La religion se fait une place toujours plus grande dans le Petit Larousse, la «bible laïque»
Une nouvelle édition.
«Le Petit Larousse est apparu en 1905, l’année de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat», note Jacques Florent, directeur éditorial du fameux dictionnaire. L’ouvrage est fidèle à l’esprit du fondateur de la maison, Pierre Larousse, un instituteur de souche protestante. A l’époque, le livre est offert comme prix d’excellence aux bons élèves et entre ainsi dans
les foyers. Il est déposé à côté de la Bible et du missel et sera parfois désigné comme la «bible laïque». Aujourd’hui, la France reste fière de sa laïcité, mais la bible laïque version 2012 ne boude pas les religions. Elle donne même des conseils en la matière: «… cette doctrine est diffusée par une organisation à caractère sectaire», lit-on dans l’article sur la scientologie.
«Le Petit Larousse en dit autant sur le monde qu’il décrit que sur la société qui fait cette description», reconnaît Jacques Florent.
Le lecteur attentif remarquera à quel point les religions enrichissent le vocabulaire du Petit Larousse. Des mots comme bar-mitsva – peut-être bientôt aussi bat-mitsva – chorba, aïd-el-fitr, font partie des 62 000 noms communs du dictionnaire. «Dès le départ, les religions ont été abordées comme un élément culturel important, qui fait partie de l’intériorité des individus, observe Jacques Florent. Pour moi, le Petit Larousse est une arche de Noé. On y trouve tout ce qui fait le monde. On aime l’avoir sous la main pour répondre au déluge des questions.» Son but est largement pédagogique, «parler à des gens qui ne savent rien, leur offrir une échelle qui les conduit au sommet du savoir, leur donner la capacité de prendre leur place dans la société». Même si les religions y sont bien présentées, le Petit Larousse reste fidèle à sa laïcité d’origine.
L’entrée «dieu» y apparaît dans les noms communs, Jésus y est présenté par des éléments historiques. «Nous pourrions faire un renvoi dans les noms propres et ajouter des éléments de son enseignement», reconnaît le directeur, qui reste tout à fait zen, au sens figuré bien sûr.