« Sur différents points de l’Afrique, de l’Asie, de l’Océanie, les messagers de l’Évangile rencontrent l’islam ;
beaucoup plus armé de science et de subtilité,
beaucoup plus théologique
qu’ils ne le croient pour la plupart »
Jésus-Christ d’après Mahomet ou les notions et les doctrines musulmanes sur le christianisme d'Édouard Sayous, éditions de L’Æncre
(propos sélectionnés par Fabrice Dutilleul)
Quel but a poursuivi l’auteur de ce livre ?Il est d’un haut intérêt pour l’histoire de l’Église, et même pour l’histoire religieuse de l’humanité, de savoir quelle idée le dernier venu des fondateurs de religion se faisait de la grande religion qui était apparue six siècles avant lui dans le monde, quelle idée se faisait Mahomet du Christianisme et de Jésus-Christ.
Ses confusions et ses erreurs comme ses affirmations sont à la fois le résultat et le document du long travail obscur des sectes chrétiennes orientales en dehors même des frontières officielles du monde chrétien.
En même temps, l’adaptation assez systématique, malgré de nombreuses hésitations et contradictions de détail, de ces notions chrétiennes aux besoins et à la politique d’une religion nouvelle, présente un phénomène curieux pour l’histoire comparée des religions et pour l’étude psychologique du sentiment religieux et de la sincérité religieuse.
Quel crédit apporter à la sincérité de Mahomet ?Nous ne croyons pas que la sincérité de Mahomet, violemment attaquée par le Moyen Âge chrétien et par le XIIe siècle, découverte avec joie par le XIIIe siècle à son aurore et habituellement soutenue depuis, vivement suspectée de nouveau par les auteurs les plus récents et les plus compétents, nous ne croyons pas, disons-nous, que la sincérité de Mahomet sorte intacte de certaines parties de cette étude.
Que peut-on savoir des rapports de Mahomet avec le christianisme ?Ils n’intéressent pas seulement, à un point de vue purement théorique, l’historien de l’Église, l’historien des religions et de la philosophie ; ils intéressent tous les chrétiens qui sont appelés à soutenir, dans la vie pratique, des relations avec les musulmans, en particulier les missionnaires. Sur différents points de l’Afrique, de l’Asie, de l’Océanie, les messagers de l’Évangile rencontrent l’islam ; beaucoup plus armé de science et de subtilité, beaucoup plus théologique qu’ils ne le croient pour la plupart.
Quel est l’originalité du livre d’Édouard Sayous ?Il n’est pas une comparaison générale et complète des deux religions, concerne seulement ce que Mahomet a connu, adopté, rejeté de la christologie de l’Église et pourra, précisément sur ce point, les préserver de certaines maladresses de début, plus dangereuses avec les Musulmans qu’avec les sectateurs d’aucune autre croyance.
Jésus-Christ d’après Mahomet ou les notions et les doctrines musulmanes sur le christianisme, Édouard Sayous, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des religions », dirigée par Philippe Randa, 100 pages, 18 euros"sw