« À la vérité, l’Éducation Nationale
n’a rien à faire de nos enfants,
à part les instrumentaliser »
Entretien Marie-Claude Sarrot, auteur de
Qu’avons-nous fait de nos enfants ?(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Votre livre est-il un témoignage personnel ou une alerte destinée à vos contemporains ?Une alerte, bien sûr, basée sur des témoignages personnels, notamment de psychologues et d’un prêtre avocat concernant les cas de nullités de mariage. J’ai ainsi eu accès à certains dossiers ; ils m’ont amenée à des échanges instructif qui m’ont ouvert les yeux.
Vous adressez-vous davantage aux parents ou aux enfants ?Aux uns comme aux autres. Les adolescents selon leur maturité sont incités à la réflexion et au discernement. Ils doivent être informés avant d’aborder leur vie d’adulte, d’autant plus avant de s’engager dans la voie du mariage surtout si des problèmes psychologiques – même s’ils semblent bénins au départ, voire enfouis – doivent se révéler au fil du temps ; dès les moindres difficultés, le déséquilibre prend le pas sur la raison quand celle-ci n’a pas été dirigée au cours de l’éducation.
Quelles responsabilités imputez-vous à l’Éducation nationale ?À la vérité, l’Éducation Nationale n’a rien à faire de nos enfants, à part les instrumentaliser… Autrement, elle se préoccuperait de la drogue qui circule allègrement à partir du collège, des questions liées aux mœurs, des agressions sexuelles …
Quant à la technologie débridée, on en revient toujours à l’éveil de l’intelligence réfléchie dès l’enfance. Dans ce domaine déjà, Valéry préconisait un «
modernisme bien tempéré. »
Croyez-vous possible une prochaine réaction des adultes pour remettre le bon sens au cœur de l’éducation ?La seule et unique façon d’équilibre de nos enfants réside au sein de parents aimants et attentifs, conscients de leurs devoirs en même temps que de leurs droits, avec la caution d’un gouvernement qui lui-même les respecte. Contrecarrer les effets inéluctables que tout le monde déplore nécessite un revirement moral ; celui-ci risque de prendre du temps compte-tenu des dégâts qui ont entamé notre jeunesse, à qui il reviendra pourtant de prendre les rênes pour rétablir une saine mentalité. Quand on est au fond du gouffre, on remonte. Seul l’avenir le dira… et la Foi qui va avec l’Espérance quand on est chrétien. Saint Pie X prévoyait : « La France sera châtiée, mais Elle se relèvera ». D’où le rôle de l’Église, fondamental, incluant son soutien à la famille légitime.
4) Les familles recomposées sont en passe de devenir majoritaire… On peut le déplorer, mais malgré les problèmes que cela occasionne, ne pensez-vous pas qu’à terme, cette nouvelle norme familiale peut permettre un épanouissement équilibré des enfants ?
Il n’est pas sûr qu’elles deviennent majoritaires, les enfants souffrant trop d’isolement dans leur milieu familial où ils ne se retrouvent plus, et pour certains n’ont plus leur place. Si j’avais énumérer ces cas de désespérance qu’ils confient à des psychologues – et encore quand ils le font ! – cela aurait « plombé » la lecture de mon livre !
On remarque que la jeunesse parle beaucoup actuellement de son désir de « construire », connotant une solidité. Même si elle en a encore une vague notion, c’est quand même un sursaut révélateur…
Qu’avons-nous fait de nos enfants ? de Marie-Claude Sarrot, éditions L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », dirigée par Philippe Randa, 136 pages, 21 euros.