C'est probablement le cœur d'une perle qui s'est ouvert rue de Bourgogne à Paris, pour y filer les moires d'un arc-en-ciel scintillant.
S'en coule et déroule la sève incarnée des maux et soudures de retour à la soif, à la halte devant le battement des tempes: la poésie s'est fichée ici voici plus de 50 ans, sous la douce férule de Jean-Pierre Rosnay ( disparu voici bientôt 2 ans ), de sa muse Marcelle ( sœur de G.Moustaki ), de leurs enfants Blaise ( en hommage à Cendrars; il n' y a plus de hasard ) et de Sabine.
Chaque soir, plus fortement, pénètre ici l'évidence d'être, la goutte d'intense traversée, une fois que les lumières de ce petit lieu se sont rangées, vers 22 heures, ne gardant plus que le petit lumignon du guetteur .
Chaque soir, du lundi au samedi, déambulent les blafards possédés de strophes, poignards à la bouche et mots écorchant leurs mains de demiurges.
Chaque soir, du monde entier, se croisent, se jettent à plein visage des vertiges de descentes sans rémission, les presque derniers souffleurs d'âmes.
Non seulement, ces humains à toucher ou embrasser tellement ils nous paraissent hors les murs, bien loin du dérisoire, hantent et dynamitent nos vies l'espace d'un souffle, mais encore ils ont édité une revue " Vivre en poésie", publié des recueils, animé des soirées dédiées aux poètes sud-américains ( Vinicius de Moraès par exemple ), enregistré chaque jour en boucle un poème que chacun pouvait écouter sur son combiné de téléphone,..
Michaux, Aragon, Soupault , Mouloudji,.. ont bu et enchanté l'eau de cette source à nulle autre pareille.
Aujourd'hui, Blaise et Marcelle tiennent bien haut ce flambeau, quasi unique , d'une passion traversant une vie et offerte à discrétion à d'autres piétons lunaires.
Voici quelques extraits des passages de l'émission de poésie que Jean-Pierre animait à la télévision, lorsqu'on pouvait encore l'épeler et l'appeler ainsi.
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