«Das Kochbuch» de la pensée politique française...par XAVIER ALONSO
***La rentrée politique 2016 ressemble à une rentrée littéraire. Des livres, des livres… Evidemment il y a celui de Nicolas Sarkozy: Tout pour la France! Le deuxième en huit mois, quel talent! Cette fois on espère que Carla Bruni a compris qu’elle «vivait avec un écrivain», comme elle l’avait déclaré, faussement ingénue, ce printemps. Reste que son principal rival, Alain Juppé, fait mieux que lui en névropathe de l’écriture. Le maire de Bordeaux s’apprête à publier son quatrième livre en une année.
Ces livres s’ajoutent encore à ceux de Nathalie Kosciusko-Morizet, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé, de Christiane Taubira ou encore de Jean-Luc Mélenchon. Empilés dans un coin de mon bureau, ces ouvrages constituent une colonne Vendôme de l’autopromotion politique. En plus disgracieux car les auteurs ne se sont pas entendus sur les formats.
A contempler cette érection de pensées politiques, on mesure la difficulté d’arriver à l’Elysée pour ceux qui se rêvent hommes d’Etat. Il faut non seulement briller à la télévision mais encore avoir une plume agile – ou un nègre littéraire rompu aux aphorismes du marketing politique. Quand il s’agit de synthétiser le meilleur de la France de toujours avec l’excellence de la France de demain. Qui est contre? On sourit en pensant à la Berne fédérale où les mœurs politiques ne se prêtent guère à ce genre de confessions.
En cherchant bien, on se souvient de Grissini und Alpenbitter de Ruth Metzler et plus récemment de La Suisse que je souhaite de Micheline Calmy-Rey. Tous deux sont des livres a posteriori dont l’ambition est de partager une expérience avec son lot d’anecdotes signifiantes. Un peu comme Das Bundeshaus kocht, un livre de cuisine dans lequel nos ministres livraient leurs recettes de cuisine. L’ouvrage n’existe qu’en allemand. C’est dommage, aucun politicien français ne le lira jamais et il est parfaitement inintéressant!
Le plus fort en littérature politique reste François Hollande. Il ne prend plus la peine d’écrire des livres, il les fait écrire par des journalistes. Conversations privées avec le président est le fruit de trente-deux entretiens avec deux journalistes. Un président ne devrait pas dire ça sera en librairies dans deux semaines. François Hollande s’est livré lors de soixante entretiens avec deux journalistes du Monde. On a parcouru le premier. Du second ouvrage, on a lu les extraits publiés dans le grand quotidien. Nous expliquer comment le président fait sa popote décisionnelle ne nous apprend pas grand-chose sur sa situation actuelle. Car dans le journalisme de confidences, c’est toujours la source – François Hollande – qui est le chef de cuisine, quelle que soit l’ambition du livre. Das Kochbuch en allemand. (TDG)***