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BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2022

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  Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE

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MessageSujet: Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE    Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE Icon_minitime16/10/2010, 17:40

J'ai trouvé que Briard avait une riche idée d'alimenter la rubrique littéraire avec un inédit.
J'ai décidé d'en faire autant (je ne suis qu'un copieur).
Ce ne sera pas un récit historique mais plutôt une nouvelle philosophique et poétique.

Je vous remercie de ne pas faire de commentaire à la suite de ce texte pour laisser le déroulé.
Je vais donc ouvrir un autre fil pour permettre les commentaires éventuels

Vous avez deviné le texte s'appelle "GEOLINE"
Merci
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MessageSujet: Re: Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE    Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE Icon_minitime16/10/2010, 18:03

GEOLINE



« MARCHE TOUJOURS LA MAIN TENDUE DEVANT TOI. SI ELLE NE T'EVITE PAS TOUS LES OBSTACLES, ELLE T'APPORTERA UN JOUR L' AMITIE. »


A ceux qui m’aideront
pour que vivent les défis du temps
et les marches vers l’âge !

**************************************************************************

Elle ne se souvenait pas qu'on lui avait dit un jour son âge.

Elle décida donc de vivre sans.

A quoi sert d’avoir de l’âge, avait-elle demandé le jour où elle avait voulu comprendre le Monde, à l’un de ces grands arbres connaissant qui peuplaient sa forêt d’interrogations?

La sentence était tombée avec une feuille nimbée de rosée qui avait suivi le chemin de lumière que le soleil lui vait tracé en s’infiltrant entre deux branches pour adoucir la rugosité de la réponse.

« l’âge c’est quand tu seras assez grande pour que tes yeux puissent porter loin en arrière de ta vie. Mais ta marche vers l’avant deviendra alors hésitante devant la crainte rétrospective de retrouver les dangers auxquels tu auras échappé jadis ».

« Dans ce cas je ne veux pas d’âge » avait-elle soufflé sur la feuille pour la renvoyer à la connaissance d’où elle venait, sans fâcher le soleil qui jouait bien évidemment avec son ignorance mais qui était le seul à paraître vouloir lui répondre.

Pour voir un peu ce qu’on avait voulu lui dire elle s’était quand même hissée sur la pointe de ses pieds et elle avait tiré de toutes ses forces sur la liane de lierre qui lui permettait de s’allonger un peu plus vers le trait de lumière. Elle regardait maintenant le passé de sa vie aussi loin que ses yeux pouvaient porter et elle ne découvrait que les arbres.

Il n’y avait rien! Donc elle n’avait pas d’âge! Elle pouvait dès lors parcourir son avenir sans frein du passé.
La feuille avait retrouvé sa place sur l’arbre, faisant obstacle au rayon du soleil qui, en cet instant, ne désignait plus aucun chemin lumineux.

Tout était redevenu normal; un peu plus terne, mais normal.


***

Cela faisait bien longtemps qu'elle luttait pour sortir de ses incertitudes.

Oh, bien sûr rien ne la distinguait physiquement des autres.

Chaque feuille était posée sur elle dessinant les lignes d’un corps sans aucune callosité d’écorce. C’était làune différence essentielle, mais elle n’avait jamais appris à lire les différences en regardant les arbres. Les feuilles étaient tenues si finement l’une par l’autre qu’elles ne laissaient rien paraître de sa peau de velours tendre. Ainsi protectrices de l’agression du temps, les particules de feuillage ne se contentaient pas de la dissimuler:elles vivaient avec elle.

Il était vrai qu’elle ressemblait à son environnement. Mais, intuitivement, elle savait qu’alentour on existait seulement. Elle, voulait vivre!
On n'avait pourtant pas pu lui expliquer sa naissance. Le principe en remontait dans l'infini du temps. Là où dit-on un Serpent de lumière avait côtoyé un instant la noirceur de la terre dans un étincellement de chaos qui aurait, parait-il, éclairé les ténèbres.
Mais était-ce bien une explication? ou n'était-ce pas plutôt l'aveu d'une ignorance?

Elle n’avait pas rencontré de sage, pas même des anciens. Personne décidément ne voulait avoir d’âge. Elle n’avait donc pas reçu de réponse.

Comme elle l’avait déjà fait de nombreuses fois elle se collait à l’arbre et percevait ainsi une mémoire collective qui faisait palpiter les feuilles de son corps.
A nouveau le soleil surgit se glissant en serpentant à travers l’enchevêtrement de branches et s’infiltra dans la fine ouverture sombre que deux feuilles de sa tunique avaient dessinée en s’écartant légèrement. L’étincellement de sensations qu’elle ressentit d’un coup en elle, lui fit peur, et rapidement elle se dissimula dans la pénombre des rameaux, se décollant vivement de l’arbre pour regagner les ténèbres d’un abri.
Le soleil persistait à se glisser vers elle malgré son recul dans le trou béant au pied des racines de l’arbre qu’elle avait quitté en fuyant. Elle se sentait attirée par lui car à chaque contact la même énergie prenait naissance au fond de son ventre.
Cela lui faisait peur. Elle se sentait attirée vers un abîme de lumière qu’elle ne comprenait pas. Et puis cet arbre qui insinuait en elle l’idée qu’elle devait grandir, atteindre les étoiles et retourner celles-ci pour comprendre sa naissance ne pouvait venir de la sagesse.
Elle attrapa entre ses doigts la feuille qui avait osé s’opposer au soleil en obstruant le passage du rayon,et la porta à ses lèvre pour y saisir la goutte de rosée qui y perlait l’instant d’avant. Elle aimait boire ainsi les flammèches incandescentes qui allumaient la forêt après la pluie. Mais la feuille était devenue sèche.

Cela lui donna raison: ce rayon de lumière desséchant ne pouvait être pensée de sage. Elle s’enfonça au creux de la terre.

Sa main s’agrippa fermement à une racine pour l’aider dans sa régression. Elle avait confiance dans la solidité de cette aide. Jamais rien ne s’était rompu dans cette descente vers son abri. Elle retournait donc en confiance vers ses valeurs solides, dans la protection des ténèbres qui ne lui suggéraient que des pensées rationnelles.Elle n’y voyait pas tout, mais ce qu’elle percevait était du solide, teinté même de lueurs d’espoir.

Depuis qu’elle était allée là-haut elle se posait la question: « Dois-je aller vers cette lumière ou bien me faut-il attendre qu’elle m’éclaire en mes racines? ».
La réponse en elle n’était pas simple depuis qu’elle avait interrogé la nuit « A quoi sert d’avoir de l’âge ?».
La réponse était remontée ennuage de poussière mêlé au souffle de la terre qui s’était incrusté dans sa main comme une vérité culturelle: « l’âge c’est quand tu seras assez grande pour que tes yeux puissent porter loin en arrière de ta vie. Tu y découvriras alors la parole révélée. Suis là et elle éclairera ton esprit.Ainsi tu marcheras vers l’avenir dans la lumière »

Cette parole inscrite dans les racines de son arbre qu’elle parcourait encore une fois en redescendant à la source de sa vie lui paraissait beaucoup plus sage et plus pleine de promesse d’avenir que cette variante de là haut.

Elle pensait: « Mon esprit saura réagir à la parole révélée dès que je la rencontrerai ». Mais dans la pénombre ses yeux devinaient seulement la goutte de sève suintant à l’extrémité des racines et qui ne brillait pas. Là-haut les feuilles s’enflammaient à la moindre ondée suivie de soleil. Ici les racines, solides et fidèles, s’abreuvaient de gouttelettes toujours ternes et dans la transparence desquelles on ne voyait même pas briller le cœur.

Elle aimait observer là haut la brillance des cœurs de ces gouttes qui frémissaient quand elle soufflait légèrement sur leur vie. En bas elle le faisait aussi mais le tremblement ainsi provoqué dans le noir semblait être immobile.

Elle se dit qu’ici tout ce qui l’environnait était figé dans l’immobilisme utile de la pensée qui se construit.
Oui mais là-haut tout semblait vivre!!

Cette pensée la gênait terriblement.

Ici rien ne troublait la force de son esprit, mais tout était silencieux. On y voyait avec peine. Seules lesodeurs communiquaient avec son ventre. Mais cette sensation n’avait rien à voir avec son esprit. Donc ce n’est pas ainsi que lui serait révélée la Vérité.
Là haut son corps lui avait parlé.

Ce n’était pas ce qu’elle attendait!!


***



(ne rien mettre après ce texte en attendant la suite)


Dernière édition par GIBET le 17/10/2010, 12:07, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE    Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE Icon_minitime17/10/2010, 12:01

Elle se souvenait pourtant qu'on lui avait dit un jour qu’elle était née du souffle! "Fille de la Terre et du vent"c'était sa seule identité natale, celle qui semble-t-il lui avait donné son nom« Géoline»: Géo pour la terre et éoline pour le vent.

A la recherche du vent soufflant de sa naissance elle progressait dans le ventre de la terre. Chaque étape de son voyage dans le monde de ses racines lui apprenait la douleur. Une douleur acceptée comme progrès vers la parole révélée qu’elle n’avait jamais entendue, mais qui l’éclairerait bientôt.

Elle avait souvent marché seule, glissant à travers les obstacles. Elle avait laissé à chaque porte étroite franchie un peu plus de ses feuilles protectrices qui saignaient sur son corps, sous l’agression piquante.

Elle parcourait depuis longtemps son labyrinthe s’arrêtant souvent pour écouter ou tout simplement parce qu’elle était parvenue au bout de son chemin.

Elle entendait parfois qu’ailleurs aussi on se pressait en des pas hésitants qui frottaient sur le sol humide quand, comme elle, il fallait ou monter ou descendre.

Sous l’effort redoublé pour pénétrer la connaissance des lieux, ses yeux dans la pénombre découvraient toujours au dernier moment, la triste silhouette de l’une des épines de cette tige de rose qui s’était enfoncée dans la terre. Chaque épine marquait un passage vers un autre boyau.

Mais à chaque fois aussi la pointe acérée s’emparait à nouveau de l’une de ses feuilles ou bien même de deux, non pour la dénuder, mais pour se nourrir comme si la lumière qu’elle avait contenu et dont la tige se repaissait, ouvrait le chemin vers le cœur de la fleur.
Progressant sereinement dans ce cheminement si protecteur, elle venait de tourner vers sa droite quand elle découvrit sur le mur devant elle un quartz blanc qui brillait dans le noir.

On distinguait à peine les légères rayures laissées par l’épine de rose qui, agitée régulièrement d’un lent mouvement de va et vient, avait poli la pierre depuis l’origine du temps,pour donner à celle-ci sa brillance du moment.

Elle allait y toucher mais au moment de le faire elle se contenta de regarder.

L’épine parcourait encore le chemin si souvent répété, en mouvement circulaire.

Pourtant, en regardant mieux peut-être aurait-on pu distinguer que la pierre n’était pas plane. On aurait puy voir apparaître des reliefs en approchant le visage et en ne se contentant pas de regarder.

En essayant d’y voir d’assez près on aurait sans doute pu y lire une forme si une lumière, en cet instant,avait éclairé les ténèbres.

Elle ne vit rien et se contenta de vouloir posséder la matière.

« Je vais la détacher » dit-elle, « et peut-être un jour m’éclairera-t-elle. A moins... » ajouta-t-elle « que je trouve la lumière qui éclairera cette pierre plutôt que mon interrogation ».

Elle glissa la finesse de ses doigts dans la terre qui entourait la découverte et ceux-ci s’agitèrent comme des vers pour s’enfoncer au cœur de la poussière qui enfin révélait quelque chose. Elle tira sèchement mais la pierre resta fixée aux racines de l’arbre qui défendait ainsi sa proie. Elle repartit hâtivement vers la gauche d’où elle était venue et où elle avait repéré tout à l’heure une pierre noire aux arêtes tranchantes qui couperaient sans nulle doute ces racines qui résistaient.

Elle réussit.

Elle n’avait même pas eu le temps de penser que c’était la première fois qu’elle agressait ainsi son monde protecteur, en coupant les racines qui l’avaient toujours soutenue fidèlement dans sa descente vers son abri.

C’était la première fois aussi qu’elle demandait la lumière.

Elle repris son chemin une pierre dans chaque main.
La noire lui agressait la paume.

Mais malgré son polissage c’était la blanche qui la faisait le plus souffrir. Elle tentait vainement à saisir son contenu en la scrutant sous toutes les inclinaisons: mais décidément ses yeux et son cerveau n’y suffisaient pas dans l’ombre sans nuance, et ceci malgré l’effort d’attention qu’elle poussait jusqu’à avoir mal.

Après chaque observation elle repartait.

***

Puis un jour, tout à fait par hasard, elle rencontra un elle-même, ni sosie ni différent, qui comme elle ne semblait pas vouloir se contenter d'être.

Elle aussi avait une pierre blanche et une pierre noire mais il semblait qu’à l’inverse des siennes c’était la noire qui détenait la révélation.

Le contact était facile. Elles marchaient l’une vers l’autre parcourant un chemin si étroit qu’il était impossible de se croiser. D’ailleurs les épines de la rose y veillaient.

« Quel âge as-tu? »demanda Géoline.

Visiblement cette question n’éveilla en son interlocutrice aucune référence de réponse possible. Elle ne répondit rien.

« As-tu vu la lumière? » ajouta Géoline presque aussitôt car c’était devenu là sa première préoccupation. Mais une fois encore elle ne reçu aucune réponse.

Peut-être tout simplement cet Etre de rencontre n’avait jamais vu le soleil se glisser à travers les branches. Peut-être n’avait-elle jamais été revêtue de feuilles issues de la lumière. Peut-être n’avait-elle jamais ressentie une énergie naissante au creux de son ventre quand il était touché par le souffle doux de la lumière et du vent. Peut-être n’avait-elle jamais eu le message d’en-bas concernant la parole révélée ou le message d’en haut évoquant les hésitations d’un avenir attaché aux craintes du passé.

« Quel est ton nom? » demanda-t-elle enfin. Je m’appelle Géo-ol répondit cette fois la rencontre: Géo-ol comme Géo et Eole.

Sans aucun autre commentaire elles repartirent ensemble...dans le même sens.

***

En se serrant dans l'aventure elles progressaient différemment, contournant les obstacles plutôt qu'elles ne s'y jetaient. Elles faisaient poids à deux dans ce monde tellurique de l'infini. Elles ne comprirent pas tout desuite si cette marche à deux était une fin en soi.

Vers quoi étaient-elles poussées?

Fallait-il que le UN qu'elles étaient avant leur rencontre puisse se fondre dans le nombre par agrégations successives, ou bien cette alliance de deux était-elle leur ultime recours pour exister là où individuellement leur ego solitaire aurait été stérile?

En d'autres termes leur dualité naissante leur serait-elle révélée comme une division de l’Etre unique en deux Etres complémentaires? ou bien l’étroitesse de leur chemin aboutirait-il à la construction d’un seul être à partir de deux unités différentes?

Elles n’y pensaient pas vraiment !

Pourtant au même moment leurs regards se rencontrèrent car elles venaient ensemble d’entendre un souffle mélodieux.

Un de ces souffles qui ne viennent pas de la terre et qui, comme là-haut quand le soleil empruntait le corps de Géoline, mettait la peur au creux du ventre qui commençait à tressaillir.

Géoline se mettait à regretter d’avoir agressé tout à l’heure les racines. N’était-ce pas là leur réaction? et pour cacher son désarroi elle serra fortement la main de Géo-ol.

Elles entendirent ainsi le chant qui semblait s’écouler du cœur même du labyrinthe, là où elles n’étaient encore jamais allées et burent les paroles qui éveillaient en elles un écho surprenant.

Amour de l'Etre, je te le donne
sans partage, car sans division.
Le nombre est vie; et vie est bonne
que si elle naît de l'addition.

La vérité est en ton corps,
qui est la clé de l'Univers,
où la musique est un rapport,
et où le nombre se fait air.

Pas de sourire à cette liaison!
car souvent croyance fit taire
le vent, au nom de la raison,
car le « savant» n'est pas peu fier!

Nombre du cœur, sois d'abord "UN".
Celui qui est seul, sans ami.
Car si tu n’es alors qu'un point,
tu es un bout de l'infini!


Qu’importe alors à l'autre bout,
puisque toi tu es ici,
et que pour le vent un peu fou,
à l'autre bout ... tu es aussi.

Le "DEUX" introduit la passion,
éclairs et de feux et de Femme.
C’est la toute première addition,
si tu sais maîtriser la flamme.

Tu as deux mains, tu as deux yeux,
et le corps est là pour te plaire.
Pour créer tu ne seras deux
que si tu le juges nécessaire.


Bien et mal sont-ils sagesse?
En ton corps sont-ils Unité?
Car c'est l'unité qui progresse,
au souffle de la dualité.

Même si une nouvelle addition
de un et deux fait TRINITÉ,
symbolique de la Création,
et de l’Esprit désincarné,

point n'est besoin de division,
ou même de multiplication,
en toi sont toutes les progressions.
Il n'est qu'à faire...des additions

comme une suite de FIBONACCI,
dans le cœur d'une marguerite,
où le nombre est toujours ici
la vérité qu’on mérite!!

Jamais plus les catégoriques,
spiritualistes ou parangons
du corps et de la logique
entre les deux ne diviseront.

Et qu’il n’y ait plus que la mort
qui fasse de l'Être, fondre les chairs,
et jamais l’abandon du corps
pour un esprit tentaculaire.

Élimine pour toujours l’erreur.
Le corps est Temple d’énergie,
et l’esprit n’est pas le moteur,
de notre HARMONIA MUNDI.


Elles ne comprirent pas tout de suite.

***


(ne rien mettre après ce texte en attendant la suite)
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MessageSujet: Re: Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE    Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE Icon_minitime18/10/2010, 20:36

Géoline sentait l’air vibrer autour d’elle. Que voulait dire ce mot AMOUR qui était entré en vibration avecles éléments qui étaient en suspension dans l’air. Dans la noirceur de son monde de silence le verbe avait donné l’espoir où chaque chose s’efforçait à briller.

Elle avait même cru voir, l’espace d’un éclair, le cœur battant d’une gouttelette accrochée à une racine.

Elle serra un peu plus ses doigts sur les pierres qu’elle transportait.

« La vie n’est bonne que si elle nait de l’addition » cela évoquait en elle le souvenir d’un enseignement qu’elle avait autrefois reçu.

C’était bien avant qu’elle ne se pose la question de son âge. Elle se souvenait maintenant de ce temps où son corps baignait dans le soleil et où elle avait appris.

Elle était toute petite mais elle se rappelait cette époque où les arbres ne se contentaient pas de jouer avec le soleil mais où ils vivaient avec lui.

A cette époque les feuilles tendaient vers l’immensité d’un monde bleu où elles semblaient boire éternellement la sagesse d’un temps qui s’écoulait paisiblement.

Géoline était petite mais elle était bien. Elle se sentait protégée.


Fillettes, elles étaient nombreuses rassemblées en un point où convergeaient toutes les lumières. La lumière rose du soleil qui naissait en se colorant aux baies sucrées de buissons verdoyants, s’accrochait à leurs lèvres. La lumière blanche qui se reflétait sur les plumes de l’oiseau là-haut dans les branchages, peignait une pâleur sur leur peau ruisselante au sortir de l’eau. La lumière multicolore qui glissait de chaque goutte de pluie accrochée à une feuille qui refusait de sécher pour pouvoir toujours exister, trouvait reflet en leurs yeux.
Il y avait beaucoup d’autres lumières qu’elle n’avait pas encore apprises.

Mais il y avait surtout la lumière de la lune, la seule que leurs yeux pouvaient fixer et qui ne brûlait pas. Cette clarté froide avait éclairé leur âme mais avait à peine sorti de l’ombre ce mot qu’aujourd’hui elle entendait: le mot « amour ».


***

Géoline savait pourtant déjà qu’au delà de la lune ce seraient les étoiles qui donneraient un sens à sa vie.Elle en était sûr depuis le jour où fixant l’une d’entre elle, elle l’avait vu s’échapper, en un filet de feu, du coin de ce ciel où elle la croyait fixée.

Était-ce cet éclair qui un jour avait côtoyé la terre et avait allumé les ténèbres?

Elle était alors trop petite pour savoir.

Dans son cœur cependant s’était imposée l’idée qu’elle aussi aurait un parcours. Depuis elle lisait dans chaque rayon de la lune un message qui parlait à son cœur:

Petite étoile soit démesure
dans la folie de ton parcours;
éclate en tous ceux qui sont purs,
car rien n'est obstacle à l'amour.

Partie dans ta robe de feu
droit vers le reflet de ton âme,
tu illumineras des yeux
inondés du sang de ta flamme.

Et ne lutte pas contre toi-même,
mais laisse toi conduire par ceux;
qui te diront combien ils t’aiment
en te laissant venir vers eux.

Les routes ne sont prédestinées.
que pour t‘interdire de marcher
hors du chemin de ta liberté.
Alors refuse de t ’enchaîner.

Étoile sois luminescence,
encourage ceux qui abandonnent,
qui communient dans ta brillance.
On aime que par ce qu'on donne.

Marche sans aucun abandon.
Ne t'oppose jamais au bonheur;
même au prix de la raison
ennemie intime de la Grandeur.

La vie doit être une explosion.
Que serait une passion miniature?
A deux tu seras addition,
mais seule, étoile, sois démesure!

Ce souvenir s’imposait à elle mais plus elle y pensait et plus elle se souvenait que cette invocation lui avait été apprise par sa mère. Une mère qui ressemblait à la lune.

Une mère qu’elle avait bien du mal à décrire car elle n’avait ni feuillage ni branchage. En revanche elle se souvenait que de chaque côté de son corps blanc et infini descendaient en longues volutes deux bras merveilleusement chauds terminés par des doigts effilés qui glissaient comme des rayons dans les cheveux des fillettes assoupies dont elle était.

Ces bras accueillaient chaque douleur, chaque peine comme si en cet instant s’endormaient les tempêtes. Comme si chaque menace devenaient de simples clapotis murmurant au rivage un message arraché aux entrailles du temps.

Comme si en cet instant une mer imprimait aux franges de la plage une dentelle d'écume qui naissait enchantant.

Elle était douce la mère comme est paisible l’eau quand elle offre au soleil son beau miroir blanc où brillent les rayons, étincelant parfois en mille flammèches vermeilles qui la relient au ciel par autant de maillons.

Matrice de l'amour, elle réchauffe en son sein la douleur des corps, meurtris par la folie de celles qui oublièrent d’où elles naquirent un jour.

Du fond de ses entrailles de Mer ou bien de Mère elles marquèrent dans la chair leurs empreintes pour toujours, quand elles sortirent poisson ou enfantèrent la vie en ce moment primaire que fut la création.

On leur avait bien dit qu’en des temps reculés, chaque jour cette mer mise en accusation, subirait le reproche des mères et des sœurs,ne laissant d’eux souvent que l’imagination, entretenant ainsi, et la haine et la peur.
Pourtant pour les fillettes, chacune de ces colères, force de la nature qu'en vagues gigantesques par delà la raison la mer assénait à toutes les créatures, révélaient à leurs yeux forces et protection.

Il est vrai qu'en zéphyr, le calme et la douceur, offrent à l'étoile du soir, reflet du firmament, des vagues qui ondoient au rythme d’un cœur aimant qui fait que d'une mer, elle devient une maman.

Alors en grandissant au souvenir de sa mer, qui continuait là bas à graver le rocher, à s’infiltrer partout comme un doux sentiment, elle compris qu’il faudrait chercher la vérité en marchant sur les traces qu’effacerait le vent.

***

Géo-ol serrait sa main. Nées de la même mère elles refuseraient à deux l'apparence des lacs ou même des étangs dont le poète chante et le calme et le beau, et qu'il oppose souvent au cri des océans; car pour tous ceux qui aiment l’ampleur des rouleaux, eux ne seront jamais autre chose que de l'eau!

De l’eau!

Il y avait bien longtemps qu’elle n’en avait vu dans ce monde du bas.

Là-haut la pluie avait presque mouillé son corps mais ce Monde lui était interdit. Elle ne l’avait découvert qu’à travers la fissure d’un instant de bonheur qu’elle s’était offerte en cherchant la vérité.

« La vérité est en ton corps, qui est la clé de l’Univers »..

Elle avait besoin en cet instant de cette mère, de cette mer nourricière où elle pensait trouver le« DEUX » qui introduirait en son corps la passion, éclair de feux et de flamme qui serait la toute première addition qu’on lui avait promise.
Elle aurait voulu en cet instant que l’eau coule sur son corps, qu’elle l’ensevelisse ou fasse naître l’énergie déferlante qui exploserait en rouleaux monstrueux, en vagues gigantesques,créateurs de chair et harmonie du monde.

Elle ne voulait plus attendre; elle voulait savoir.

Pour la première fois sur ce chemin elle essayait d’imaginer que sa mère n’était pas celle qu’elle croyait et qu’elle ne devrait donc pas forcément la lumière à son esprit


***
(A suivre)
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MessageSujet: Re: Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE    Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE Icon_minitime1/11/2010, 02:15

Géoline et Géo-ol ressentirent ensemble le besoin spontané de resserrer leurs corps. Et pour la première fois dans l’ombre de leur nuit elles crurent que le soleil avait glissé entre elles,le piège d’un rayon. Les feuilles n’avaient plus la froideur des étoiles. La peur était suspendue aux racines d’où coulait le suc de la sève qui retournait au sol comme si leur monde avait décidé d’aspirer le soleil afin de le mêler à la terre.

Elles surent qu’elles devaient poursuivre leur route.

Les pierres à la main, elles commençaient à percevoir le signe qui apparaissait sur la blanche de l’une et sur la noire de l’autre. C’était le même.

Le signe était un nombre. Mais ce n’était ni le un, ni le deux. C’était un huit couché horizontalement. Lesigne d’un infini associant en relief deux cercles jumelés. Aucune lumière neles avait éclairées et pourtant elles avaient vu. Mais elles voyaient sanscomprendre.

Là haut Géoline se serait lovée contre son arbre qui aurait peut-être instillé en elle une réponse. Mais elle se souvint alors que les réponses d’en haut ne faisaient pas appel au raisonnement.

Alors dans ce monde du bas elle s’écria « Vérité es-tu donc LOGOS ou RATIONALIS de l'EGO et comment l’infini d’un nombre pourra-t-il donner naissance à une âme? ».

Cette question roula dans le labyrinthe d’écho en écho puis le silence s’installa à nouveau.

Géo-ol releva de la main la tige de la rose ou dardait une épine menaçante et s’effaça pour laisser passer Géoline qui s’écarta lentement du corps de sa compagne et fit un léger mouvement de rotation pour éviter l’attaque de la pointe qui visait une fois encore l’une de ses feuilles protectrices. Elle en perdit quand même une.

«Te souviens-tu pourquoi nous sommes seules et dans ce monde obscur alors que j’ai le souvenir d’une enfance chaude et lumineuse? » demanda Géoline qui commençait à trouver agréable que quelqu’un écarte d’elle les dangers.
«Je me souviens qu’à tous les instants notre mère nous disait qu’un jour l’une d’entre-nous ne se contenterait pas de ses deux mains ni de ses deux yeux, et que pour créer elle jugerait nécessaire d’être deux »

« Je me souviens que cette pensée semblait effrayer les arbres qui se mettaient alors à plier comme sous la pression du vent de la tempête.

Nous étions toutes effrayées.Pour nous rassurer notre mère nous parlait alors de l’histoire d’une étoile ...d’une toute petite étoile.
« Hier ... » nous disait-elle «...une étoile est née. Une petite, soyez rassurées. Elle est entrée dans l’Univers, à l'envers. » Nous riions toutes ensemble à l’idée de cette petite étoile maladroite qui commençait si mal sa vie. La lune semblait un peu s’assombrir au fait que nous n’écoutions plus l’histoire. Alors notre mère poursuivait:
« Était-ce là une position pour une petite étoile d'action? être condamnée à une carrière à l'arrière!

Elle a donc grandi et lutté,avec ses poings...et sa beauté. Elle voulait être la première; à sa manière!
Elle a brillé et rayonné,tant, que les autres, impressionnées, ensemble se sont retournées, étonnées!

Ainsi promue au premier rang par ce total retournement, elle devenait cible parfaite, et offerte!

Et quand Géo l'a ramassée,l'avait-on réellement poussée hors du ciel et loin du soleil vermeil?

Plein d'amour, Géo l'a placée dans les yeux de sa bien aimée. Ainsi une étoile est née! Mais pas petite,soyez assurés!!! »

Nous aimions cette étoile maligne et pourtant notre mère semblait nous raconter cette histoire comme pour nous mettre en garde; comme si elle craignait de voir naître cette étoile.

Je me souviens que j’ai souvent essayé de tisser un lien entre le présage que l’une d’entre nous aurait besoin de créer à deux et ce conte de l’étoile pour comprendre ce qui ferait peur. Je suis restée à ce jour sans réponse et je la cherche dans mon périple.

C’est pourquoi j’ai été trèssurprise d’entendre résonner la mélodie de l’Amour de l’Etre aussi peu de tempsaprès que nous nous soyons rencontrées.

Je me souviens que la peur de notre mère grandissait petit à petit tandis que progressivement la lumière l’auréolait de moins en moins. Les rayons du soleil qui s’accrochaient à chaque souffle du vent pour mieux jouer avec lesfeuilles, devenaient laiteux. La lune elle même n’était plus sucrée quand elle s’infiltrait dans nos cœurs.

Puis notre mère nous dit un jour: « Un serpent de lumière côtoiera bientôt la noirceur de la terre et il éclairera les ténèbres. Alors il faudra se préparer à être addition!! »

C’est tout ce dont je me souviens.

Je ne saurai pas dire mon âge.Mais je marche dans les ténèbres depuis bien longtemps. »

Puis, comme à son habitude,elle se tut

Cela n’apprenait pas grand chose à Géoline qui ne savait pas son âge non plus. Mais elle avait appris à s’en passer. Son incursion rapide dans le monde d’en haut lui avait permis de savoir qu’elle n’avait pas d’âge et c’était très bien comme cela.

Elle n’avait pas vu son passé mais elle se rappelait ses moments d’apprentissage qui ressemblaient à l’époque évoquée par Géo-ol. Sa mère n’était pas différente. Sans doute était-ce la même.D’ailleurs était-ce là l’important?

En marchant aux hasard des galeries elle sentait monter en elle une forte odeur de musc provoquée par ces gouttes crémeuses qui, touchaient de plus en plus souvent la terre. Celle-ci exhalait en les recevant ce parfum de peur qui mouille les corps et les pousse au paroxysme. Ce parfum d’énergie qui déconnecte l’esprit et qui fait réagir l’être d’un réflexe vitale qu’elle savait maîtriser.

Le feu brûlait à nouveau en elle, et cette fois il n’était ni provoqué par le contact de l’arbre où la proximité du corps de Géo-ol. Le feu enflammait son corps parce qu’elle le voulait ... et comme elle le voulait.

Elle savait dominer cette énergie, la canaliser puis l’utiliser. Mais que pouvait-elle en faire ici? Elle serra encore un peu plus les pierres entre ses doigts et elle sentit que sous la pression le quartz blanc comme la pierre noire venaient de s’effriter légèrement.

Elle les relâcha un peu avec précaution en les glissant contre elles et continua d’avancer.

***

Géoline avait longtemps pensé qu’elle appartenait à la famille des arbres. Elle les comprenait depuis qu’elle avait fait une intrusion dans le monde d’en-haut.

Elle aimait l’idée d’être animée, comme eux, par le souffle du vent qui agite les feuilles. D’ailleurs elle leur ressemblait dans son vêtement de feuilles qui collait à sa peau.

Comme les branches, elle agitait ses bras qui se tordaient à l’image de serpents, remuant avec grâce l’espace qui s’immobilisait autour d’elle pour mieux la laisser jouer.

Bien souvent elle s’était plantée auprès des grands arbres connaissants, en s’abritant dans leur ombre,pour jauger leur hauteur.

Le soleil lui faisait peur.

Il semblait la rechercher pour apporter en elle une énergie qui serait venu s’ajouter à la sienne. Mais elle avait peur de l’addition des deux.

Et puis elle n’osait pas s’avouer que les rayons avaient déclenché en elle des sensations nouvelles qu’elle n’avait jamais ressenties auparavant dans son monde des ténèbres. Là elle n’avait pas été préparée à cette découverte.

Ils étaient pourtant beaux ces arbres qu’elle avait vus un jour où, perdue dans l’un des boyaux de son labyrinthe, elle avait été guidée vers eux par une lumière verte.

Elle avait alors avancé lentement quand, tout à coup, l’ombre de son monde s’était animée de quelques poussières lumineuses qui ressemblaient à des étoiles filantes figées dans un mouvement immobile. Blanchâtres dans la pénombre elles étaient très vite devenues incandescentes à mesure qu’elle s’en approchait. Ces petits éléments étincelants étaient une projection du monde de la lumière. Ils jouaient ici,dans son espace, un ballet inattendu éclairé par un rai de lumière infiltrée,qui montrait combien ils étaient étrangers.

Géoline se rappelait qu’avant de se réfugier dans son abri souterrain elle avait souvent agité de la main des poussières comme celles-ci qui se mettaient à scintiller en passant rapidement de l’ombre à la lumière.
Mais pour cela il fallait qu’il y ait quelque part la lumière.

Elle ne la voyait pas encore et pourtant elle ne pouvait s’empêcher de marcher vers cet éclat émeraude qui semblait surgir de nulle part.

Il s’agissait d’une fissure entre les deux mondes.

S’agrippant aux racines de l’arbre pour progresser et se rapprocher de cet éclatement de vert lumineux elle avait passé la tête d’un univers à l’autre pour découvrir les arbres.

Les branches se tordaient comme pour emprisonner le soleil vers lequel elles tendaient.
Elle ne compris pas tout de suite que la partie qu’elle connaissait d’eux dans la terre appartenait aux mêmes êtres. mais elle ne tarda pas à faire le rapprochement.

Ainsi, contrairement à ce qu’elle croyait elle compris que les gouttes accrochées aux racines ne descendaient pas vers la terre mais qu’elles alimentaient ces géants vers l’océan de feuilles qu’ils portaient à la tête.

Bien sûr il existait bien un autre flux de gouttes qui se précipitait toujours vers le sol puisque régulièrement le contact dégageait une humidité qui rendait la terre malléable.Mais ce point lui paru moins surprenant que de constater que ces arbres de vie se nourrissaient dans son monde où la lumière était morte.
Il y avait là entre l’utilité
des deux mondes une toute première addition qui ne lui échappa pas.

Il ne lui échappait pas également que les arbres ressemblaient à son vêtement de feuilles.

Donc elle devait appartenir à ce monde.

Pourtant, craintive, elle ne s’avança pas.

Elle habitua ses yeux à la lumière à plusieurs reprises et confondit son corps deux ou trois fois avec l’arbreen se serrant contre lui, mais replongea toujours, par peur, dans ses ténèbres protecteurs.




(a suivre)


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MessageSujet: Re: Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE    Nouvelle poétique et philosophque : GEOLINE Icon_minitime7/11/2010, 03:14


Ensemble elles débouchèrent, au beau milieu d’une colonne de femmes qui semblaient, elles aussi, se diriger en cherchant.
Pourtant l’une d’elle marchait d’un pas plus sûr.
Géoline et Géo-ol sans même se consulter se joignirent spontanément au mouvement. Elles étaient devenues indissociables sans même s’en rendre compte.

Elles s’intéressaient à leurs compagnes qui n’étaient pas toutes vêtues d’une protection de feuilles.

Certaines étaient presque nues. « Ce doit être les épines de la rose qui ont arraché les feuilles.« pensa Géoline. « Sans doute ces femmes ont-elles entrepris leur chemin depuis très longtemps. Quel âge ont-elles? » continua-t-elle à s’interroger.

Elle marchait derrière une femme qui ne conservait que quelques feuilles maintenues de la main comme pour s’assurer que le moment venu elle aurait encore quelque chose à offrir à l’appétit de la rose. « Quel âge as-tu? » lui demanda Géoline. « J’ai marché bien longtemps dans ce labyrinthe. J’ai brisé ma pierre blanche et pulvérisé la noire. J’ai donc maintenant l’âge d’être seulement moi-même car Je sais que la perte de ces deux pierres s’inscrivent dans un passé qui ne me donnera plus la possibilité de créer à deux. Je vais me joindre aux étoiles en attendant celle qui nous retournera. J’ai l’âge de savoir que je serai l’une de ces étoiles mais que ce ne sera pas moi l’élue. »
Était-ce là la parole révélée que Géoline s’attendait à entendre? Mais que lui apprenait-elle?

« Qui t’a enseigné cela? » demanda-t-elle, intriguée par cette femme qui n’avait pas renoncé à avoir un âge.

« Je sais cela parce que ma main me l’a dit » lui répondit la femme en marchant d’un pas régulier et un peu hésitant pour prévenir les obstacles de sa marche.

« Mon corps s’inscrivait dans ma main quand j’ai commencé ma recherche. Écoutes ce que tu dois entendre et cherche en toi ce que tu dois savoir mais n’oublie jamais que tout est dans ta main:

L'avez-vous vraiment regardée?
elle n'est pas blonde comme le soleil,
ni outrageusement fardée;
ni ne se colore en vermeil

Aucun éclat dans le miroir!
mais, vrai symbole d'humilité,
elle est compagnon du devoir
et complice de la charité.

Expression de l'enfant en pleurs,
elle se tend vers le baiser
et recueille l'instant de bonheur
sur les lèvres qui vont l'apaiser

Forte de ce premier sentiment
cueilli à la source du cœur;
s'agrippant désespérément,
elle sait où puiser la chaleur.

Et pourtant, un jour la douleur
va répondre à sa tendresse,
lui faisant découvrir la peur
au détour d'une caresse.


Dès lors, elle devra mesurer
la distance du bien et du mal,
pour se méfier, et tempérer
sa spontanéité si totale.

Peut-elle se tendre à l'infini?
vers l'amour de tous ceux qu'elle aime,
la paume tournée vers la vie,
exposant son dos à la haine!

Et de ses cinq doigts avides,
enserrant fort la main aimée,
luttera-t-elle contre le vide?
transfusant goutte à goutte l'amitié.


Pourtant elle est née pour nourrir,
car elle sait pétrir le pain,
et offre la douceur d'un sourire
à Bacchus, en pressant le raisin.

De l'amour elle caresse le sein,
puis laissant s'écouler ses doigts,
s'arrête à la source carmin
où nait et la chair, et la joie.

Puis un jour, ou son lendemain,
face à la peine et au chagrin,
elle apprend à serrer le poing.
Et la Mort passe sur son chemin.

Et à mesure qu'elle prend de l'âge,
de l’Amour elle tend vers la Mort;
elle parfait son apprentissage
s'approchant lentement du port.

S'accrochant alors à la vie,
elle ne peut retenir le sable
qui s'écoule petit à petit
de son corps: âme intenable.

L'avez-vous vraiment regardée?
elle n'est pas blonde comme le soleil,
ni outrageusement fardée,
ni ne se colore en vermeil.

Aujourd'hui elle est rabougrie
tant elle a cultivé le grain
de l'Amour; sans haine et sans cri
elle reste belle, car c'est mamain! »


Impressionnée Géoline ne posa plus de question. Si c’était cela avoir de l’âge elle ne craignait peut-être plus de s’y préparer.

Il y avait beaucoup de sagesse dans ces propos. Mais il ne lui avait pas échappé qu’il y avait aussi l'amertume, chez cette femme, d’avoir perdu ses pierres blanche et noire.

Géoline et Géo-ol tenaient encore les leurs. Elles ne les lâcheraient plus avant d’en savoir plus.

***

Il y avait tellement longtemps qu’elles marchaient qu’elles se demandaient souvent quel était le but de leur marche.

Elles ne s’arrêtaient que lorsque le groupe devant elle décidait de faire halte. Alors elles faisaient ensemble ce que Géoline avait appris à faire seule: elles se ressourçaient.

Elles commençaient par enfoncer aussi profondément que possible leurs pieds dans l’apparence de boue qui amollissait le centre de leur chemin. Cette terre malléable était douce et conservait l’empreinte lorsqu’on y posait le pied. Mais ce contact extérieur était insuffisant. Il fallait fouiller le sol avec les mains afin que les pieds puissent progressivement s’enfoncer dans le corps chaud de la terre. C’était àchaque fois une sensation agréable et étonnante. Géoline avait l’impression étrange de revenir à l’origine de sa naissance. "Fille de la Terre et du vent" se rappelait-elle. Il s’agissait donc de l’une de ses deux composantes.

Assise sur le sol elle s’appliquait donc à malaxer autour de ses fines chevilles cette terre qui se reformait aussitôt pour ne laisser aucun trou où, l’instant d’avant elle avait puisé une main de cette apparence de sable. Toutes opéraient avec lenteur,comme si chaque geste appartenait à la recherche de perfection. Géoline soufflait parfois sur la terre pour accélérer le rebouchage du trou qu’elle avait fait, lorsqu’il lui semblait qu’elle avait troublé trop profondément l’harmonie du terrain. Alors la terre s’enroulait sur elle même comme une feuille. Elle restait dans cet état étonnant quelques moments en attente d’une suite avant de retomber en poussière et de se mêler à nouveau à la terre..

« Fille de la terre et du vent » murmurait-elle en réfléchissant à ce phénomène curieux qui naissait de son souffle.

Lorsque tous les pieds avaient rejoint la terre et qu’elles ressentaient ensemble qu’elles avaient constitué une fondation solide à leur construction, elles unissaient leurs mains dans un rituel compliqué. Il consistait à créer une chaîne intégrant les racines des arbres et à ne pas lâcher les pierres blanches et noires. Les femmes qui n’avaient plus de pierre pouvaient sans difficulté rejoindre ensemble leurs deux mains autour d’une racine intégrant ainsi la chaîne. Mais le fait de disposer des deux pierres faisait obstacle. Géoline et Géo-ol qui possédaient encore intact leur vêtement de feuilles glissèrent chacune des pierres à l’intérieur de celui-ci. Elles ressentirent comme d’habitude lors de cette cérémonie les pierres s’échauffer doucement à la chaleur de leur corps et marquer la peau au niveau de leur estomac où elles s’étaient lovées. La pierre angulaire faisait un peu mal à cause des arêtes, mais elles étaient habituées.

Ainsi reliées à toutes les énergies Géoline ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle était en communion avec les arbres dont elle savait qu’ils étaient le prolongement des racines.Peut être même y avait-il une relation avec ce ciel et les étoiles ou avec le soleil et la lumière, puisque les branches s’efforçaient de s’étirer pour y puiser apparemment quelque chose. Mais elle se gardait bien de s’exprimer sur ce sujet de connaissance qu’elle ne dévoilerait jamais tant elle avait la sensation qu’elle n’aurait jamais dû savoir.

Progressivement elle se sentit bien dans cet environnement. Un indicible bonheur qui lui parlait de paix, de sécurité, de fraternité et qui petit à petit conduisait au besoin de s’exprimer par le chant. Chacune savait que la parole n’est harmonie que si elle est modulée en résonance avec tout ce qui vibre. Sinon elle n’est que cacophonie qui n’intéresse que celui qui la prononce , ou à la limite celui qui l’écoute et peut l’entendre... voire la comprendre.
Le verbe n’est force universelle que s’il fait vibrer l’infinie addition des choses à la mesure du« Un ». Pour cela il faut moduler, ce qu’elles firent jusqu’au moment où elles purent se nourrir d’une puissance qui permettait tout, en exprimant l’absolu.

Le son qu’elles avaient engendré avait provoqué un océan de vagues de terre, de vent et de flammes qui avait enfanté. Lorsqu’elle se livrait, seule dans sa marche, à cette cérémonie elle ne faisait que se nourrir. Là son bonheur associé aux autres avait créé une petite fille.

Elle compris alors qu’elle était née ainsi. Elle compris que toutes les femmes autour d’elle étaient nées de la même manière.

Elle compris que ce pouvait être là « la toute première addition » dont elle s’efforçait de percer la vérité dans son monde souterrain.

Elle compris surtout qu’elle n’avait rien vu tant elle recherchait une réponse dans l’esprit des choses et non dans la matière des êtres.

La terre et le souffle avaient-ils pu, seuls, créer cette chair? Une femme près de l’enfant était restée allongée. Elle semblait plus souffrir que les autres et son front était étincelant de gouttes de sueur. Chaque gouttelette offrait le scintillement d’une étoile. Géoline et Géo-ol comme toutes les autres femmes s’étaient élevées au-dessus du sol, comme d’habitude, quand elles étaient en phase de vibration. Seule cette mère était restée les pieds dans la glaise.

On se hâtait de vêtir la petite fille des feuilles vert tendre qui petit à petit la recouvraient d’un manteau d’arbre. Elle aussi maintenant appartenait au monde de là-haut.

Les mains ne s’étaient pas toutes relâchées.

Géoline et Géo-ol gardaient les leurs enlacées. Leur bonheur était incomplet. Cette harmonie qui leur donnait une puissance infinie permettant la réalisation de tous en un, n’avait pas provoqué en elles le plaisir. Elles n’avaient ressenti que le bonheur. En ce moment leurs mains transportaient entre elles deux ce message de regret.

Elles reprirent leurs pierres et profitèrent de la lueur des flammes qui continuaient à éclairer encore un peu le lieu de la naissance pour décrypter le signe que seuls leurs doigts jusqu’alors avaient pu percevoir.
Sur la pierre noire de Géoline, et donc sur la blanche deGéo-ol, figurait non pas un signe mais un dessin représentant une pierre debout longue et arrondie en son sommet. Ses flancs réguliers n’étaient pas polis. Son socle n’était pas plat mais marqué par deux quarts de cercle se joignant presque au milieu.

L’image fut brève car, comme prises en défaut, les flammes s’éteignirent d’un seul coup pour replonger ce monde dans les ténèbres habituelles.

Géoline, continua de parcourir la pierre de ses doigts fins pour améliorer sa connaissance de la découverte.Mais à la différence de la blanche elle se rendit compte que le dessin ne formait pas de relief. Elle ne pouvait donc pas améliorer sa perception sensorielle de l’objet.

Cela ne fit qu’attiser son intérêt.

Les mots de la femme qui avait perdu ses pierres lui revinrent en mémoire mêlés à cette naissance et à la lecture de sa pierre noire. Elle se demanda si finalement la révélation parlerait vraiment à sa logique.

« Et si c’était mon corps qui devait trouver la solution? » se demanda-t-elle. Une voix au fond de son être lui disait qu’il faudrait d’abord qu’elle n’en eut pas peur. Mais sa raison lui rappela que cette voix intérieure n’était sans doute que le mauvais penchant de ses pensées.

Elle repartit donc avec toutes ces femmes devenues mères et sœurs sans renoncer à la suprématie du raisonnement sur le ressenti.

Elle attendait son tour de porter le bébé et se disait qu’elle avait eu beaucoup de chance autrefois de naître et de grandir à la lumière des étoiles et dans l’émerveillement des couleurs que cette petite fille ne verrait pas.

Epuisée, pour la première fois elle s’endormit en rêvant au passé. Commençait-elle à avoir de l’âge? Elle n’apporta aucune réponse à sa question.

***

La quête du cœur du labyrinthe avait repris.

Géoline avait sur les bras l’enfant qui avait tout de suite trouvé la voie de sa tétée. Sa petite main s’était refermée sur la sienne qui n’avait pas lâchée la pierre. Le bébé glissait donc ses doigts sur les cercles du huit allongé qui figurait sur la pierre.

Attirée par la fraîcheur de cette peau qui sentait le miel elle déposa un baiser sur son front. Géo-ol sourit comme si elle avait elle même ressenti la caresse. Le bébé mêla son sourire à la complicité des deux mères et accrocha l’ongle naissant de son doigt à l’intersection des deux cercles du signe de l’infini de la pierre. Il poussa un long soupir de contentement et s’endormit.

Géoline se rappela alors un de ses chants qui avait bercé son enfance sans qu’elle en comprenne tout le senset l’entonna doucement en marchant.

Combien d'âmes chaque jour
renonçant à leur corps,
dans ces grands champs de blé
où tous les épis d'or
s'apprennent à l'amour,
aux caresses volées,
en s'effleurant à deux
complice du vent d'été,
volent leur plaisir d’aimer?
Mourant de l'interdit,
et renonçant à Dieu
pour prix de Liberté,
pour crime contre les cieux,
elles plongent pour la vie
dans la haine fartée
de tous ces conseilleurs
dogmatiques effrayants,
qui condamnent corps à cœur.

Qu’à tous instants se mêlent,
comme deux mains qui vont vivre
quand enfin elles se serrent,
le corps et les plaisirs
et tous les battements d’elle.
Face aux intransigeants;
alors on crie: assez!
Et chaque épi de blé
sonne à la liberté.

Regarde bien ces pierres,
au milieu du chemin
où Dieu les a jetées,
au tout premier matin.
Elles se sont vues. Hier.
Deux colombes à terre,
en enlaçant leurs ailes
ont provoqué l'union
en butant sur l'une d'elle.

Et elles se sont touchées,
pour être inséparables;
nouvelle éternité.
Même moment mémorable,
des âmes assassinées,
au milieu de la terre
où Dieu les a jetés
depuis des millénaires,
mêlent leurs corps condamnés.

Aujourd'hui hors raisons
des condamnations passées,
en recherche d'union,
sans peur, sans cri, sans nuit,
enfin elles se chérissent.
Ces âmes sont peu mais sont!
Car celles là s'aimeront;
et pour l'éternité.
Elles feront des enfants.

Pour elles sois la chaumière
tout là-bas éclairée.
Chaumière solitaire
où les flammes de l'âtre
pétillent toujours à deux.
Fais-y place à cet Etre
qui fleure si bon la terre,
et conduit ses agnelles
près du grand champs de blé
qui se laisse bercer
au souffle du vent d'été.
Aucune âme demain ,
n’ira pour se cacher. »

Géoline n’avait pas encore pris le temps de remarquer que la couleur de son paysage se modifiait progressivement.

Elle avait constaté que depuis plusieurs jours elle ne rebroussait plus chemin. Elle sentait que sa marche devenait plus efficace. Il était temps que ses pas débouchent quelque part où son corps ne serait plus soumis à l’âpreté des épines de la rose. Elle était en effet à peu près nue. Chaque feuille avait été enlevée lors d’une porte franchie. L’enfant était reparti de bras en bras et Géo-ol ne sacrifiait plus systématiquement au cérémonial qui consistait, au début de leur rencontre, à écarter les obstacles. Il est vrai qu’elle aussi s’était complètement dénudée dans la marche.

Le sol s’humidifiait de plus en plus et parfois les pas de la colonne de femmes semblaient claquer l’eau sans que des flaques ne soient visibles.

Il était évident que l’on marchait sur l’eau.

Le sol rougissait progressivement teinté par la lueur lointaine d’une source lumineuse qui semblait traverser la pierre. Les ténèbres elles-mêmes rosissaient.

Cette couleur lui rappelait le soleil plongeant dans l’abîme de la terre où avant l’arrivée des étoiles les corps des fillettes étaient plongés dans le bain de lumière.

Elle se souvenait le jour où imprégné de la substance solaire elle avait senti son corps se défendre en rejetant le surplus liquide qui avait tâché le haut de ses cuisses. Personne ne lui avait expliqué ce phénomène.

C’est depuis qu’elle craignait le soleil.

Son corps, périodiquement,continuait à produire un rejet de ce soleil rouge et violeur de son intimité malgré qu’elle vivait maintenant dans des ténèbres protectrices.

Mais ce qui l’inquiétait le plus c’est qu’elle ressentait au fonds de son ventre une vibration agréablement plaisante à ces moments là, vibration qu’elle n’avait jamais perçue avant qu’elle ne se défende pour la première fois en expulsant son liquide de soleil rouge.

Ainsi non seulement elle se rendait compte que le soleil du couchant l’avait envahie mais qu’elle trouvait du plaisir à le recevoir.

Jamais la lumière ne rentrerait ainsi en elle.

Elle continuerait à la chercher par la raison.
C’est pourquoi en cet instant où tout rosissait, son ventre se tendit un peu plus et son estomac se noua.

Les racines des arbres avaient très progressivement disparues. Cela aussi elle ne l’avait pas remarqué tout de suite. Etait-ce à dire que là-haut, à sa verticale, les grands arbres connaissant vivaient maintenant sans puiser à la source de son obscurité? Ou bien devait-elle craindre que la vie avait déserté à l’aplomb de ces lieux où l ’eau s’appropriait de plus en plus l’espace?

L’eau courait en effet maintenant sur le sol en un petit ruisseau dans lequel elle progressait plus difficilement. La température était douce.

Elle n’avait pas peur.

La terre malléable semblait faire place petit à petit à une matière plus dure et plus transparente sur laquelle les pieds glissaient.
Sa marche devenait de plus en plus hésitante.

« l’âge c’est quand tu seras assez grande pour que tes yeux puissent porter loin en arrière de ta vie.Mais ta marche vers l’avant deviendra alors hésitante devant la crainte rétrospective de retrouver les dangers auxquels tu auras échappé jadis ».
Décidément elle ne pourrai pas échapper longtemps au fait d’avoir de l’âge. Déjà sa démarche hésitait!

Au moment où Géo-ol mit sa main sur son épaule pour reprendre son propre équilibre elle sentit que ses deux pieds glissaient sous elle et partit les jambes en avant au long de ce ruisseau qui l’aspirait de plus en plus vite vers l’origine de la lumière rouge.

Elle eut à peine le temps devoir que toutes les autres femmes étaient dans la même position.


***

La lumière l’avait trouvée.

Elle n’aurait pas su dire si elle entrait ou si elle sortait par cette porte qui venait de la cracher dans cette salle immense où ses yeux furent d’abord incapables de discerner la moindre chose tant la lumière l’agressait.
Son voyage conduit par les flots rapides de ce ruisseau où elle avait perdu son équilibre avait débouché dans une énorme vasque pétaliforme et rose dans laquelle se déversait, par des fissures comparables à celle d’où elle avait jailli, une multitude de femmes dont celles qui l’accompagnaient.


Elle se rassura immédiatement en constatant que Géo-ol était déjà à ses côtés.


Et puis elle se sentait bien.



Surtout elle se sentait propre.

Son corps s’était débarrassé dans sa chute des dernières feuilles et trempait nu et fier. L’eau était si légère qu’elle semblait pouvoir y respirer.

A nouveau toutes s’additionnaient à elle « nombre du cœur, sois d’abord UN , celui qui est seul, sans ami. Car si tu n’es alors qu’un point, tu es un bout de l’infini.Qu’importe alors à l’autre bout, puisque toi tu es ici, et que pour le vent un peu fou, à l’autre bout... tu es aussi ». « ... à l’autre bout tu es aussi » se répétait-elle.Était-elle à l’autre bout? En tout cas elle était là et bien là.

Au cœur de la fleur s‘élevait droite et infiniment longue une femme dont les bras enlaçaient l’enfant qu’elles avaient fait naître. Le bébé dormait paisiblement.
La femme portait un voile et était enveloppée dans une longue robe rouge.

Tout bougeait dans un miroitement d’eau jouant avec l’air. Le bruit de l’eau emplissait la salle d’une espèce de prière qui faisait vibrer les pétales dans un son cristallin.« Il était une fois » disait une voix qui semblait sortir de nulle part. « Il était une fois.... » reprenait en chœur toutes les gouttelettes suspendues dans la lumière mordorée de la salle « Il était une fois,
puis ce fut la dernière.
Son sang coulait en toi
Énergie meurtrière,
d'un éclat de la lune
qui joue sur tes cheveux,
et prolonge une à une
chaque goutte de feu
qu'elle jette sur ton voile
rougeoyant de beauté,
quand bravant les étoiles,
tu es maternité.

Et ce voile de sang
que tu donnes à la terre
par ton ventre palpitant
pour payer d'être mère;
aujourd'hui à ton front
tu arbores la couleur.
Ne crains plus les affronts
et ose le bonheur.
Regarde bien l'atour
et nais à la lumière.

Dans la quête d'amour
que tu choisis hier,
le sang est important,
et la rose est entière.
"Il était une fois,
et c'est bien la dernière".
Son sang coulait de toi
te peignant en merveille.
La lune était émoi,
à deux soyez Soleil. »

Géoline se laisser bercer doucement au son de ce message qui pénétrait en elle en bousculant ses pensées.« Son sang coulait en toi, énergie meurtrière d’un éclat de la lune »se répétait-elle.

Elle avait toujours imaginé que c’était le soleil qui avait violenté ses entrailles provoquant cette blessure qui saignait régulièrement d’elle. Se pourrait-il que ce soit la lune qui ait mis cet émoi en elle? La lune si apaisante aurait-elle pu, à un moment, jeter dans son ventre le voile de beauté sans lequel il n’y aurait pas de maternité?

Cette rose dans laquelle elle baignait en ce moment était fait d’un cristal coloré que la femme en rouge quidominait l’ensemble, enflammait comme un coucher du soleil. Et pourtant elle commençait à prendre confiance. « Le sang est important et la rose est entière » lui disait le millier de voix tintinnabulantes autour d’elle.

Cette rose de feu brillait d’une lumière qu’elle regardait maintenant sans effort. La fleur était gigantesque et remplissait la base d’une salle immense qui s’ouvrait vers le ciel.

Des arbres apparaissaient en bordure d’une ouverture qui s’était formée au plafond de la salle. Ils entouraient le trou et couronnaient ainsi la majesté du lieu.

La lumière pénétrait couleur de l’émeraude que lui donnaient les arbres traversés par le soleil. Géoline connaissait cette couleur qu’elle avait vu dans la fissure séparant les deux mondes. Mais là le soleil semblait aspiré par la rose qui avalait goulûment tous les rayons. C’était sans doute cette rose dont les épines souterraines mettaient les obstacles au passage.

L’eau qu’elle contenait était si limpide qu’elle ne pouvait pas être souillée par l ’artifice d’une tunique, fut-elle de feuilles. Seule la pureté d’un corps pouvait se glisser dans cette matrice.
L’eau emplissait chaque partie d’elle comme si elle voulait faire sortir de ce corps la Vérité, comme si elle voulait lui révéler la profondeur d’elle même. L’osmose était devenue si forte que la jeune femme ne savait plus si elle devait naître à nouveau en se fondant cette fois à l’élément liquide ou si elle devait au contraire en sortir comme d’une mère.

(a suivre)


***
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