L'EXTASE D'UN BAISER
François Tristan L'HERMITE
Recueil : "Les vers héroïques"
Au point que j’expirais, tu m’as rendu le jour
Baiser, dont jusqu’au coeur le sentiment me touche,
Enfant délicieux de la plus belle bouche
Qui jamais prononça les Oracles d’Amour.
Mais tout mon sang s’altère, une brûlante fièvre
Me ravit la couleur et m’ôte la raison ;
Cieux ! j’ai pris à la fois sur cette belle lèvre
D’un céleste Nectar et d’un mortel poison.
Ah ! mon Ame s’envole en ce transport de joie !
Ce gage de salut, dans la tombe m’envoie ;
C’est fait ! je n’en puis plus, Élise je me meurs.
Ce baiser est un sceau par qui ma vie est close :
Et comme on peut trouver un serpent sous des fleurs,
J’ai rencontré ma mort sur un bouton de rose.
François Tristan L'HERMITE
François L’Hermite, sieur du Soliers, dit Tristan L’Hermite, né à Janaillat (Creuse) au château de Soliers, dans la Marche, 1601 et mort à Paris le 7 septembre 1655, est un poète et dramaturge français.
Auteur dramatique fort applaudi en son temps, et dont la première pièce, la fameuse tragédie de Mariane (printemps 1636), surpassa le succès de « Médée » et contrebalança celui du « Cid » (décembre 1636). Le comédien Montdory, l’interprète de Corneille, mit en scène cette pièce avec sa troupe du Théâtre du Marais à sa création.
Poète lyrique à l’inspiration bien personnelle et au souffle large et parfois superbe, polygraphe intéressant dans ses « Plaidoyers historiques » et ses « Lettres mêlées », conteur à la fois aimable et amusant dans sa curieuse autobiographie du « Page disgracié » (1643), si instructive, en outre, sous le rapport des événements comme des mœurs de la période qu’elle embrasse, Tristan L’Hermite a emprunté son prénom à un de ses ancêtres, grand prévôt de France sous Louis XI.