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Elle reviendra l'époque des châteaux de sable
pour ressusciter la jeunesse de nos mémoires
et déposer sur les accotements du coeur
un goût d'embruns________respiré.
Elle reviendra renflouer la barque des rêves
ouvrir au ciel les cités englouties
redonner un nom aux silences
qui s'élèveront hors des murs mûrs
exprimant toutes leurs notes__justes
Ainsi glisseront les sons
le long des fibres capillaires
de nos affinités vernaculaires
enliessant nos pas à la danse
amoureuse de la mer
et de la nudité des grèves
Oh, embrasser la rondeur musicale du vent
et vivre des décibels de blancheur déferlante !
Sauvage, le vent aura tout balayé
défiguré les affiches
redessiné des sourires
aujourd'hui impensables
Le jour tient comme un pop-up
replié dans un coquillage
qui n'offre que sa nacre peinte
aux couleurs du paysage habituel
- un décor en réduction -
Le vent et la mer sont devenus factices
sur la plage, rien ne vient effacer les empreintes
et le poète tendu dans l'écoute
ne ramène de ses promenades
que des morceaux de mer à emporter
....
Stérile semble la quête
et l'on surveille l'heure de loin
jusqu'à ce que reviennent les châteaux de sable
et que les coquillages libèrent enfin leurs perles.
C.P.
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(mon dernier poème, je reviens parfois, en poésie, sur les constructions de sable... je vous mets, en-dessous, un texte ancien)
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Installation éphémère
Ils avaient construit un bateau de sable…
Ils avaient essayé d’occuper le temps en attendant la marée. La mer n'allait pas tarder à envahir leur plage et quand les flots arriveraient ils n’auraient pas les pieds dans l’eau, ils ne seraient pas obligés de nager…ils rameraient…à deux, ce serait facile.
Les vagues ils les attendaient avec impatience, de sable ferme, bien tassé autour d’eux ; ils étaient prêts.
Au loin la mer semblait plus impétueuse que jamais, la nécessité de voguer plus impérieuse aussi… Les deux navigateurs s’emparèrent alors de leur bateau ; ils partirent à l’assaut de l’océan.
Deux baigneurs dans une même bouée !
C’est alors que la construction leur glissa des mains ; une multitude de grains en un lent écoulement le long de leurs doigts resserrés rejoignit l’étendue sablonneuse…inexorablement.
Voilà les marins debout, consternés au milieu d’un tas de sable, regardant à leurs pieds leur rêve anéanti qu’ils n’osaient piétiner.
Ils tournèrent le dos à la mer et vers la terre et ses gratte-ciels emportèrent leurs illusions ; à deux ça pourrait être facile !
C.P.
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