Jean-Pierre Brun Le “devoir de mémoire”, il a déjà donné…‏

Entretien avec Jean-Pierre Brun, co-auteur de Témoignages pour un engagement. OAS Métropole – 1961-1962, présenté par Philippe Trogan (éditions Dualpha) (propos recueillis par Fabrice Dutilleul).





Que ce soit par votre témoignage dans OAS, Témoignages pour un engagement ou encore vos autre livres consacrés à la défense de la mémoire de l’Algérie française, vous vous attachez visiblement à restituer davantage l’ambiance caractéristique des dernières années de l’Algérie française, plutôt que les faits eux-mêmes…

Sans-grade jeté dans cette ultime tourmente, j’ai vécu par le petit bout de la lorgnette un certain nombre d’événements dont je ne mesurais pas toujours la portée. Je me devais alors d’apporter un témoignage, fût-il modeste. J’ai résolument pris le parti de rendre le plus sincèrement possible ce que j’avais cru voir et comprendre des faits, mais aussi des hommes.



Vous avez été condamné à vingt ans en prison pour votre engagement dans l’OAS…

Cette expérience m’a permis de rencontrer des hommes extraordinaires ou très ordinaires, de toutes origines, de toute condition, de toute religion, dont le seul dénominateur commun était l’Algérie française. Ils avaient leurs qualités, mais aussi leurs défauts.

J’ai déjà dénoncé le devoir de mémoire imposé à travers un prisme déformant et qu’on a substitué à un devoir de vérité autrement plus reconstituant pour une France anémiée, sinon « subclaquante ». Les années passant et avec elles beaucoup trop de mes aînés, je me suis donc employé, pour les honorer, à exhumer et à replacer dans leur contexte les tribulations que nous avions vécues ensemble.



Pour ce faire, vous avez choisi une forme beaucoup plus picaresque qu’héroïque…

Dois-je le préciser, elle correspond davantage à ce que, personnellement, j’ai alors ressenti, avec l’enthousiasme et l’insouciance de mes vingt ans. Dans Chroniques de l’Algérie française, je me suis donc efforcé de planter des décors authentiques dans lesquels j’ai replacé des hommes que j’ai connus traversant des événements réels, quand bien même s’inscrivent-ils dans une démarche rédactionnelle qui n’exclut pas une fantaisie certaine. Mais cela ne relève-t-il pas d’une pédagogie à laquelle les jeunes classes, auxquelles je m’adresse en priorité, sont davantage sensibles ?



Témoignages pour un engagement. OAS Métropole – 1961-1962 est un recueil des témoignages de sept Français…

Oui, tous, nous avons participé aux derniers combats pour l’Algérie française : Christian Alba, Henri d’Armagnac, Jean-Pierre Brun, Jean Caunes, Nicolas Kayanakis, Jeanne Lacoste, Philippe Trogan. Nous avions, en 1961, de dix-huit à trente ans, étions officiers d’active ou de réserve, étudiants ou lycéens. Que nous ayons été français de Métropole, ou d’Algérie ou encore de Tunisie, nous avons tous participé aux combats dans « l’Organisation Armée Secrète Métropole »





Témoignages pour un engagement. OAS Métropole – 1961-1962, présenté par Philippe Trogan, 202 pages, 21 euros, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa.