ASSASSINS CREED, LARME DE SÉDUCTION DES DJIHADISTES ?
Le 12 février 2015 à 14h40 , mis à jour le 12 février 2015 à 14h44http://www.lcp.fr/actualites/politique/168450-assassin-s-creed-l-arme-de-seduction-des-djihadistes Lors de son audition par la Commission denquête sur la surveillance des filières djihadistes, Dounia Bouzar, présidente du Centre de Prévention des Dérives Sectaires liées à l'Islam, explique comment les radicaux utilisent les codes du jeu vidéo pour manipuler de futures recrues.
Jeudi matin, la Commission denquête sur la surveillance des individus djihadistes de lAssemblée auditionnait Dounia Bouzar, docteur en anthropologie spécialisée dans « lanalyse du fait religieux » et présidente du Centre de Prévention des Dérives Sectaires liées à lIslam.
Face aux députés, Dounia Bouzar a détaillé lune des stratégies utilisées par les filières djihadistes sur les réseaux sociaux pour séduire les jeunes.
Lun des plus influents recruteurs djihadiste en France, Omar Omsem, utilise notamment les codes des jeux vidéos, immédiatement identifiable par les jeunes. Dounia Bouzar cite notamment lexemple de Assassins Creed.
Le premier volet de Assassins Creed, distribué par Ubisoft en 2007, a pour héros un assassin appartenant à une société secrète, inspirée des Nizârites, une communauté mystique chiite ismaélienne qui a existé entre le XIe et le XIIIe siècle. Dans le jeu, le joueur doit assassiner des représentants du pouvoir, corrompus car infiltrés par les Templiers qui veulent asseoir leur domination sur le monde.
Selon Dounia Bouzar, ce discours entre en résonance avec celui des djihadistes qui dénoncent la société actuelle, infiltrée par les Illuminatis.
Autre "avantage", selon elle : liconographie du jeu est bien connue des jeunes adeptes des jeux vidéo : « Cest un personnage asexué (ndlr : pourtant, le héros du premier Assassins Creed,, Altaïr, est un homme) qui permet aux garçons de sidentifier autant que les femmes. Parce que les femmes y voient une femme voilée et les garçons y voient les personnages dAssassins Creed. »
Lanthropologue clôt cette parenthèse sur Assassins Creed en montrant aux députés cette photo, tirée du dernier jeu de la série, sorti fin 2014, ayant pour cadre la Révolution française.
Dounia Bouzar poursuit : « Le dernier jeu dAssassins Creed consiste à décapiter les gens au pouvoir. Et la publicité a été de décapiter la tête du roi français
et ça a été le dernier jeu sorti à Noël, ça tombait un peu mal. » Certes, cette photo montre bien celle dune décapitation le jeu se déroule à Paris pendant la Révolution française et lors des années qui suivent -, néanmoins ce nest pas le joueur qui décapite ses adversaires (la décapitation est même impossible dans le jeu, suite à un choix des développeurs). Le héros reste spectateur des ces exécutions, telles quelles étaient pratiquées à lépoque, bien que le premier principe du jeu reste in fine lassassinat dennemis « corrompus » par les Templiers.
Vidéo dune décapitation dans le jeu. (Crédit : Youtube / Sneak Ysucker)
Ce nest pas la première fois quAssassins Creed Unity fait parler de lui. En novembre dernier,Jean-Luc Mélenchon avait déjà fustigé le jeu dUbisoft. "Le dénigrement de la grande Révolution, disait-il, est une sale besogne pour instiller davantage de dégoût de soi et de déclinisme aux Français. Si lon continue comme ça, il ne restera plus aucune identité commune possible aux Français à part la religion et la couleur de peau
"
Thibaud Le Floch (@thibaudlf)