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 Le bouclage de Bab el Oued

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AuteurMessage
Briard
Admin
Briard


Messages : 6005
Date d'inscription : 05/02/2010
Age : 68
Localisation : CHAMPAGNE

Le bouclage de Bab el Oued Empty
MessageSujet: Le bouclage de Bab el Oued   Le bouclage de Bab el Oued Icon_minitime3/12/2011, 17:07

AMIECH Josette : les conséquences c’est que je tremble, j’ai peur du noir, du silence







VII - Les témoignages -

Bâb el Oued le bouclage : Témoignages des assiégés
J’avais
11 ans et demi et je vivais avec ma petite sœur chez ma mémé car nous
étions orphelines. Nous étions séparées de ma sœur aînée. Nous habitions
rue Soleillet au premier étage, au-dessus de la boulangerie Nadal.

Ma mémé était notre tutrice légale et mon oncle était subrogé tuteur.
Ma mémé se tuait toute la journée sur sa machine à coudre.


Une femme arabe, qui habitait d’abord, passage Martinetti, en face de chez
nous jusqu’en 1960, venait s’occuper de nous. Nous l’aimions vraiment
beaucoup. Quand nous sommes parties rue Soleillet, elle venait tous les
jours, sachant le danger que cela représentait car ma mémé était sur sa
machine à coudre du matin jusqu’au soir et ne pouvait pas s’occuper de
nous. Ses fils faisaient partie du FLN et c’est pour cela que je me
rends compte que ma mémé, comme beaucoup de Pieds-noirs, était
inconsciente. Je sais que cela n’apporte rien à mon témoignage mais pour
moi cela a de l’importance car j’ai beaucoup aimé cette femme. Je l’ai
toujours appelée par son nom : Madame Abdelkader.


Nous étions chez nos voisins qui faisaient une surboum lorsque mon oncle est
venu chercher ma cousine pour la ramener à la maison et ma petite sœur
et moi sommes rentrées chez nous. Le bouclage de Bab el Oued
commençait. Nous sommes restées tout un jour couchées par terre, dans le couloir, les persiennes fermées car ça mitraillait de partout et nous
risquions une balle perdue... Les avions survolaient Bab el Oued et nous
avons vécu vraiment une journée de terreur toutes les trois
.


Je me souviens du jour où ils ont perquisitionnés les maisons. Ma mémé
était couturière, et je me rends compte avec le recul, qu’elle avait
pris des risques incroyables car elle avait caché des armes dans les
armoires et elle avait rempli les vêtements d’épingles. Ce qui faisait
que les militaires qui perquisitionnaient se piquaient. A un moment, ils
ont trouvé les disques de Johnny Hallyday de ma grande sœur qui
n’habitait pas avec nous. Lorsqu’ils les ont vu, c’est comme s’ils
découvraient la France, et du coup, ils ont arrêté la perquisition. Fort
heureusement pour nous car peu de temps avant ma mémé avait fait sauver
des hommes de l’OAS qui étaient poursuivis par la cour intérieure.


Les
gens n’avaient plus rien à manger et c’est là, je suppose que Monsieur
Nadal, le boulanger en accord avec ma grand-mère a décidé de ravitailler
le quartier. Nous avons donc rempli les paniers et les pains passaient
par les balcons.


Je me souviens du jour où ils ont emmené les hommes de Bab el Oued. Mon oncle a été raflé comme les autres et il a été absent, je crois, durant
trois semaines. Lorsqu’il est rentré il avait énormément maigri mais n’a
jamais dit où il avait été ni ce qui lui était arrivé
.


Les conséquences de la guerre d’Algérie c’est que je tremble, j’ai peur du
silence, du noir. Dès que la nuit tombe, je m’enferme chez moi à double
tour, je ne tourne jamais le dos et au moindre bruit je sursaute. En
arrivant en France, ma grande sœur est venue vivre avec ma grand-mère
mais ma petite sœur et moi, comme nous étions de religion juive, nous
avons vécu dans un foyer juif qui s’appelait OSE. D’ailleurs Elie Wiesel
y est allé aussi.


Montémoignage peut vous paraître embrouillé mais j’étais jeune et déjà
très traumatisée par la guerre car j’ai manqué perdre la vie plusieurs
fois.


La première fois, alors que nous sortions de l’école, il a fallu se mettre à plat ventre car ça mitraillait partout. J’étais à l’école Franklin à l’époque, donc c’est après 1960. La deuxième fois, j’allais fermer les volets quand une stroungas,qui était sous une voiture, a explosé. Je me suis évanouie et c’est ma
mémé qui est venue me tirer et qui a pris tous les éclats de verre.
C’est ma mémé qui m’a dit qu’il y a eu une troisième fois, mais je ne m’en rappelle plus. Et puis je me souviens de la "nuit bleue" à Bab El Oued, c’était le 5 mars 1962. Il y a eu 130 bombes au plastic.
Et puis cela m’a poursuivi à Paris. J’étais chaque fois sur les trajets
des bombes mais je pense que là-haut il y a toujours eu quelqu’un pour
veiller sur moi.


J’habite à Toulon à présent et j’essaie d’être de tous les combats, Dieu, merci, je suis toujours en vie.

Josette AMIECH
Toulon


Le bouclage de Bab el Oued Libert%2056
Sur la photo ci-dessus Josette AMIECH tient l'ardoise.



Ci-dessous : Paris Match n°677 du 31 mars 1962 page 47

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