Messages : 3903 Date d'inscription : 05/02/2013 Localisation : Haute-Savoie
Sujet: Pâques Là-bas 6/4/2015, 11:40
La Mouna (journal Le Blidéen, 1904)
" Le lundi de Pâques, il eut été très difficile de rencontrer âme qui vive dans les rues de Blida, tous les habitants, petits et grands, jeunes et vieux, étant allés comme à l'habitude faire un repas champêe dans la campagne environnante, ou bien encore partis pour assister aux fêtes d'Alger.
La joie régnait en maîtresse, car le beau temps, dont nous étions privés depuis si longtemps, était enfin revenu et le soleil lui-même avait bien voulu se mettre de la partie.
Si la ville était triste et déserte, par contre il n'était pas un coin des environs qui ne fut occupé par une ou plusieurs familles installées sur l'herbe. On en rencontrait partout, sur les hauteurs avoisinantes, sur les routes de Dalmatie, de la Glacière, mais c'est surtout dans la vallée de l'oued-El-Kébir, à la Fontaine de la Fraîche, que les "mouneurs" s'étaient donnés rendez-vous et plus encore à Sid-Madani, au Camp des Chênes. En dehors de l'attrait qu'offrent en cette saison les Gorges de la Chiffa, les trains spéciaux organisés par la Compagnie des O-A, grâce à l'initiative de Monsieur Sauvagey, en rendaient en effet le voyage facile et accessible à toutes les bourses (600 voyageurs).
Quel qu'ait été d'ailleurs le site choisi, la bonne humeur fut la note dominante de ces agapes champêtres. Ce n'était partout que rires sonores et folles chansons, rondes et danses organisées aux sons plus ou moins harmonieux des guitares et des accordéons. Et si le soir, grisées par le grand air et le soleil, autant que par l'excellent vin de l'année, les têtes étaient un peu chaudes, si la gaieté était bruyante, tapageuse même, tout se passa bien, car il n'y eut ni querelles ni rixes à déplorer. La nuit venue, les mouneurs reprenaient à pied, en voiture, en chemin de fer, en automobile même, la route du logis. Après s'être séparés, les groupes rentraient chez eux, un peu lassés, mais satisfaits néanmoins de leur journée, en se promettant bien de se réunir à nouveau l'année prochaine, pour manger encore, suivant la vieille coutume algérienne, la traditionnelle mona, sans laquelle il ne saurait y avoir de bon lundi de Pâques ".
(Extrait du journal : Le Blidéen N°5 du jeudi 07 avril 1904 Journal républicain, organe des intérêts locaux paraissant le jeudi et le dimanche
Toujours dans son essai Claude Arrieu propose d'autres origines possibles Claude Arrieu s'attache à retrouver la vraie provenance de la Mona à travers les traités d'histoire des religions, les voies de l'étymologie ou d'une chronologie historique plus récente. En Algérie, la colonie des Européens étant majoritairement d'origine espagnole à Oran, l'auteur a recherché la naissance de la brioche pascale catalane appelée Mona. Puis, faisant fi de toutes les légendes recueillies, il dirige sa prospection vers la province d'Alicante, seule ville d'Espagne qui depuis plus de trois cents ans façonne la Mona, à Pâques.
C'est alors qu'intervient une tradition régionale valencienne qui évoque une vieille femme surnommée « La Mouna » pétrissant un pain avec la plus blanche des farines et des œufs les plus frais afin de guérir une Reine frappée d'un mal mystérieux. Ce « sein de la sultane » brun, arrondi, lisse et luisant émut le Roi qui donna le nom de Mona à ce gâteau.
Venue d'un passé religieux probablement préjudaïque, la coutume de la Mona pascale participe d'un rituel fort ancien qui suggère les fêtes des Mondas et la célébration du culte de Cérès, déesse romaine. Forme transcendée du blé, la Mona est associée à la commémoration de ce « Passage » qu'est la Résurrection du Christ suivie de l'Ascension.
Conte du panier et du couffin
LE CAPASSO et LE COUFFIN
Au fond 'un placard , le cabassette (capasso à Oran) et le couffin s'ennuyaient beaucoup, depuis qu'ils avaient quitté leur Algérie natale ils ne sortaient plus du tout, alors ils se racontaient des histoires pour tromper leur ennui, surtout celles qui parlaient de leurs anciennes et nombreuses sorties quand ils accompagnaient la famille au marché, en forêt ou au bord de la mer
Ainsi à Paques on les remplissait de ce qu'il y avait de meilleur sur terre, le cabassette disait qu'il transportait la soubressade, la longanisse, la calentica, le boutifar, les morcillicas, la pastéra sucrée, les piments grillés, les anchois, les dattes et les figues sèches, les délicieux cocas, les mantécaos sans oublier le fameux Mascara
Le couffin se vantait lui d'être plein de zlabias au miel, de douces oreillettes, de makrouts, de la belle mona, sans oublier les succulentes roliettes
Ils étaient tellement lourds qu'ils n'en pouvaient plus surtout qu'il fallait tenir jusqu'à la forêt d'Msila ou de Kamissis pleine de monde partout
Là au milieu des cris de joie, on commençaient à les vider pour l'apéro, les tramousses et les variantes étaient sortis en premier car avant le repas on sirotait bien sur l'anisette traditionnelle en trinquant à la bonne santé de tous dans une fraternité si belle et si réconfortante
Puis au milieu d'une joyeuse ambiance on déballait tout et chacun se servait, tous les membres de la famille pouvaient alors commencer à se régaler
Dans la soirée pour le retour à la maison le cabassette et le couffin maintenant si légers pensaient déjà à faire les courses dés le lendemain matin, ils continueraient ainsi à déambuler dans les allées du marché où ils seraient encore remplis de ces bonnes choses qui faisaient leur fierté
Bien longtemps après, alors qu'ils se lamentaient toujours sur leur sort, une main amie qui les avaient bien connus leur apporta un grand réconfort et pour ne pas qu'ils tombent complètement dans l'oubli, ils furent sortis du placard pour aller aux commissions où à des fêtes, réconfortés ils purent se dire qu'on ne les avait pas laissés tomber pour enfin revivre en pensant à LEUR BELLE ALGERIE et ses MAGNIFIQUES JOURNEES REMPLIES DE BEAUX SOUVENIRS
MORALITE : RECEVOIR LE PASSE COMME UN HERITAGE C'EST COMBATTRE L'OUBLI, LE MEPRIS ET L'INDIFFERENCE
Robert VOIRIN
Dernière édition par Klary le 6/4/2015, 23:11, édité 2 fois
GIBET Admin
Messages : 11790 Date d'inscription : 19/01/2010 Age : 76 Localisation : Finistère
Sujet: Re: Pâques Là-bas 6/4/2015, 13:43
Chère Klary
Que la culture est belle quand elle se mélange et s'enrichit à travers les âges et les lieux géographiques!!
Ainsi l'homme d'hier donne selon une longue chaîne qui prend son origine dansle passé et file vers l'avenir...n'oubliant personne sur son passage
Quand aucune culture ne veut être la meilleure, la première ou la seule...elle est l'unique car Harmonia Mundi
Dernière édition par GIBET le 6/4/2015, 19:06, édité 1 fois
GIBET Admin
Messages : 11790 Date d'inscription : 19/01/2010 Age : 76 Localisation : Finistère
Sujet: Re: Pâques Là-bas 6/4/2015, 19:06
Finalement on faisait tout pareil ...dans nos villages de métropole!