Une flûte au son pur, je ne sais où, soupire.
C’est dimanche. La ville est paisible, il fait bleu ;
Et l’âme à qui l’azur semble toujours suffire
Bénit le soir tombant et la bonté de Dieu.
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Pourtant cet air qui pleure au fond du crépuscule,
Là-bas, chez des voisins, ce dimanche d’été,
Cet aveu sans espoir qu’une flûte module,
A l’entendre, mon coeur se fond de volupté.
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J’imagine une main de femme, longue et pâle,
Dont les doigts inégaux promenés sur le buis
Font tendrement canter la peine qu’il exhale.
J’imagine des yeux pensifs, au ciel enfuis ;
.
Et, songeant à ce coeur qui dit sa solitude
Sous les berceaux ombreux d’un jardin d’alentour,
Dans le mur qui se dresse entre nous, sombre et rude,
M’apparaît le destin ennemi de l’amour.
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Une flûte au son pur, Charles Guérin - Le semeur de cendres.
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