Chers Briard et Brigitte...avec une pensée toute particulière pour votre amie Françoise!
POEMES QUI M'ONT PLU...LORS DE CET EVENEMENT...
"Le timbre" de Philippe Lefebvre
Je suis dans tous les coins du Monde
Le messager multicolore
Je griffonne la Mappemonde
Et je dépose des lettres d’or.
Je sillonne les fleuves intimes
Je m’imprègne des regards
La flamme qui, soudain s’anime
Et dans vos yeux enfin, s’égare.
Je sens vos mains me caresser
Je reçoit le souffle d’Eole
Et je ne veux pas vous froisser
Alors, dans mon coin je somnole.
Je suis le ralliement des êtres
J’ai le goût de leur salive
Quand l’on m’appose sur la lettre
Je me sens comme, un bateau ivre.
Je suis de toute les couleurs
Je ne connais pas les frontières
Pour vous, je me ferai passeur
J’affranchirai la terre entière.
Facteur à Salles-Cuvran (Aveyron), Philippe Lefebvre est lauréat du concours "Mon facteur est un poète" initié par la Direction du Courrier de La Poste auprès des 100 000 facteurs.
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Michel Thion
poème
Il n’est pas temps.
Il n’est pas temps d’abandonner l’avenir au passé, de s’arrêter au bord du chemin.
Il n’est pas temps de mordre les pianos ni d’installer des aquariums au creux des falaises.
Regarder en riant de l’autre côté des miroirs comme des enfants joueurs, il le faut, car il est venu ce temps-là. Il est venu en silence.
Ramper, c’est fini. Nous l’avons assez fait. Trop.
Il n’est plus temps de se bander les yeux pour ne pas voir l’obscurité.
Elle est là.
C’est le temps sombre.
Alors nous disons qu’il est temps de lumière.
Reconnaître la mort tapie dans les anfractuosités de la vie, lui dire qu’il n’est pas temps de lui ouvrir la porte, qu’elle aille visiter le pays des éléphants siffleurs.
Il n’est pas temps de se dandiner dans les flaques de la résignation.
C’est bon pour les pulvérisateurs de tristesse. Ceux qui se croient.
Il n’est plus temps de misère solitude.
Il est temps de s’envoler ensemble.
De s’asseoir en riant dans un fauteuil de nuages.
Il est temps de boire l’eau fraîche qui coule de la conversation des égaux.
De pleuvoir sur l’été d’une pluie douce et chaude.
De faire bien commun de tout ce qui a dignité.
Joyeusement, faisons-le.
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Guy Goffette
poème
Couvée pascale
A l’aube quand vibrait encore
la gloire du monde, nous descendions
l’échelle des rêves pour chercher
dans l’herbe du jardin
l’œuf bleu des promesses, et dans le ciel
un reste du vertige qui nous tirait
des cris, mais tout retombait vite
et l’horizon reprenait
son vrai visage : enclos, barrière, octroi.
Nous rentrions couver notre butin
les yeux dans l’ombre comme si
une aile ou un ange
allait soudain venir briser la coque.
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Albane Gellé
Extrait
"les ficelles emmêlelées avec des noeuds
dans la tête ça ne la gêne pas l'écriture
c'est pas qu'elle démêle elle démêle rien
elle dit rien elle se laisse faire je me
débrouille avec elle il y a pourtant de l'air
autour mais chaque fois que je me mets
à écrire c'est comme si j'en avais manqué
pendant des siècles je respire j'écris
comme si je me remettais à marcher
après un accident une maladie ça peut
arrriver plusieurs fois par jour un accident
une maladie c'est pas rien mais c'est pas
exceptionnel je n'écris rien d'exceptionnel
les choses viennent et des mots se collent
dessus dedans je m'en occupe je les
accompagne un bout le désordre ne devient
pas de l'ordre je ne range pas vraiment dans
la langue j'essaie de trouver juste assez de
lumière pour y voir clair quand ça arrive
personne n'est là pour m'entendre de toute
façon je ne dis rien"
extrait de L'air libre,Dé Bleu, p.28
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