***Mais garde-toi et garde bien ton âme, de peur que tu oublies les choses que tes yeux ont vues et de peur qu'elles ne sortent de ton cœur aucun des jours de ta vie; tu les feras connaître à tes enfants et aux enfants de tes enfants***
Deutéronome Ch.4-Verset 9
"Oran!...."
Du Marquis de Santa-Cruz à la vue de ton abrupte baie
Et ce fut une prière : Celle de ta VIERGE dressée
Par une guirlande fidèle, Dévote, rassemblant
Les flancs de ta montagne
Face au vent du Nord, qui détrempe la Sainte
De nuages de larmes que ramène la nuit,
Tu mêles la mémoire et les songes
Tu crois en une france, grande, qui ne sut te rêver
Ni te dire, enfin, si ton père fut ce Maure
Cet inquiet Levantin, ou ce héros d'Alsace
Tant d'hommes sont venus
Sur le flux de l'Histoire, portés sur tes rivages
Libres de leur misère et fuyant le passé
Leurs familles ont semé pour tisser leurs coutumes
Une langue nouvelle,
que de croix ont plantés, les journaliers rompus de Soleil
Pour qu'enfin le désert put se faire verger !
Et que d'enfants perdus, drapés dans la bannière, plutôt
que regretter leurs espoirs entêtés !
Tu connais ce tonnerre
Que gardent tes entrailles et qui sut mettre en fuite
Jusqu'aux plus valeureux.
Tu ne crains ni la mer brave, ni les soleils brulants que tu
offres assagis
Aux enfants des rivages, qui dressent sur tes plages
Mille chateaux d'espoirs fous
Mais un homme est venu, aux desseins malhonnêtes
Ajoutant à la guerre, une haine de plus
Et, à la VIERGE, là-haut encore plus de blessures
Alors les patios se sont tus où bruissaient les guitares
Tes places se sont fanées,
Où pleuraient les fontaines des rendez-vous manqués
Puis ton histoire niée d'Amours et de Labeurs
Sur les quais de douleurs, sonnent alors déchirantes
Les sirènes du départ : les vivants vers leur sort incertain
Les morts, vers le sûr infini
Tu es ce que nous fûmes, et ton coeur bat en nous
Malgré l'oubli de tous, PRIE TOUJOURS POUR LES TIENS!
ORAN - ORAN NOTRE VILLE SACREE
CARLOS GALIANA RAMOS *
*Traduit de l'original en espagnol "iOran", inclus dans le livre "Espanoles en Argelia"
Memoria de una Emigracion , de Juan Ramon Roca, par Marie-Hélène Carbonel