Le dernier poème en date mis en musique par mon ami Michel Bonnassiès
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Quand nous avions si peur Un matin ils étaient dans le pré des voisins.
Leurs ombres s’allongeaient aux flammes des foyers.
Des ballots éventrés passaient de mains en mains.
Ils chuchotaient entre eux que pour nous effrayer.
Des cartons empilés cachaient des gars voleurs !
Nous étions envahis, et nous avions très peur !!
Le rideau soulevé, là, nous les observions.
Ils étaient étrangers s’emparant de nos terres.
Ils foulaient de leurs pieds les voies de nos régions,
Récoltant les raisins des vignes de nos pères
Ils étaient basanés, nous épiant sans pudeur.
Ils nous voulaient du mal, et nous avions très peur !!
Quand nous passions près d’eux ils nous faisaient un signe.
Alors nous nous hâtions pour enfermer nos filles.
De maisons en maisons circulaient des consignes,
Et certains aux fenêtres faisaient poser des grilles.
Il n’était plus question de vivre dans la terreur
Ces gens devaient partir, car nous avions trop peur !!
Et puis le bruit courut qu’ils étaient musulmans,
Cachant dans leurs cartons un futur minaret
Qui dominerait l’église de nos pauvres parents.
Il fallait à tout ça mettre un grand coup d’arrêt
D’ailleurs le vent portait jusqu’à nous les clameurs
De leurs chants de vainqueurs, quand nous avions si peur !!
Oh bien sûr ils offraient de nous couper du bois,
D’aider en nos jardins, de nous donner la main.
Un jour ils vinrent vers nous en total désarroi
Portant à bout de bras un fragile être humain.
Une petite fille qu’ils tendaient comme à Dieu.
Nous avons eu si peur …de lui fermer les yeux !!
Jamais plus ces migrants ne furent étrangers.
Les mains s’étaient touchées ouvrant aussi nos cœurs,
Et nous mêlions nos ombres aux fumées des foyers,
Recherchant tous ensemble les racines du bonheur.
Caressant la petite, sauvée par notre ardeur
A préférer la vie, plutôt que d’avoir peur
Une nuit de misère, claquèrent des portières.
Dans les cris et les pleurs, les abris arrachés
Les humains entassés comme dans des bétaillères,
La vie de notre pré venait d’être essouchée !!
Le village sidéré s’unissait dans les pleurs,
Et bientôt c’est de nous … que nous avons eu peur !
Ensemble nous comprîmes qu’il faut vaincre la peur
Ou bien se condamner à perdre nos valeurs !!