On peut aussi se battre pour cela

Pluralisme: force ou faiblesse du mouvement ?

Des activistes et universitaires du monde entiers se réunissaient fin juin à Montréal pour le congrès du Basic Income Earth Network (BIEN), le réseau mondial du revenu de base. Mettant en lumière l’importance des initiatives citoyennes, ce Congrès a rapproché les universitaires qui ont historiquement animé le BIEN, et les réseaux militants qui tentent de politiser l’idée du revenu de base par d’autres moyens.

“Jusqu’il n’y a pas si longtemps, je pensais qu’il y avait une grande division au sein du mouvement pour le revenu de base inconditionnel” a expliqué Barb Jacobson lors d’une conférence. “Les universitaires contre les activistes : les premiers ont peur que le ‘mauvais’ modèle de revenu de base soit instauré, tandis que les seconds ont peur que rien n’arrive du tout.”

En vérité, les militants ont besoin des travaux universitaires pour asseoir la crédibilité de leurs propositions et inversement, à quoi serviraient les travaux universitaires s’il n’y avait pas des militants pour organiser le mouvement et changer les rapports de force ?

Dès sa création, le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) a également fait le pari de l’ouverture, en essayant de fédérer différentes approches dans un mouvement transpartisan. Cette position, souvent mal comprise, peut inspirer le doute : comment peut-on rassembler des personnes qui ne parlent pas du même revenu de base, ni ne partagent pas le même projet de société ? A premier vue, notre pluralisme est notre faiblesse ; elle nous condamne à l’incapacité de nous positionner en politique.
Diversité des talents

Nous sommes fermement convaincus du contraire. Ce pluralisme apporte une multitude de talents individuels, d'apports théoriques et intellectuels, d'échanges collectifs. Le revenu de base n’étant le monopole d’aucun clan politique, le débat à son sujet doit éclore dans toutes les sphères de la société, tout en conservant une certaine harmonie.

Bien sûr, ce débat pourrait n’avoir lieu chacun dans son clan politique, dans un entre-soi rassurant mais qui exclurait de fait un nombre croissant de citoyens qui ne se reconnaissent plus dans les courants politiques traditionnels. Cela cloisonnerait de plus le débat sur cette idée qu’est le revenu de base, en isolant les arguments au lieu de les associer.

C’est pourquoi le MFRB a aussi pour vocation de créer un espace d’échanges et de débats ouverts avec tous les partisans du revenu universel. C’est en tout cas l’ambition de notre université d’été du revenu de base qui aura lieu dans tout juste un mois. Nous espérons y susciter une émulation qui révèlera que nos divergences sont moins cruciales qu’on ne le craint, et qui contribuera à la nécessaire convergence d’une alliance citoyenne la plus large possible pour répondre à l’enjeu démocratique de notre époque.
Le MFRB doit être à la hauteur de cette idée que nous défendons si ardemment : un mouvement inclusif qui s’adresse à l’ensemble de la société dans toute sa diversité.

Le comité de coordination du MFRB