaliste-marchand est naturalisée, la faute pour la conscience bourgeoise, revient finalement à une supposée « nature humaine » (nature forcément mauvaise ! comme le présuppose « l'anthropologie pessimiste » depuis Hobbes et dont on pourrait remonter la filiation jusqu'à Thucydide quand il décrit le fameux siège de Corcyre par Athènes durant la Guerre du Péloponnèse au Veme siècle av. J.-C.). « Nature humaine », vaste essence fumeuse bien dénoncée par Marshall Sahlins dans « La nature humaine, une illusion occidentale » (L'éclat, 2009). Ce discours s'inscrit aussi parfois dans une perspective sociologique très réduite, car les conditions sociales sont finalement ramenées à de pures questions de libre arbitre des individus. Le capitalisme est alors réduit à des rapports de volonté d'individus (principe de l'individualisme méthodologique), comme quand on suit les catégories intellectuelles des philosophes des Lumières (autonomie de l'individu, libre arbitre, responsabilité de soi, liberté politique, etc.). Si bien que cette conscience réifiée n'a pour seule solution impuissante, le pathétique discours sur le retour de la morale et du bon sens dans le capitalisme : les bons contre les méchants. La seule solution pour ces auteurs est donc d'opérer une purge, une saignée pour écarter les parasites, les corrompus ou les pourris et de revenir au bon vieux temps du capitalisme productif à Papa qui sert de manière équilibrée les honnêtes gens. Cet anticapitalisme tronqué et populiste est aujourd'hui, structurellement, la conscience commune d'une large partie de la conscience collective moderne.

Pourtant, pas plus que les travailleurs salariés du bas de l'échelle capitaliste, les propriétaires capitalistes et les managers ne sont les acteurs souverains de l'organisation capitaliste. Ils ne sont eux-mêmes que des permanents de l'accumulation capitaliste en tant que fin en soi. Le comble du paradoxe est que le véritable sujet dominateur est un objet mort : l'argent, qui par les processus sociaux sur lesquels il repose, rétroagit sur lui-même, et devient le moteur fantasmagorique de la reproduction sociale de la forme de vie présente. Chaque individu, quel qu'il soit est un appendice, un support, un mort-vivant de l'économie devenue autonome en s'engendrant radicalement en tant que sphère séparée du reste de la vie. Leur propre pratique sociale se présente devant eux et les affronte comme une puissance étrangère et extérieure appartenant à une machine aveugle.

Il ne s'agit pas à mon sens, de nier les attitudes de cupidité, d'avidité, de rapacité et de violence extrême, qu'endossent certains et en particuliers les riches et les puissants, dans la forme de vie capitaliste. Il s'agit ici de refuser de renvoyer cela à une « nature humaine » transhistorique, naturalisant la forme sociale historiquement spécifique qui va avec des formes de consciences particulières (pas de matérialisme historique donc). Il va sans dire, que ces types de conscience et de pratique peuvent exister, sous d'autres formes et d'autres déterminations, dans d'autres formations sociales pré-capitalistes. Mais ces types de conscience ont toujours des formes particulières qu'il faut comprendre de manière socio-historiquement spécifique. Il faut aussi penser que des formes de conscience s'engendrent structurellement davantage avec certains types de rapports sociaux historiquement déterminés. Les formes modernes de l'avidité, de la cupidité, de la rapidité et même de la violence sociale ordinaire moderne, doivent donc être comprises comme des formes de conscience historiquement spécifique à la société capitaliste-marchande.

Prenons un exemple. Le fait qu'un individu devienne un simple moyen pour un autre individu, dans les rapports sociaux capitalistes, n'est pas le fait d'une « nature humaine » qui pousserait l'homme à ne voir son prochain que comme un moyen en vu d'une fin. Comme dit Marx, dans la société marchande, structurellement les individus rentrent en relation entre eux en tant que possesseurs et représentants de marchandises. Ces marchandises ont diverses formes qui peuvent se transmuer les unes entre les autres puisque le capitalisme se présente comme une immense accumulation de travail abstrait : une puissance de travail, un salaire, un bien, un capital, un crédit, etc. Dans ce type de médiation sociale propre à la société moderne, un individu est donc structurellement soit un potentiel acheteur des marchandises que j'aurai contribué à fabriquer ou alors un potentiel vendeur qui me vendra ses marchandises dont j'aurai besoin pour reproduire ma vie. Telle est la forme sujet de l'individu dans la société de la valeur. La relation entre individu - structurellement bien sûr - ne peut donc être que difficilement, on le constate tous les jours, une relation entre des individus en tant que fins, c'est-à-dire de véritables rapports directs entre des personnes. Structurellement les individus dans les rapports sociaux médiatisés tels qu'ils sont dans la société présente, existent donc socialement les uns par rapport aux autres comme des moyens, et ils se voient - dans l'ordre idéel - logiquement comme des moyens. Les rapports sociaux dans leur forme comme dans leur contenu idéel, deviennent ainsi de véritables rapports sociaux utilitaristes. Ces rapports ne sont pas seulement une forme de conscience comme on pourrait le penser. Le mouvement du M.A.U.S.S. (Alain Caillé, etc.) se trompe par exemple quand il réfère seulement l'utilitarisme à une forme de pensée (universitaire notamment, celle des sciences économiques et sociales), comme le faisait l'idéalisme philosophique. Les formes sociales dans lesquelles sont capturés les individus à la vie mutilée, correspondent à des formes de conscience très particulières. Il est évident aussi que ce sont certains rapports sociaux qui vont avec le fait que la conscience du moi (la forme de subjectivisation) puisse être réduite à une économie d'entreprise. La forme de l'agressivité sociale est aussi liée à la constitution de champs de travail où les individus se retrouvent en concurrence les uns par rapport aux autres, y compris bien sûr les prolétaires. Et même le sujet est aussi marqué de manière schyzophénique par une dissociation particulière, car les intérêts de chacun en tant que producteur de marchandises (biens, services, etc.) sont en conflit avec ses intérêts contraires de consommateur. Cette forme schyzoïde du sujet fait que finalement, tout d'individu, d'une certaine façon, est son propre concurrent ! Mais c'est bien sûr aussi la forme moderne de racisme ou encore la forme des genres, qui ne peuvent pas être non plus comprises de manière transhistorique avec des catégories métaphysiques éternelles, mais seulement de manière socio-historique.Tout comme les formes modernes de la cupidité, de l'avidité, de l'immoralité économique, ou encore l'antisémitisme moderne.

A se focaliser sur la dénonciation populiste du « capitalisme de casino », on en oublie l'impérieuse nécessité de repenser de fond en comble une théorie critique radicale du capitalisme, à laquelle la critique de la valeur entend porter sa propre pierre.
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MessageSujet: Re: Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ?   Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ? Icon_minitime15/6/2011, 11:22

Citation :
Le comble du paradoxe est que le véritable sujet dominateur est un objet mort : l'argent, qui par les processus sociaux sur lesquels il repose, rétroagit sur lui-même, et devient le moteur fantasmagorique de la reproduction sociale de la forme de vie présente

Observation remarquable !!!

Georges Bataille en concluait que la "dépense" (destruction, sacrifice, déchainement, jouissance etc) devait emprunter des voies particulières telle que la guerre (qui n'est plus alors un "accident" mais une nécessité engendrée par le fonctionnement) et, comme Gibet l'a suggéré avec beaucoup de pertinence, les conduites auto destructrices de notre jeunesse.

Citation :
« Nature humaine », vaste essence fumeuse bien dénoncée par Marshall Sahlins dans « La nature humaine, une illusion occidentale » (L'éclat, 2009). Ce discours s'inscrit aussi parfois dans une perspective sociologique très réduite, car les conditions sociales sont finalement ramenées à de pures questions de libre arbitre des individus. Le capitalisme est alors réduit à des rapports de volonté d'individus (principe de l'individualisme méthodologique), comme quand on suit les catégories intellectuelles des philosophes des Lumières (autonomie de l'individu, libre arbitre, responsabilité de soi, liberté politique, etc.). Si bien que cette conscience réifiée n'a pour seule solution impuissante, le pathétique discours sur le retour de la morale et du bon sens dans le capitalisme : les bons contre les méchants

Absolument splendide: le capitalisme repose sur une conception sartrienne (Sartre ne l'a pas inventée, mais il a poussé la conception des lumières à sa limite) de la liberté et de la responsabilité ainsi que sur le fantasme de la "Maîtrise"... avec le symptôme : la mode de l'Ethique dans l'entreprise, qui est une vaste fumisterie (sauf peut être dans les petites structures)
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MessageSujet: Re: Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ?   Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ? Icon_minitime15/6/2011, 11:55

Guinea_Pig a écrit:
La critique de la valeur reformulée ici rapidement par Jappe, démontre au contraire que le travail est un principe social récent au fondement même de la société capitaliste qui émerge à partir du XVIe siècle (...)


C'est certainement la faute à c'que j'ai pas tout compris, mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce texte, moi -et pourtant j'ai essayé...


Mab Embarassed
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MessageSujet: Re: Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ?   Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ? Icon_minitime15/6/2011, 12:48

Il fait allusion au texte de Postone, Time, Labor and Social Domination: A Reinterpretation of Marx's Critical Theory, que j'ai commencé à lire mais qui est vraiment ardu si on a pas les bases économique pour comprendre tous les mécanismes. Cela dit, le thème du travail dans la critique de la valeur est fondamental, puisque c'est le travail abstrait qui est valorisé pour la mise en oeuvre de la marchandise, donc la valeur abstraite qui est donné par la même occasions.
Et je suis tout a fait d'accord, le travail est une activité sociale récente dans l'histoire de l'humanité, puisque le mot travail vient du latin tripalium, qui est un instrument de torture et qui n'est donc pas une activité humaine logique, mais imposé par la classe qui dirige la société, les moyens de productions et de circulation.

C'est une grosse parenthèse, le sujet n'est pas celui-là, même si il est sous-jacent
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MessageSujet: Re: Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ?   Anselm Jappe - Critique du néo-libéralisme ou critique de la société marchande ? Icon_minitime19/6/2011, 17:50

Réduire le capîtalisme à la propriété des moyens de production était effectivement une erreur . Introduire la marchandisation et la notion de valeur est effectivement un excellent complément
Moi je me pose quand même deux questions de savoir si cela est suffisant.
1 - Aujourd'hui une partie des profits s'est faits sur l'exploitation de matières premières non durables éternellement. La prise de conscience de cette réalité qui se traduit dans de nouveauyx termes (Economie durable - la décroissance acceptable...) va conduire le capitalisme à organiser son profit sur autre chose que sur la croissance boule de neige de la plus-value tirée de l'exploitation de la nature. Je ne crois pas que le capitalisme reculera il serait donc intéréssant de s'interroger sur quoi le capitalisme investira.
2 - Aujourdhui je n'arrive plus à voir comment la spéculation financière qui s’épanouit sans création de stock réel peut être seulement un symptôme du capitalisme, comme le dit Anselme Jappe. Je ne suis pas sûr que l'accès à la fortune boursière de gens qui ne sont plus des capitalistes puisque ne possédant aucun moyens de production représentés par des titres, entre bien dans la théorie qu'il nous présente aujourd'hui.

Je crains que ces deux exemples éloigne le capitalisme nouveau à la marchandisation dont parle Jappe qui était l'explication du capitalisme traditionnel; Aujourd'hui on créé de l'argent pour obtenir un statut ; celui ne de ,n'avoir plus à mettre l'argent sur la table pour posséder car l'argent à dépassé le niveau d'utilité.
A quoi sert de posséder des milliards pour s'offrir ce que l'homme riche s'offre au quotidien une fois qu'il a acquis le patrimoine dont il a besoin.

Pour ma part je crois que l'on est dans un système qui s''alimente sans utilité parce qu'il correspond à une idéologie qui semble permettre à tous de pouvoir en profiter. C'est cet effet "miroir aux alouettes" qui me semble le plus justifier ce nouveau capitalisme sans argent "utile"
GIBET
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