Haïti Cité Soleil

Depuis le 12 janvier, les visions d'horreur en provenance d'Haïti tournent en boucle dans nos télés.
Vous je ne sais pas, mais moi, je ne peux plus les regarder; on a dépassé le stade de la compassion pour s'installer dans le voyeurisme le plus confortable et ça me derange -je dois etre une petite nature.

On nous dit qu'il y a fort peu de chances desormais de retrouver des survivants, et la chose est annoncée avec les tremolos de circonstance sur des images de tracto-pelles deblayant consciencieusement les "fort peu de chances désormais de retrouver des survivants".
En France, les chaînes font assaut d'inventivité en proposant des soirées "Chantons pour Haïti", "Comprenons ce qui s'est passé en Haïti" (... un tremblement de terre, allez savoir ?...), voir, "Les survivants de Port au Prince" ou "Les soirées de l'Ambassadeur sont compromises".


Port-au-Prince, justement, la capitale effroyablement touchée; avec un blaze pareil, on ne pouvait qu'imaginer une cité élégante, digne et nonchalante, et c'est pile poil l'inverse. L'Onu y patrouill(ait ?)e en permanence, pour suppléer une police haïtienne charmante mais debordée par les taquineries des gangs : meurtres, kidnappings, viols que le discret gouvernement tentait avec un certain succés de juguler depuis quelques mois. La celebre Cité Soleil, bidonville generateur de violences en tous genres etait une des reussite de securisation des autorités haitiennes et de l'Onu.

La dessus, badaboum, seisme, affolement, chaos, effondrement... Effondrement ?
A ce propos, saviez-vous que les etablissements penitentiaires aussi s'effondrent ? A Port-au-Prince, l'edifice officiel qui a le mieux resisté à la catastrophe et dans lequel on n'a retrouvé aucun cadavre lié à la secousse est... la plus grande prison du pays. Et à votre avis, que font les détenus, lorsque les portes de leurs prisons s'effondrent, mais pas sur eux ?
Ils retournent à la Cité Soleil avec des fusils d'assaut.



Mab

En France ce qui s'écroule c'est la compassion chez une frange de plus en plus grande de la population. Celle qui accuse l'autre d'être "bien pensante" et qui ne pense qu'à une chose "ils vont venir chez nous"
Et bien moi je serais fier que la France accueille un peu plus que les deux avions qui viennent d'amener chacun une trentaine de bébés qui seraient morts sans ce secours.
Comment peut-on supporter les yeux de ces maman et de ces papas qui tendent leur enfant comme un laisser passer vers un territoire d'accueil dont le seul leitmotiv c'est de dire que l'on ne peut pas accueillir toutes les misères du monde?
Quand j'étais gamin mes grands parents qui n'avaient jamais été bien riches, parlaient fièrement de la place toujours réservée à la table de la maison pour le journalier de passage, pour le curé ou le facteur qui s'arrêtait la dans sa tournée qui durait la journée.
Il y avait une place pour le "pauvre" disait-on. Il y avait surtout une place!
Aujourd'hui il n'y a plus de place.
La France terre d'asile et d'hospitalité laisse un discours emprunter le chemin de la ségrégation , du refus, du rejet des misères.
Ce Pays était-il plus riche quand il les acceptait?
Non il était plus pauvre et n'avait donc rien à protéger...et tout à partager.
Aujourd'hui on ne partage plus que des images.
Préservons nous que cette terre d'asile ne devienne... terre de fous!

Puisque tu me tends la perche, Gibet, je vais me faire avocat du Diable.

Bien sur qu'on ne peut pas rester insensible à la detresse des enfants !
Et lorsqu'on parle d'Haïti, drame si frais qui entre dans nos maisons à chaque journal télévisé ou reportage radio, on est de plein pied dans la tragédie qui touche un pays déjà pas gâté.
Seulement (... juste parce que je n'ose pas le "mais"...), lorsque tu evoques la France terre d'asile et d'hospitalité, tu elargis le champ de la reflexion et je ne peux m'empêcher de te repondre avec une pointe de pestitude teintée de logique : "Peut on accueillir toute la misere du monde ?"

Je ne le crois pas.
Il me semble meme que la porosité de nos frontières et de la mollesse des responsables de nos institutions fait monter la haine de l'etranger, de la difference.

Ce n'est pas tant à la France d'ouvrir ses bras qu'à notre société occidentale de revoir sa copie en matière economique; car l'economie et sa maitresse, la finance, dictent nos comportements et nos choix. Les leçons que nous voudrions donner sur le plan social à nos partenaires moins ouverts, nous n'aurons bientot plus les moyens de les appliquer chez nous, si nous persistons dans une coupable faiblesse à l'egard des banques et des profiteurs de tous poils...
Gibet, je ne suis pas certaine qu'un pays qui laisse de plus en plus de retraités faire les poubelles ait reellement le droit et les moyens de parler de partage...


Mab -pour la terre je ne sais pas, mais pour l'asile, j'ai des dispositions -

Mara-des-bois a écrit:

Puisque tu me tends la perche, Gibet, je vais me faire avocat du Diable.

Bien sur qu'on ne peut pas rester insensible à la detresse des enfants !
Et lorsqu'on parle d'Haïti, drame si frais qui entre dans nos maisons à chaque journal télévisé ou reportage radio, on est de plein pied dans la tragédie qui touche un pays déjà pas gâté.
Seulement (... juste parce que je n'ose pas le "mais"...), lorsque tu evoques la France terre d'asile et d'hospitalité, tu elargis le champ de la reflexion et je ne peux m'empêcher de te repondre avec une pointe de pestitude teintée de logique : "Peut on accueillir toute la misere du monde ?"

Je ne le crois pas.
Il me semble meme que la porosité de nos frontières et de la mollesse des responsables de nos institutions fait monter la haine de l'etranger, de la difference.

Ce n'est pas tant à la France d'ouvrir ses bras qu'à notre société occidentale de revoir sa copie en matière economique; car l'economie et sa maitresse, la finance, dictent nos comportements et nos choix. Les leçons que nous voudrions donner sur le plan social à nos partenaires moins ouverts, nous n'aurons bientot plus les moyens de les appliquer chez nous, si nous persistons dans une coupable faiblesse à l'egard des banques et des profiteurs de tous poils...
Gibet, je ne suis pas certaine qu'un pays qui laisse de plus en plus de retraités faire les poubelles ait reellement le droit et les moyens de parler de partage...


Mab -pour la terre je ne sais pas, mais pour l'asile, j'ai des dispositions -

Ce si beau Pays de France reste l'un des plus spontanément organisateurs de tombolas pour les exclus, de chansons pour ceux qui souffrent , de restos du coeur pour ceux qui ont faim, de fêtes où chacun s'implique pour pourvoir la recherche et la science médicale, là où sont absents les fonds publics.
La France c'est cela avec des mains tensues et de l'amitié offerte mais cest aussi autre chose/
1 - Une politique qui porte aujourd'hui notre image désatreuse d'un ultralibéralisme monstrueux d'égoïsme que les vrais libéraux dénoncent avec la même force que les autres opposants politiques au régime. Un régime autocratique qui ne fait aucun cas des spontanéités d'expression du Peuple. Des gouvernants autoritaires ne croient qu'à leur vérité et qui foulent ceux qui cherchent à s'exprimer vers lui. Le coeur chez eux n'est pas présent et l'image télévisuelle qu'ils renvoient est cette expression de l'infiniment content de so , contemplant du haut d'un mètre cinquante: l'oeuvre d'une vie à sa taille!
2 - Une frange française de plus en plus importante qui se déplace comme une ombre brune et qui exprime de la haine vers tous ceux qui sont à "l'extérieur". Et l'extérieur c'est tous les autres. Ils reconstituent une caste supérieure avant de revendiquer un jour d'être une race. Sa progression est pernicieuse car elle touche surtout la catégorie de jeunes :notre avenir!

Tu sais MAB pour avoir parcouru la ville et les rues, pour m'être assis à côté des sans abri et sans rien ...ils partagent encore: Un coin de couverture , un journal pour se couvrir, l'amour d'un chien ou d'un chat, ou seulement un regard s'ils ne peuvent partager autre chose.

La France qui partage est la France d'en bas ...et pas celle du bas de laine
C'est ma certitude et c'est pourquoi j'aime la rue . On y a tellement à apprendre!
C'est là que j'y ai entendu les plus beaux propos sur la solidarité, sur l'injustice d'un enfant qui souffre ...
La poubelle n'est ignoble que quand les gens se battent pour elle.
Pas quand ils la partagent!

Toujours à propos d'Haïti, la catastrophe n'arrete pas les trafics en tous genres.

http://www.lefigaro.fr/international/2010/01/22/01003-20100122ARTFIG00584-les-reseaux-de-traite-d-enfants-s-activent-en-haiti-.php

Extrait :
"L'Unicef sonne l'alerte. Vendredi, le fonds des Nations unies pour l'enfance a révélé que les réseaux de traites d'enfants connaissent un regain d'activité en Haïti, après le séisme qui a frappé l'île le 12 janvier. «Nous avons pour l'instant des informations sur, disons, à peu près 15 enfants ayant disparu d'hôpitaux et cela avec des personnes qui ne sont pas de leur famille», a expliqué Jean-Luc Legrand, conseiller général de l'Unicef. L'organisation accueille chaque jour 2.000 enfants sans nouvelle de leurs parents.

Ces réseaux étaient déjà actifs en Haïti avant le tremblement de terre. Il existe «un certain nombre de preuves qu'il y a des réseaux de traite d'enfants en particulier à travers Saint-Domingue», la capitale de la République dominicaine voisine, a précisé Jean-Luc Legrand.(...)"

Il n'y a pas que la solidarité, qui s'organise...


Mab

Une bonne nouvelle, pour changer...

Un survivant retrouvé dans les décombres à Haiti !


"Evan Muncie, 28 ans, a été retrouvé hier après-midi sous les décombres d’un marché de Port-au-Prince où il était vendeur de riz, près d’un mois après le terrible séisme qui a fait 200 000 morts en Haïti, selon les dernières estimations. Un miraculé ?

Le mystère qui entoure la découverte de cet homme reste entier. Comment a-t-il pu survivre tout ce temps sans eau ni nourriture? L’un des médecin qui a examiné Evan a ainsi déclaré : «Il était amaigri et (…) avait des plaies ouvertes et purulentes sur ses deux pieds», mais bien qu’en état de forte déshydratation, le jeune homme semblait plutôt en bonne forme compte tenu des circonstances. Désorienté, Evan a tenu des propos confus à ses sauveteurs, ne donnant pas la clé de son histoire. Il se croyait encore sous les décombres, et déclarait qu’il avait survécu grâce à l’aide de mystérieuses personnes qui lui faisaient passer de l’eau à travers les gravats. Mais si ces inconnus avaient réellement aidé cet homme coincé sous un amas de pierres, pourquoi n’auraient-ils pas donné l’alerte ? L’explication du miraculé ne semble donc pas plausible. Il pourrait avoir été enseveli lors d’une autre secousse, intervenue quelques jours après la première et aurait alors passé moins de temps sans eau ni nourriture. Mais le plus probable est encore qu’il ait eu accès, dans sa « prison de pierres » à de l’eau et peut-être de la nourriture, comme cela avait été le cas d’autres « survivants » retrouvés une semaine ou dix jours après la catastrophe.(...)"

Glanée sur le ouaib, une info de fin janvier... D'apres le president haïtien, la France se serait proposé de reconstruire le palais presidentiel de Port-au-Prince.
Ben voyons... Et puis il fallait absolument aborder le sujet, c'est d'une urgence !....



Mab

Il me semble que l'urgence serai plutôt la reconstruction des hôpitaux et de l'habitation.
J'imagine la colère des haïtiens

Gibet je rebondis sur ce que tu disais plus haut :

la France du repli ?
Ah bon !! souviens toi du Tsunami !!
Les milliards de dons que sont ils devenus ?
Trés peu, une infime partie devrai je dire est parvenue aux gens là bas qui en avaient besoin !! Et le reste ? Plus de nouvelle !!
Ce fric, ne t'inquiète pas il n'est pas perdu pour tout le monde.
Alors inutile de trouver une soit disant resurgence "de la bête immonde", les gens commencent à se dire que donner c'est bien beau, mais si c'est pour engraisser des enculés, qui profitent de la misère pour remplir leur bas de laine, ça sert à rien de donner.

Quant à l'assiette du pauvre, ma table est toujours ouverte à un gars de passage, et ce quel qu'il soit, il trouvera toujours à manger, même si parfois, il n'y a que des patates sautées, ou un plat de spaghettis à partager. Cela s'appelle l'hospitalité !! Et c'est un devoir !!
Mais je ne pourrai jamais accueillir plus que ce que je peux nourrir et héberger.
Hé bien, c'est triste à dire, mais c'est pareil au niveau d'un pays.

Tu sais Ami Briard, partagé un bout de pain ou donner une cigarette à un SDF c'est déjà pas mal !
Je suis vraiment heureux de tes écrits

Merci et je ne regrette en rien mes excuses de la semaine dernière !!

Sure que tu ne vie pas dans l'or, mais tu offres ce que tu as non seulement un petit plat chaud et cuisiné, mais aussi avec bon cœur!!!
Bravo....
Comme quoi que c'est les plus pauvres qui donnes !!!
Les Bourges, ne font pas ça heu!; par fierté ou par peur d'avoir la grippe H1N1 ou je ne sais quoi...
Ou simplement ses riches man à coter de leurs petits sous.

Mes amitiés à toi.
Zinck (Bénévole au restos du cœur)

Zinck a écrit:

Tu sais Ami Briard, partagé un bout de pain ou donner une cigarette à un SDF c'est déjà pas mal !
Je suis vraiment heureux de tes écrits

Merci et je ne regrette en rien mes excuses de la semaine dernière !!

Sure que tu ne vie pas dans l'or, mais tu offres ce que tu as non seulement un petit plat chaud et cuisiné, mais aussi avec bon cœur!!!
Bravo....
Comme quoi que c'est les plus pauvres qui donnes !!!
Les Bourges, ne font pas ça heu!; par fierté ou par peur d'avoir la grippe H1N1 ou je ne sais quoi...
Ou simplement ses riches man à coter de leurs petits sous.

Mes amitiés à toi.
Zinck (Bénévole au restos du cœur)

Merci à toi Zinck,

ce ne sont pas que des écrits, ce sont des faits !!
Par contre je ne donne jamais d'argent, je préfére acheter une baguette de pain, un fromage un saucisson à un SDF plutôt que lui donner une pièce.
Au moins je suis sur qu'il aura à manger Tandis qu'une pièce .....

Briard a écrit:

Quant à l'assiette du pauvre, ma table est toujours ouverte à un gars de passage, et ce quel qu'il soit, il trouvera toujours à manger, même si parfois, il n'y a que des patates sautées, ou un plat de spaghettis à partager. Cela s'appelle l'hospitalité !! Et c'est un devoir !!
Mais je ne pourrai jamais accueillir plus que ce que je peux nourrir et héberger.
Hé bien, c'est triste à dire, mais c'est pareil au niveau d'un pays.

Mais si tu le ferais car à force de devoir dire non aux miséreux tu finirais par te dire que peut-être les assiettes trop garnies que l'on retrouve dans nos poubelles ce ne sont pas forcément celles des gens de biens...et avec quelques co-pain tu irais expliquer que le partage ne se limite pas à partager que ce que possèdent les gens de cœur comme toi et nous. Je sais que tu le ferais car c'est dans ta nature!
Alors et seulement alors nous pourrions dire dans notre Pays: stop ... nous n'avons plus rien à partager!