Merci chère Klary Léo Ferré a aussi chanté Rutebeuf
J'ai trouvé ça en complément:
Fabliau de Rutebeuf
Par Genovefa dans Fabliaux le 2 Août 2011 à 22:17
Si bien des fabliaux sont d'auteurs inconnus, certains ont laissé leur nom et rutebeuf l'a si bien laissé que Léo Ferré en a fait une chanson: "pauvre Rutebeuf" où plusieurs interprétations suivront par d'autres grands chanteurs (Catherine Sauvage, Cora Vaucaire, Joan Baez....)(source Wikipedia)
On ne sait pas grand chose de lui, né avant 1230-mort vers 1280. Il semble, comme la plupart des poètes itinérants, avoir eu une formation de clerc (pour connaître le latin) et qu'il était probablement jongleur. Il rompit avec la tradition de la poésie courtoise pour ainsi créer une oeuvre très diversifiée: hagiographies (vie de saint), théâtre, poèmes polémiques et satiriques et d'autres plus personnels dont il fut l'un des 1ers à parler de ses misères et des difficultés de la vie.dans son oeuvre aussi, poèmes sur les croisades, les évènements du temps, la disparition de grands personnages (ce qui sûrement a aidé à le situer dans ce siècle).
Fabliau de Rutebeuf
Le testament de l'âne
Un curé avait une très bonne paroisse, c'est à dire qu'il en tirait un très fort revenu. Il avait ses greniers plein de blé, ses coffres plein d'argent, ses armoires pleines de linge, et comme il ne faisait guère l'aumone lui même, ni la fête, il était riche.
Il possédait également un âne,, solide, obstiné, juste ce qu'il fallait, très doux, qui lui faisait toutes ses besognes. Peut-être parce qu'il n'avait pas beaucoup d'amis, le curé aimait beaucoup cet âne, et, lorsque la bête mourut, il en fut très chagrin. Il ne pouvait pas se résoudre à l'enterrer n'importe où, ni à l'envoyer à l'équarisseur.
Finalement il l'enterra en plein cimetière des hommes, c'est à dire en terre consacrée. "Après tout, se disait-il, est-ce que j'ai jamais eu meilleur paroissien?"
L'évèque du diocèse, lui, était d'un caractère tout opposé à celui du curé. Il aimait le luxe, les réceptions, les festins et il donnait beaucoup aux gens qui lui plaisaient. Bref, il était toujours sans argent. "Qui fait la fête, fait des dettes", comme on dit. Et naturellement il n'aimait pas les riches curés avares qui ne reversaient jamais rien à leur évèque; il écoutait avec envie et avec rage tout ce qu'on rapportait sur leur compte, vrai ou faux. Aussi, lorsqu'on vint un jour à dire devant lui, par hasard ou par malice , que le curé dont je vous parlais avait un lourd péché sur la conscience, qu'on pourrait tirer de lui une belle amende si on voulait, il dressa l'oreille.
" Qu'est ce donc qu'il a fait ce ladre?
_ Il a agi comme un païen d'Egypte, Monseigneur. Il a enterré son âne en terre sainte.
_ Oh! oh! c'est une honte! il a osé! convoquez le tout de suite, s'il est coupable, il paiera. Laffaire relève de ma justice."
Le curé est bien obligé de venir. L'évèque l'agonit de repproches:
" Mauvais curé, suppôt de Satan, quas-tu fait de ton âne? Etait-il baptisé, avait-il une âme et une conscience pour que tu oses l'enterrer en cimetière chrétien? Tu as péché comme les idolâtres, si tu as fais cela, tu as scandalisé tous tes fidèles. Que peux-tu dire pour ta défense?
_ hélas, Monseigneur, je ne suis qu'un pauvre prêtre tout simple, que l'on accuse de beaucoup de choses. Je ne sais pas bien parler. Pour vous répondre, je vous demande un jour de délais, si vous voulez bien.
Fabliau de Rutebeuf
L'évèque hésite mais le délais est de droit: un accus peut prendre conseil avant d'être jugé.
" Soit, dit-il ,reviens demain. Et n'omets pas. Sinon ma prison t'attend.
La nuit porte conseil, vous le savez. Le curé voulait réfléchir et il réfléchit longtemps. Il ne peut s'en tirer sans faire un sacrifice, cela est clair. Alors, il se décide. Le lendemain, il se présente à nouveau à l'évêché, dans la salle des jugements.
" Et bien, mauvais prêtre?
_ Monseigneur, je vous prie de m'entendre en confession car j'ai peut-être commis une faute en effet Vous m'imposerez la pénitence selon votre équité, je passerai ensuite plus tranquille devant le tribunal.
L'évèque ne peut pas refuser une pareille demande. Il s'éloigne avec le prêtre dans un coin de la salle, à l'abri des oreilles de tous.
" Monseigneur, vous êtes mon juge devant Dieu. Si vous êtes d'opinion que j'ai péché en traitant mon âne comme je l'ai fait, je me répens.. Mais mon âne n'était pas un âne comme les autres, c'était un exemple, un modèle d'obéissance et de travail pour tous. 20 ans, il a peiné chez moi, tirant les carrioles, portant mes charges, et moi, je le payais selon son mérite, tous les mois, comme un bon ouvrier qu'il était. En 20 ans, il a économisé 20 livres, et même un tout petit peu plus... Et par testament, lorsqu'il s'est senti mourir, il m'a demandé de verser le tout entre vos mains _ à la seule condition que je veuille bien l'inhumer en terre sainte pour que sa petite âme vaillante puissse reposer en paix pour l'éternité. Voici la bourse de ses économies, Monseigneur. Est-ce qu'il fallait le décevoir? Il me l'a demandé en souvenir de l'ânesse qui a porté Jésus le jour des Rameaux.
Le curé, sous sa cape, a montré discrètement sa bourse. L'évèque la prend discrètement, il la soupèse, il la tate tout aussi dicrètement. De sa main libre, il fait le geste qui pardonne.
" La miséricorde de Dieu est infinie, mon fils, et ses desseins sont impénétrables. Qu'il nous pardonne nos offenses, tous. Allez en paix et ne craignez rien.
Quiconque a de l'argent assez, et un peu de jugeote, se tire toujours d'affaire en ce monde. C'est moi qui vous le dit, Rutebeuf, qui n'eut jamais un âne ni un boeuf.
Fabliau de Rutebeuf
Rutebeuf le trouvère
Trouvères et troubadours ont le même sens mais les 1ers sont au nord de la France, et les seconds, au sud
source: http://genovefa.eklablog.com/fabliau-de-rutebeuf-a4744413