Tout le monde en parle
Le tsar de toutes les Russies à Versailles ! Le voyage de Pierre le Grand en France en mai-juin 1717 a inauguré trois siècles de relations franco-russes passionnelles, seulement entachées par deux guerres à l'initiative de Napoléon 1er et Napoléon III.
Humeur
Macron-Poutine : chapeau l'artiste !
Macron et Poutine à Versailles Le 300e anniversaire du voyage du tsar a motivé une petite exposition à Versailles et le président Macron s'est saisi de ce prétexte pour inviter son homologue russe et le sortir de son isolement diplomatique.
Joseph Savès voit dans cette invitation un coup de maître et peut-être le retour de la France dans la diplomatie de haut vol...
La Russie de retour dans le concert des nations La venue du chef d'État russe à Versailles et Paris pourrait revêtir le même caractère que celle de son lointain prédécesseur : purement anecdotique par son contenu (propos convenus, poignées de mains, bonnes manières) mais capitale par son caractère symbolique, autrement dit par le seul fait qu'elle ait eu lieu. On pense au doge de Gênes reçu par Louis XIV à Versailles. Au roi qui lui demande :
- Que trouvez-vous de plus étonnant à Versailles ?
Le doge répond :
- C'est de m'y voir !
C'est que, pour la première fois depuis trois ans, le président russe redevient un personnage fréquentable et un interlocuteur fiable
Le pied de nez d'un présumé « débutant » L'invitation à Trianon est un magnifique pied de nez de Macron à l'adresse de ses homologues européens et en premier lieu de la chancelière allemande, qui s'était habituée à jouer en Europe les primus inter pares (« premier parmi ses pairs »).
Les deux précédents présidents (Sarkozy et Hollande) s'étaient accoutumés à ne plus bouger le petit doigt sans en aviser la chancelière. Le déplacement de Macron à Berlin a pu laisser croire que celui-ci suivrait la même « politique », si tant est que l'on puisse qualifier ainsi une relation vassal-suzerain.
Il est vraisemblable que ce déplacement à Berlin n'a été qu'un trompe-l’œil en prélude à une diplomatie de nouveau axée sur les intérêts supérieurs de la France. C'est ce qu'on appelle le pragmatisme (Realpolitik en allemand).
L'avenir nous dira ce qu'il en est. Parions que le nouveau président de la République jouera loyalement la carte européenne sans céder pour autant aux exigences de Bruxelles, Francfort et Berlin. Parions qu'il ne se couchera pas comme avant lui le sémillant Tsipras. Parions enfin qu'il obtiendra de ses partenaires des avancées conformes aux intérêts de tous, et s'il n'y parvient pas, qu'il vire alors de cap comme de Gaulle en 1960 à propos de l'Algérie et Mitterrand en 1983 à propos du socialisme.
Et s'il faut encore faire un pari, parions que l'un des prochains invités à Versailles, ou en quelque autre lieu prestigieux de notre beau pays, sera le président iranien Hassan Rohani, manière d'en finir avec la litanie des rendez-vous manqués Iran-Occident !
Joseph Savès-source:Hérodote